Politique

Pour l’opposition, le dialogue demandé par Ouattara n’est pas sincère

Mis à jour le 22 décembre 2020
Publié le 16/12/2020 à 12:00

« Il faut associer toutes les forces vives du pays » où encore,  » les problèmes de la Côte d’Ivoire vont au-delà des politiques et du Premier ministre ». De l’appel à la reprise du dialogue entre le Premier ministre et les partis politiques, les appréciations sont diverses au niveau de l’opposition ivoirienne.

L’opposition ivoirienne n’espère pas grand-chose du dialogue politique tel qu’ évoqué par Alassane Ouattara. Quelques heures après l’annonce du président ivoirien enjoignant le Premier ministre de reprendre les discussions avec les partis politiques, des responsables de l’opposition ont fait connaître leur regard sur l’offre de la présidence.

« Il est clair que le chef de l’Etat ne souhaite pas en réalité s’engager dans un processus de normalisation de la situation politique en Côte d’Ivoire », réagit à 7info.ci, Jean Bonin Kouadio le vice-président du Front populaire ivoirien (FPI). Selon le collaborateur de Pascal Affi N’guessan, « les problèmes auxquels le pays est confronté depuis une dizaine d’années transcendent les conflits politiques, ils sont structurels. Et comme tel, il faut y associer toutes les forces vivent de la nation ainsi que l’a proposé le président Bédié ».

Jean Bonin Kouadio ajoute que:  » réduire la question du retour à la normalité à un dialogue politique entre acteurs politiques et le premier ministre c’est le signe évident qu’il n’a pas compris les réels enjeux auquel le pays est confronté ».

Le lundi 14 décembre à l’occasion de son investiture après sa réélection contestée par le l’opposition, le président ivoirien Alassane Ouattara indiquait qu’il donnait des instructions au chef du gouvernement de reprendre le dialogue avec les partis politiques en vu d’une réforme de la Commission électorale indépendante (CEI) dans le cadre des élections législatives.

Pour l’Union républicaine pour la démocratie (URD), la procédure n’est pas nouvelle.  » « (…) on nous sert un service minimal. Mon parti a participé depuis 2012 à tous les dialogues organisés par le gouvernement, tous présidés par des Premiers Ministres, de M. Duncan à M. Gon Coulibaly et nous savons ce qu’il en est résulté », fait remarquer Danièle Boni Claverie la présidente de ce parti, contactée par 7info.ci.

À l’en croire, les rencontres avec les différents premiers ministres permettaient d’entretenir une certaine convivialité.  » Mais ce qui s’impose à nous aujourd’hui dans un pays fracturé, ce n’est pas de recoller les morceaux mais de traiter en profondeur tout ce qui nous divise et nous empêche de nous réconcilier. La création d’un nouveau ministère, fut il de la réconciliation – qui existait sous le Président Gbagbo – ne fera que gonfler un peu plus le nombre déjà très élevé de ministères. Je lis les réactions de nos compatriotes sur les réseaux sociaux : « avant de vouloir réconcilier les Ivoiriens, le nouveau ministre peut-il se réconcilier avec son parti? », s’interroge la présidente de l’URD.

Danièle Boni Claverie dit retenir que le Chef de l’Etat a promis de réformer la CEI avant les législatives. « Il est impératif que l’organisation de ces consultations débouche sur des décisions courageuses au risque de voir se déchirer un peu plus la cohésion nationale. Malgré l’euphorie de ceux qui se pensent vainqueurs, la stabilité du pays reste fragile et demande des soins constants.  » La patience a beaucoup plus de pouvoir que la force « , conclut-elle.

Richard Yasseu

7info.ci

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