Côte d’Ivoire

Liberté de la presse, encore des libertés à conquérir, selon des journalistes ivoiriens

Mis à jour le 2 mai 2023
Publié le 02/05/2023 à 4:02 , , , , , ,

Liberté de la presse, quel est le point en Côte d’Ivoire ? Alors que les acteurs des médias s’apprêtent à célébrer ce mercredi 3 mai 2023, la journée internationale de la liberté de la presse, des journalistes ivoiriens se prononcent sur l’exercice de cette profession dans leur pays.

37e mondial sur 180 pays avec un score de 74,46 contre un rang de 66e pour un score de 71,13 en 2021. Tel est le classement de la Côte d’Ivoire en matière de liberté de la presse. Si le pays a gagné 29 places en un an, pour les acteurs locaux du milieu, il y a encore des libertés à conquérir. À la veille de la célébration internationale de la journée de la liberté de la presse, certains se sont prononcés sur l’exercice de ce métier en Côte d’Ivoire.

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« Aujourd’hui, on est obligé de retenir que l’accès à l’information reste difficile malgré les efforts faits par la CAIDP, la Cellule d’accès à l’information et documents publics. Nous avons encore une administration frileuse et nous avons aussi une classe politique qui a tendance à retenir des informations. Il est vrai que sur des sujets sensibles comme ceux liés à la corruption, à la drogue et à bien d’autres phénomènes, il est difficile d’obtenir des informations à cause de la frilosité de certains acteurs, mais justement c’est tout cela qui fait le charme du métier. Il faut parfois avoir le courage de toucher là où ça fait mal. Ce qui n’est pas sans risque, car le risque zéro n’existe pas. Mais, pour l’heure, on peut dire qu’il n’y a pas une hostilité générale de l’État vis-à-vis des journalistes, même si on est d’accord qu’il y a des questions sensibles comme liées à la défense, la sécurité et comme que j’ai cité plus haut, et sur lesquels on doit faire encore des efforts », commente pour 7info, Guillaume Gbato, directeur de la rédaction du quotidien ivoirien Notre Voie.

Toutefois, dit-il, en Côte d’Ivoire, le métier de journaliste est plus confronté aux soucis financiers qu’à tout autre problème.

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« Aujourd’hui que ce soit du point de vue légal ou même de l’environnement de façon générale, tout journaliste qui veut faire son travail correctement, peut le faire. Encore faut-il qu’il en ait les moyens. Et c’est là que se pose le problème. Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, le métier de journaliste est beaucoup plus une question de moyens matériels, financiers et de ressources humaines que d’hostilité de l’État vis-à-vis du métier », soutient Guillaume Gbato.

Olivier Yoro est le président de l’Organisation des journalistes professionnels de Côte d’Ivoire (OJPCI). Pour lui, beaucoup d’obstacles sont à lever pour une réelle liberté de la presse.

« Aujourd’hui, être journaliste en Côte d’Ivoire, est risqué parce que vous verrez très souvent que des journalistes d’investigation sont des gens qui vivent cachés, qui vivent dans la discrétion. Au cas contraire, vous êtes tout de suite éliminés, car on ne rigole pas avec ceux qui ont décidé de vivre de la corruption, de la drogue et des méfaits. Vous comprenez que de ce point de vue, le métier est risqué en Côte d’Ivoire ou partout ailleurs. Personne ne s’accommode avec les voleurs, personne ne s’accommode avec les personnes indélicates. C’est partout dans le monde. Je vais également parler de la loi sur le régime juridique de la presse ivoirienne. Nous avons des libertés à conquérir. Pour nous, à l’OJPCI, nous faisons chaque année la journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes, pour la simple raison que des journalistes ont été assassinés dans ce pays. Je veux parler de Sylvain Gagnéto et de Désiré Lué dont les cas n’ont pas encore été élucidés devant la justice ivoirienne. On ne sait pas jusqu’ici où sont passés ceux qui les ont assassinés. Rien qu’avec ces deux cas que nous avons expliqués, que nous avons portés au Conseil national des droits de l’homme, au niveau de la Croix rouge, au niveau du ministère… nous avons tapé à toutes les portes. Nous attendons avec les parents que l’État ivoirien ouvre un dossier sur l’assassinat de ces deux journalistes », explique à 7info Olivier Yoro.

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Le président de l’Organisation des journalistes professionnels de Côte d’Ivoire estime en outre que les textes de loi régulant la profession de journaliste dans le pays comportent aussi des articles qui limitent le journaliste dans son activité.

« Au-delà, nous pensons que la loi portant régime juridique de la presse est à parfaire. Pour nous, l’article 90 qui se trouve au sein de la loi nous dessert. Ce texte qui parle de l’atteinte à la sûreté de l’État et de l’outrage au chef de l’État est liberticide qui ne permet pas au journaliste aujourd’hui de dire travailler en toute quiétude », soutient-il.

Richard Yasseu

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