Côte d’Ivoire Politique

Ouattara candidat en 2020 – Une violation de la Constitution selon l’opposition, les politologues « aucune valeur juridique »

Mis à jour le 12 février 2019
Publié le 12/02/2019 à 6:12 ,
Ce lundi 11 février le chef de l’Etat Alassane Ouattara a assuré sur les antennes de RFI que la nouvelle Constitution lui permet de briguer un autre (3ème) mandat. Le débat sur sa candidature en 2020 bat à nouveau son plein. Les réactions fusent de partout. Des observateurs aux acteurs de la politique nationale en passant par des juristes et analystes politiques, les appréciations sont multiples et diverses.
 
Ce n’est pas un sujet de polémique pour Alassane Ouattara. En 2020, sa candidature ne souffrirait d’aucune ambigüité s’il le voulait. Face au confrère de la radio RFI il a tenu à le faire savoir tout en s’appuyant sur la Constitution de la 3ème République. « C’est très clair. Je peux me représenter si je le souhaite. C’est une nouvelle Constitution qui a touché non seulement à l’exécutif, avec un poste de vice-président, qui a touché au législatif avec la création d’un Sénat, qui a touché au judiciaire, avec la création de nombreuses cours plutôt que des chambres. C’est une toute nouvelle Constitution. Et tous les avis juridiques que j’ai consultés me confirment que si je veux être candidat en 2020, je peux l’être. Et ce serait conforme à la Constitution », fait-il remarquer.
 
A moins de deux ans de l’élection présidentielle prévue dans le pays en 2020, le président ivoirien relance ainsi le débat sur sa candidature. Beaucoup décriée dans le milieu politique national, une course pour la troisième fois consécutive à la présidence ivoirienne ne fait pas l’unanimité. L’opposition politique y voit une violation de la Constitution.  
 
« Nous disons qu’il n’y a pas une nouvelle constitution mais une révision constitutionnelle. Les dispositions pertinentes sur les conditions de candidature présentent dans la Constitution révisée de 2000 demeurent et ont été reconduites. M. Ouattara ne peut donc pas briguer un autre mandat sans violer la Constitution. D’ailleurs ses propres juristes, dont notamment M. Bacongo l’ont ressassé à suffisance. Lui-même, M. Ouattara a plusieurs reprises a publiquement annoncé qu’il ne se présenterait pas en 2020. Nous n’accepterons pas cette candidature », réagi Jean Bonin Kouadio, secrétaire général adjoint du Front populaire ivoirien (FPI), joint par Poleafrique.info. Selon ce collaborateur de Pascal Affi N’Guessan, un projet de candidature pour la troisième fois du président ivoirien serait voué à l’échec. Car la population, estime-t-il, n’en sera pas favorable.
 
Alassane Ouattara est aux affaires dans le pays depuis la fin de la crise postélectorale de 2010-2011. en 2020, il aura achevé son deuxième mandat de cinq ans. Si au plan national des voix s’élèvent contre une éventuelle candidature du leader du RHDP en 2020, des voix extérieures ne sont pas en reste. Dans un entretien à la Radio de la Paix (média ivoirien), David Hale le sous-secrétaire d’Etat américain espère un respect de la volonté du président ivoirien de faire « une transition du leadership vers une nouvelle génération » comme il le recommande lui-même.
 
Les analystes politiques ne disent pas autres chose. Geoffroy-Julien Kouao est écrivain et Juriste-politiste. Selon lui, le président ivoirien en tant qu’homme politique dans ses propos, ne fait qu’entretenir le suspens. « Le Président de la République est avant tout un homme politique et ici il fait simplement  et purement de la politique. C’est un message qu’il adresse habilement à ses adversaires politiques mais aussi à son propre camp pour dire aux uns et autres que, relativement à l’élection présidentielle, tous les scénarios politiques sont  possibles d’ici le 28 octobre 2020 », analyse-t-il pour Poleafrique.info qui l’a joint.
 
Toutefois, l’écrivain juriste et politologue ivoirien fait la nuance entre les propos de politicien et la loi. « Selon notre droit positif, seul le conseil constitutionnel est compétent pour dire qui est éligible ou non au moment venu. Les déclarations du chef de l’Etat n’ont en espèce, aucune valeur juridique », précise-t-il.
 
Richard Yasseu
Source : rédaction Poleafrique.info 
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