Politique

Ouattara dribble partisans, opposants et soulève des interrogations

Mis à jour le 6 mars 2020
Publié le 06/03/2020 à 4:48 , , , , ,

La crispation était perceptible dans le pays. A sept mois de l’élection présidentielle d’octobre 2020, Alassane Ouattara a décidé de se retirer de la course. Décision saluée par plusieurs voix, d’autant qu’elle a surpris plus d’un. Seulement, on est droit de s’interroger sur la question du timing. Il avait, jusque-là, annoncé sa décision pour le mois de Juillet prochain, après la convention du PDCI-RDA, qui y désignera son candidat.

Alassane Ouattara estime qu’il est temps de passer la main à une « jeune génération », lui, mettant fin à l’ère houphouétienne, après Henri Konan Bédié, le Général Robert Guéï, Laurent Gbagbo et lui-même Alassane Ouattara. Des nombreuses interrogations que soulève sa décision, celle portant sur une tactique à la Poutine, revient. Le président russe est devenu Premier Ministre, fort, avec des pouvoirs concentrés, avant d’échanger son fauteuil avec Dimitri Medvedev et redevenir Président de la fédération de Russie.

Pour Geoffroy-Julien Kouao, analyste politique, « C’est connu et bien connu en politique, la meilleure façon de ne pas partir, c’est de partir. M. Ouattara s’inscrit-il dans cette posture?  Je ne saurai être affirmatif même si  la réforme sur le statut du vice -président de la République pourrait le laisser croire. En Russie , M. Poutine a positionné M. Medvedev à la présidence pour pouvoir revenir au pouvoir, c’est vrai, mais je pense que les contextes sont différents et l’âge du président Ouattara ne lui permet pas , contrairement à Poutine , d’avoir encore des ambitions présidentielles. Ce que je retiens du discours du 05 mars 2020, c’est la volonté d’un homme de consolider l’alternance démocratique comme valeur cardinale de l’action politique en Côte-d’Ivoire » soutient-il.

A-t-il voulu forcer la main à « ceux de sa génération » qu’il invite voir céder la place à des plus jeunes, « qui ont appris à leurs côtés », comme eux-mêmes l’ont fait avec le président Félix Houphouët-Boigny ? « La décision de M. Ouattara n’engage que lui. Les autres candidats déclarés ou potentiels ne sont pas tenus par les postures du président Ouattara. Tout dépend de la loi électorale, est-ce que les personnalités citées remplissent-elles les conditionnalités ou non? Évidemment, une autre candidature au RHDP autre que celle du Président Ouattara augmente les chances de victoire des autres candidats. Le 31 octobre 2020, nous aurons une élection ouverte et des surprises nous attendent » assure le politologue ivoirien.

Le RHDP, il est vrai, est à la croisée des chemins. Avec des militants et sympathisants un peu énervés contre une direction qui semble les oublier depuis l’accession au pouvoir (pour ceux du RDR, NDLR), la décision d’Alassane Ouattara, vient repositionner le parti dans le cœur de ceux-ci, comme un parti avec un homme de parole. Le bénéfice pourra-t-il être tiré dans les urnes ?

Alassane Ouattara, depuis la mise au frais des pro-Soro interpellés le 23 décembre 2019, suite au retour manqué du président de GPS à Abidjan, sait l’environnement politique crispé. Soul To Soul, Alain Lobognon, Mamadou Kanigui Soro, Camara Loukimane, Yao Soumaïla, Sékongo Félicien, Soumahoro Kando ont été présentés au Doyen des Juges d’Instruction du Tribunal de Première Instance d’Abidjan Plateau.

Guillaume Soro, lui, est accusé de tentative de déstabilisation des institutions de l’Etat et d’atteinte à l’autorité de l’Etat. Il est obligé de vivre en exil en France, avec des sorties médiatiques sporadiques. Des missions de bons offices ont lieu pour recoller les morceaux entre le RHDP et son ex-membre, ancien président de l’Assemblée Nationale, qualifié « d’enfant rebelle de la famille ».

Alassane Ouattara a-t-il voulu prendre de la hauteur et mieux jouer le rôle de l’arbitre face aux multiples candidatures au sein de la majorité présidentielle ? Tout porte à le croire.

Ce faisant, il réussit à casser le thermomètre qui était au niveau sociopolitique, un peu au rouge et ramener les déçus du système vers lui. Avec un tel homme, de la grandeur de Félix Houphouët-Boigny, son père spirituel et politique, dans les pas de qui il pose les siens, pour étreindre la paix, chacun voudra revenir vers le « bravetchè » (homme courageux).

Alassane Ouattara, devant le parlement ivoirien, réuni en congrès ordinaire pour la première fois, a annoncé ce jeudi 5 mars, prenant tout le monde de court, sa décision de ne pas être candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020.

Président de la coalition RHDP, au pouvoir, il entend céder la place « à une jeune génération » pour poursuivre l’œuvre de construction de la nation ivoirienne.

Adam’s Régis SOUAGA

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