Côte d’Ivoire

Sénatoriales – Les leçons d’une élection

Mis à jour le 26 juin 2018
Publié le 26/03/2018 à 8:01
Ce score était prévisible… c’est la marque du manque de confiance entre les alliés du RHDP. Les résultats des sénatoriales de ce samedi 24 mars s’interprètent diversement. Selon des observateurs, beaucoup de leçons sont à tirer de ce scrutin, premier du genre dans le pays, et qui s’est tenu sans la participation de l’opposition.  
 
Ce samedi 24 mars, les élections sénatoriales dans le pays ont abouti à un résultat de 50 sièges pour le RHDP, la coalition au pouvoir contre 16 pour les indépendants sur les 66 en jeu. Ce score quoi que large, reste tout de même mitigé.
 
« Ces résultats reflètent dans l’ensemble le manque de confiance entre les deux grands alliés du RHDP. La percée des indépendants au détriment des candidats du RHDP traduit un climat malsain mal voilé entre les alliés », commente pour Poleafrique.info, Marcel Angahi Roland, un jeune militant du PDCI de Duékoué.
 
Les sénatoriales sont une élection à suffrage indirect. Le collège électoral était composé de députés, de maires, de présidents de conseil régional, de conseillers régionaux et municipaux ainsi que de conseillers de district. Ce sont des entités dont les partis membres du RHDP détiennent le plus grand nombre au regard des élus. Un constat qui laissait croire que la coalition au pouvoir raflerait tous les sièges dans ce scrutin. En l’absence de l’opposition politique qui a opté pour le boycott, ce sont des listes indépendantes qui ont bousculé des candidats RHDP. Et ont obtenu 16 sièges souvent dans les zones jusque-là acquises au RHDP. La coalition au pouvoir est ainsi tombée dans les régions de Gbêkê au centre-nord du pays, le Guémon dans l’ouest, les Grands Ponts dans le sud, le district de Yamoussoukro, le Bounkani et le Béré.
 
Pour Geoffroy-Julien Kouao juriste écrivain et analyste politique, cette percée des indépendants met en exergue les dissensions internes au RHDP. « Huit listes indépendantes élues, c’est symptomatique des divisions actuelles au RHDP et vous faites bien de mentionner le cas du Béré, de Gbêké et de Yamoussoukro », analyse le politologue joint par Poleafrique.info. Pis, selon lui, les problèmes internes dans la coalition au pouvoir pourraient s’accentuer en cas de participation de l’opposition aux élections locales à venir. « Autre leçon, une participation de l’opposition aux municipales et régionales à venir pourrait contribuer à fissurer davantage le mur RHDP », soutient Geoffroy-Julien Kouao.
 
Dr Eddie Guipié est Enseignant-chercheur en sciences politiques à l’Université Péléforo Gon Coulibaky de Korhogo dans le nord de la Côte d’Ivoire. Il ne dit pas autre chose. Pour l’universitaire qui soutient que ce scrutin était sans enjeu, un retour dans les partis d’origine des indépendants élus ne serait pas surprenant. « Ne les connaissant pas personnellement, il faut retenir que déjà il y a eu cet aspect auquel on a été habitué. A savoir que les indépendants viennent de la coalition au pouvoir. Et comme on a vu lors des législatives, lorsque ces personnes sont élues elles ne manquent de rallier rapidement leur parti d’origine. Et il y a de forte chance que ce scénario se reproduise à nouveau en tout cas pour ceux issus du RHDP. Sinon dans le fond, ce sont les élections qui n’ont concerné que le RHDP avec quelques indépendants », commente pour Poleafrique.info Dr Eddie Guipié
 
Les sénatoriales sont un scrutin nouveau dans la sphère politique ivoirienne. Introduite par la Constitution d’octobre 2016, cette élection se tient au 2/3 dans 33 circonscriptions dont les 31 régions du pays et les deux districts autonomes. Et le 1/3 à nommer par le chef de l’Etat.
 
Richard Yasseu
Soure : rédaction Poleafrique.info 
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