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Mali : les groupes armés du nord se proposent de remplacer Barkhane, Une proposition réalisable ?

Mis à jour le 4 avril 2022
Publié le 22/02/2022 à 5:19 , ,
Dans les rues de Kidal avec une patrouille du MNLA.

C’est une solution de substitution. Avec le retrait officialisé de Barkhane et Takuba qui luttaient contre le terrorisme au Mali, des groupes armés du nord du pays se proposent d’assurer la même mission.



Comment combler le vide que vont laisser Barkhane et Takuba au Mali ? Les propositions ne manquent pas. La dernière vient du nord du pays. Il s’agit des groupes armés du Nord. Membres du Cadre stratégique permanent (CSP), ce sont les groupes armés signataires de l’accord de paix de 2015 avec le gouvernement.

L’on retrouve parmi eux à la fois les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) ainsi que la Plateforme des mouvements armés du Nord. Dans la lutte contre les groupes djihadistes qui endeuillent le pays, ces groupes armés se proposent d’être le bouclier de la population dans le même rôle que la force française Barkhane et la task force spéciale Takuba.
« Nous savons que ce sont des forces internationales qui n’ont pas vocation à rester éternellement chez nous, mais nous constatons quand même qu’elles vont laisser un vide sécuritaire aujourd’hui dans les zones où elles étaient installées. Maintenant nos autorités et nous-mêmes les mouvements signataires et l’ensemble des Maliens qui sommes devant un défi, celui de combler ce vide. C’est à nous maintenant de prouver à nos populations, à nos voisins, à la communauté internationale que nous sommes en mesure d’assurer la sécurité de notre pays et de nos populations », fait savoir Moussa Ag Acharatoumane, leur porte-parole, tel que rapporté par le confrère RFI.

La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) est née en 2014 alors que la guerre au Mali bat son plein. Elle est une alliance de groupes rebelles. Au nombre de ces groupes rebelles, l’on peut citer le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et une aile du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) qui sont tous des mouvements indépendantistes. La seconde coalition qui est la Plateforme est née en juin 2014 dans le même contexte que la CMA. Elle est composée du Groupe autodéfense touareg et alliés (GATIA), la Coordination des mouvements et Front patriotique de résistance (CM-FPR).

 

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Une idée qui peut s’appliquer à la situation actuelle au Mali ?

Pour Séidik Abba, un journaliste- écrivain et spécialiste des questions africaines, la proposition des groupes armés du nord ne colle pas à la situation malienne. « Cette proposition ne correspond pas à la réalité sur le terrain. Depuis l’intervention française en 2013, les groupes signataires des accords d’Alger de février 2015 n’ont pas participé véritablement à la lutte contre le terrorisme. Au contraire, comme on le sait avant 2013, certains groupes djihadistes étaient alliés avec certains mouvements signataires jusqu’à l’intervention de l’opération Serval. Et c’est après cette intervention que l’on a pu distinguer certains groupes signataires des accords d’Alger de 2015. De ce point de vue, l’offre ne correspond à aucune réalité. S’ils voulaient participer à la lutte contre le terrorisme, ils n’auraient pas attendu le départ de Barkhane et Takuba pour le faire. En outre, il est incertain que sur le terrain ils aient les moyens de faire face aux djihadistes. Par ailleurs, il faut savoir que l’une des dispositions de l’accord d’Alger est qu’il y ait des unités mixtes formées des forces armées maliennes et des ex-combattants de groupes rebelles signataires des accords. Mais cette formule n’a jamais véritablement marché. Toute chose qui démontre que cette proposition est irréalisable et n’est pas faisable donc ne sera pas efficace », analyse-t-il pour 7info.

Depuis neuf ans, Barkhane est sur le territoire malien et lutte contre les groupes djihadistes. Mais cette force s’apprête à plier bagage dans un contexte de tension entre Bamako et Paris. Des brouilles sont apparues depuis les deux coups d’État militaires successifs perpétrés au Mali.

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