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RDC, le chef de guerre « koko di koko » condamné à perpétuité pour crimes contre l’humanité

Mis à jour le 20 novembre 2019
Publié le 20/11/2019 à 5:21 , , , ,

Le milicien Fréderic Masudi Alimasi a été reconnu coupable de nombreux viols et meurtres, commis dans l’Est de la République démocratique du Congo, au terme d’un procès qui comptait parmi les parties civiles la Fondation Panzi du Docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018. La perpétuité a été requise contre Koko Di Koko pour « crimes contre l’humanité par viol, empoisonnement, torture, meurtre, esclavage sexuel et disparition forcée », commis en 2018 par sa milice, les Raïa Mutomboki.

Il s’agit d’une nouvelle victoire contre l’impunité. Dans son verdict rendu mardi 19 novembre, le tribunal militaire de garnison de Bukavu a condamné le chef de guerre, Koko Di Koko, à la perpétuité pour d’affreux viols et meurtres perpétrés dans l’Est de la RDC en 2018. Le chef de la milice Raïa Mutomboki ou « Mai Mai » avait été arrêté en avril 2019 avec quatre de ses coaccusés. Depuis lors, les audiences avaient commencé à Bukavu avant de se poursuivre sur le terrain à Shabunda et à Mwenga, provinces du Sud-Kivu.

Le procès s’est ouvert le 12 septembre 2019, moins de deux ans après les faits, un délai extrêmement rapide dans une région où de nombreuses ONG locales et étrangères, luttent contre l’impunité des chefs de guerre.

Ancien élément de la Police nationale congolaise (PNC), Masudi Alimasi était à la tête de dizaines de milices armées qui terrorisent les civils dans les deux Kivus depuis 25 ans. Il s’agit en l’occurrence des Raia Mutomboki, à l’origine un groupe d’auto-défense contre les Hutu rwandais des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda FDLR.

Dans la nuit du 8 au 9 février 2018, Masudi Alimasi et ses miliciens ont fait une incursion dans le village de Kabikokole, situé dans la province du Sud-Kivu. Ils ont « pris en otage plus d’une centaine de femmes (…) pour les violer l’une après l’autre », a affirmé la Fondation Panzi du docteur Mukwege. Le prévenu et ses hommes, parfois en coalition avec d’autres factions des Raia Mutomboki, ont persécuté la population dans plus de quinze villages sur les territoires de Mwenga et de Shabunda.  Ils ont été accusés de privation de liberté, pillage et destruction des propriétés et ont également fait des centaines de victimes de viol, esclavage sexuel, torture et meurtre. Ces crimes ont été d’une telle ampleur qu’ils ont causé des centaines de victimes. 300 d’entre elles ont participé au procès, dont la grande majorité pour violence sexuelle.

Parmi les quatre coaccusés de Koko Di Koko, deux prévenus ont été condamnés : Clovis Mwilo Katindi a écopé de 15 ans de servitude pénale, tandis que Raphaël Samitamba Mekese s’est vu infliger une peine plus lourde de 20 ans. Les deux autres prévenus, Nonda Shabani Muganza et Justin MukuluKilwa Mubake ont été acquittés par le ministère public lui-même, ayant instruit à décharge, pour absence de preuves. L’État congolais est également incriminé « pour avoir failli à son devoir régalien de protéger et sécuriser la population et ses biens », a écrit la Fondation Panzi. Il devra indemniser les 307 victimes de la barbarie des Raia Motomboki.

Les avocats des parties civiles se félicitent car il s’agit d’une première depuis que les procès pour crimes internationaux ont débuté au Sud-Kivu. « C’est une satisfaction. Vraiment une satisfaction pleine au nom des victimes surtout parce que ce sont elles qui ont été touchées dans leur chair et qui, en principe, ont vu leurs bourreaux condamnés. Ça c’est d’une part. Et d’autre part, c’est parce qu’on a reconnu la responsabilité de l’Etat congolais qui a failli à sa mission de protection. Nous saluons l’accompagnement des organisations comme la Fondation Panzi, Trial International, le BCNUDH la Task Force et RCN Justice et Démocratie parce que sans elles, nous ne pourrions pas arriver à obtenir ces résultats » s’est réjouit Me Charles Cicura, à la suite du verdict rendu par le tribunal militaire de Bukavu.

Manuela POKOSSY-COULIBALY

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