Archives Libre Expression

Libre Expression / L’Appel au Fama

Mis à jour le 4 octobre 2018
Publié le 08/12/2016 à 10:55

On a rêvé qu’avec Toi, dans ce pays là-bas, on imposerait les compétences, mais on a fait le  lit de la concupiscence ; on cherchait  avec patience la pitance, on a reçu en puissance le visage de la pétance et le verbe de l’arrogance. Et voilà que la complaisance a remplacé la compétence; on a voulu avoir des hommes qu’il faut à la place qu’il faut,  on a  plutôt remplacé les Gnamakalas par les Djelis. On a rêvé l’espoir; maintenant,  on mange l’Espoir.

Ôh Fama! Ton peuple te regarde en silence; et son silence est une scie-lance, une scie-langue qui n’a plus de langue pour dire sa langue. N’entends-tu pas ses murmures? Ne vois-tu pas son visage? Seul, au fond de ta chambre, loin du bruit du Palais et des Sirènes de la République, écoute calmement les vagues  de la Méditerranée; tu entendras les soupirs et les sanglots sans espoir de ta Jeunesse dans le chavirement d’un chalutier à destination de Lampedusa.

Serions-nous complices de la  Crimmigration? Lis ces violences à répétition dans les quartiers, sur les routes et dans les gares et tu comprendras que la paix ne tient qu’à un fil. Quand on a le dos au mur on n’a plus peur que le mur s’effondre. Ôh Fama! Regarde tes propres admirateurs qui applaudissent dans la douleur et dont les chants sont devenus mélancoliques et mélodramatiques et les pas de danse cruellement ensanglantés. Regarde ce scribe qui a perdu sa plume en perdant sa voix mais qui se voit, dans la voix de sa pensée, être la voix des sans voix pour retracer la voie de leur voix. Il ne fait qu’accomplir son devoir d’éveilleur de conscience pour lequel son pays l’a si brillamment formé.

Pourtant, il t’avait prévenu des rouages de la Politique africaine et identités. Il t’avait conseillé de te méfier des Liaisons dangereuses. L’as-tu lu? As-tu suivi ses conseils? Ôh Fama! Le peuple voudrait bien encore compter sur toi. Mais il est de plus en plus hésitant. Il voudrait te renouveler encore sa confiance pour ces jours si longs mais si courts du temps de ton règne, si tu délies tes liens, si tu brises tes propres chaînes et celles de ton entourage. Si tu te libères de ta servitude volontaire, tu rentreras grandement  et majestueusement dans l’histoire! Mais si tu n’écoutes pas ta propre conscience, l’histoire se souviendra de t’oublier petitement! Deviens ce que tu es plutôt que d’être  ce que tu deviens ! Il reste le dernier saut; il te suffit ce saut, ce sursaut, ce saut d’honneur pour que ton peuple saute et sursaute pour cracher l’espoir, pour  le faire renaitre, pour re-naître. Ôh Fama! Ne laisse pas mourir l’Espoir. Quand meurt l’Espoir, meurt le peuple et quand le peuple est prêt à mourir, il ne se contrôle plus.

Prof. Samba DIAKITÉ
Docteur d’État ès Lettres, art et sciences humaines,
Docteur 3è cycle philosophie politique et sociale
Professeur Titulaire des Universités
Philosophie africaine, philosophie de la culture , de l’éducation et  du développement
Université Alassane Ouattara de Bouaké-Côte d’Ivoire
Professeur Associé Université du Québec à Rimouski-Québec-Canada/ Collège de Jonquière, Québec- canada

Directeur  de l’Institut de Recherches pour le Développement de l’Afrique (IRDA)
http://www.institutirda.org
Directeur Général des Éditions Différance Pérenne, Québec,Canada
http://www.leseditionsdifferanceperenne.ca

Chercheur Associé au  Laboratoire d’Études et de Recherches Appliquées sur l’Afrique (LÉRAA) de L’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), Canada
CEL : +1 418 815 7579
BUREAU: +14185472191 POSTE 6575

7info.ci_logo

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter 7info

L’INFO, VU DE CÔTE D’IVOIRE