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Qui est Sidi Ould Tah, le nouveau président de la Banque africaine de développement ?

Mis à jour le 30 mai 2025
Publié le 30/05/2025 à 1:36 , , , , ,
Le 29 mai 2025, Sidi Ould Tah a été élu dès le premier tour avec une large majorité de 76,18 % des voix, devenant ainsi le 10ᵉ président de la Banque africaine de développement (BAD). 

Cet économiste mauritanien succède au Nigérian Akinwumi Adesina pour un mandat de cinq ans.

Derrière cette victoire éclatante se dessine un parcours d’excellence, marqué par la rigueur, l’action concrète et une vision panafricaine forte.

Qui est le nouveau président de la Banque ?

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Un parcours façonné entre terrain et institutions

Né en 1964 à Mederdra, dans le sud-est de la Mauritanie, Sidi Ould Tah grandit dans une famille d’enseignants, imprégnée de sciences traditionnelles et de culture.

Après ses premières études à l’université de Nouakchott, le nouvel administrateur de l’institution africaine poursuit en France, où il obtient un DEA en économie à Paris VII, suivi d’un doctorat à l’université de Nice Sophia Antipolis.

Soucieux de renforcer son expertise, il complète sa formation par des programmes exécutifs à Harvard, à la London Business School et au Swiss Finance Institute.

Polyglotte, Sidi Ould Tah maîtrise l’arabe, le français et l’anglais, tout en possédant des notions de portugais et d’espagnol, un atout majeur pour évoluer dans les sphères diplomatiques et financières internationales.

Une carrière au service du développement africain

Sidi Ould Tah commence sa carrière en Mauritanie, à la Banque mauritanienne pour le développement et le commerce, puis occupe des postes stratégiques à la municipalité et au Port autonome de Nouakchott.

En 1996, il rejoint l’Autorité arabe pour l’investissement et le développement agricole à Khartoum, avant d’intégrer la Banque islamique de développement (BID) en Arabie saoudite, où il affine ses compétences en financement structuré et en diplomatie économique.

De retour en Mauritanie en 2006, le sexagénaire devient conseiller à la présidence, puis ministre de l’Économie et des Finances en 2008.

À ce poste, il pilote d’importantes réformes, notamment le troisième plan d’action du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (2011-2015), avec pour objectifs la maîtrise de l’inflation, la croissance économique durable et l’accroissement des réserves de change.

En 2015, il prend la présidence de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), qu’il transforme profondément : le capital passe de 4,2 à 20 milliards de dollars en 2022, un eurobond de 500 millions d’euros est émis en 2024, et un plan quinquennal de près de 18,4 milliards de dollars est lancé, ciblant infrastructures, agriculture, commerce et soutien aux PME.

Un leadership humble et discret

« Sidi ne parle jamais de lui », confie Serge Ekué, président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD).

Cette discrétion, profondément ancrée, remonte à son enfance passée dans la région de Trarza, à la frontière sénégalaise. Aîné d’une fratrie de cinq, il est issu d’une lignée d’intellectuels.

Le Dr Mohamed Lemine Raghani, ancien ministre mauritanien de la Santé, souligne : « Sidi Ould Tah est le digne héritier d’une famille d’érudits qui a su tisser un réseau relationnel et des valeurs communes au-delà des frontières ».

Son grand-père maternel, Mohamed Salem Ould Mkhaïrat, proche du premier président mauritanien Moktar Ould Daddah, fut un bâtisseur de la Mauritanie moderne et l’un des représentants mauritaniens lors de la création de la BAD en 1963 à Khartoum.

Ainsi, l’histoire familiale semble s’écrire en boucle : un demi-siècle plus tard, Sidi Ould Tah prend la tête de cette même institution africaine, débutant son mandat dans la ville où tout a commencé.

Un homme au service de l’Afrique

Dans une interview à Forbes, Sidi Ould Tah confie : « Dans ma culture, nous devons observer une certaine humilité ».

Derrière une apparente timidité, il y a une discipline de fer et un engagement sincère envers le développement et la justice sociale.

Il avoue s’être inspiré, dans sa jeunesse, de professeurs et hommes de savoir engagés auprès des plus démunis.

Financial Afrik rappelle que Sidi Ould Tah est « un pur produit de la technocratie mauritanienne, ayant construit une carrière entre Nouakchott et les institutions internationales ».

Son parcours, alliant formation académique pointue et expériences pratiques, lui permet de naviguer avec aisance dans les milieux diplomatiques et financiers.

À la tête de la BAD : un nouveau chapitre pour l’Afrique

Son élection intervient à un moment crucial. Le continent fait face à de nombreux défis économiques : dette publique croissante, urgence climatique, déficit d’infrastructures, et besoins pressants de financement pour le développement durable.

Eirena Etté

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