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Les villes africaines au labo à Abidjan avant le grand bal de Bordeaux

Mis à jour le 27 février 2020
Publié le 27/02/2020 à 3:33 , , , ,

La démographie galopante en Afrique oblige à une urbanisation tout aussi rapide. Pourtant les villes africaines, pour la plupart, construites sans véritable prévision en matière d’aménagement se retrouvent confrontées aux défis de la ville durable, d’où le thème du prochain sommet Afrique-France qui se tiendra à Bordeaux en Juin prochain. Pour préparer ce rendez-vous, les collectivités territoriales d’Afrique se concertent pendant deux jours à Abidjan, les 27 et 28 février.

7 thématiques sur la ville durable seront abordées lors du 28ème sommet Afrique-France, qui se tiendra à Bordeaux  les 4, 5 et 6 juin prochain. Il s’agit de la planification et de l’aménagement des villes, du financement et des infrastructures afin de permettre l’accès aux services abordables, de la construction de logements abordables, de la question du réchauffement climatique, l’économie sociale et circulaire, la mise en place de services et infrastructures urbains efficaces, abordables et tournés vers les citoyens et enfin, la femme au cœur des enjeux des villes durables de demain.

Autant de questions qui ont suscité les « Rencontres d’Abidjan », ces 27 et 28 février. Au moins 20 pays africains ont effectué le déplacement sur les bords de la lagune Ebrié afin d’entamer les réflexions pour présenter des propositions concrètes et innovantes à Bordeaux dans quelques mois.

« Le sujet de la ville durable est aujourd’hui au centre de nombreuses attentions, de par les défis et les opportunités qu’il représente. Ce qui est particulièrement révélé pour les villes africaines qui connaissent une croissance urbaine deux fois supérieure à ce qu’a connu l’Europe dans l’histoire de son urbanisation. Les Rencontres d’Abidjan entendent proposer des réponses innovantes en faveur du développement de territoires durables, à travers la co-construction et la synergie des acteurs comme une nécessité absolue, et qui veut trouver dans le secteur privé, les partenaires et le savoir-faire qui vont avec. Je suis convaincu que c’est par l’action et la mutualisation que nous relèverons ces défis » s’est exprimé François Albert Amichia, Ministre de la ville et présidents des collectivités territoriales de l’UEMOA.

La population urbaine africaine, selon les experts en urbanisation, a doublé ces 25 dernières années et elle doublera encore dans les 25 prochaines années pour dépasser le chiffre significatif d’un milliard d’Africains habitant en milieu urbain. Les deux jours de réflexion à Abidjan, réunissent des ministres en charge de la ville et du développement urbain des pays africains francophones, des élus locaux, les représentants de la société civile, les start-ups et les chefs d’entreprises d’Afrique et de France ainsi que des partenaires techniques et financiers afin d’échanger et partager des positions et des solutions autour de la ville durable africaine en préparation du sommet à venir.

Selon Amadou Gon Coulibaly, Premier Ministre de la République de Côte d’Ivoire, Ministre en charge du portefeuille et du budget de l’Etat, cette rencontre permettra de se rendre à Bordeaux avec des solutions clés en main afin d’accélérer le développement des villes africaines.

« La dynamique de l’urbanisation s’est accélérée au cours de ces dernières décennies. Selon les spécialistes, 4 milliards 200 millions d’habitants, soit 55% de la population vivaient dans les villes en 2018. D’ici 2050 il y aura plus de 6 milliards de citadins dans le monde. Le continent africain compte à ce jour plus de 90 villes qui comptent chacune plus d’un million d’habitants. Ces 90 villes représentent environ 500 millions d’habitants. Ce tableau seul soulève la question de la gestion de la ville et de la mobilité urbaine. Nos villes se trouvent aujourd’hui confrontées aux défis de la pollution, de la salubrité, au problème du trafic, à l’encombrement. Il est donc important d’anticiper par des actions efficaces. Il est impératif d’échanger pour planifier afin de pérenniser le développement du continent » a fait savoir le Chef du gouvernement ivoirien.

La Côte d’Ivoire bonne élève 

C’est à la demande du Ministre de la ville de Côte d’Ivoire, François Albert Amichia que se tiennent les rencontres d’Abidjan. Elles auraient pu se tenir dans une autre ville africaine, mais les autorités ivoiriennes ont souhaité montrer le bon exemple en matière de politique de développement des villes. La capitale économique ivoirienne est en effet en chantier depuis le lancement du projet le « Grand Abidjan ». Des routes ont été construites, des ponts sont sortis de terre et de l’eau accessible à tous, sans oublier les échangeurs prévus pour fluidifier la circulation au niveau du district. Des aménagements urbains qui entrent aussi dans le cadre du Projet du Transport Urbain d’Abidjan (PTUA), dont l’exécution finale devrait faciliter la mobilité à Abidjan et partant, améliorer de manière significative le quotidien des habitants.

« Le logement, l’assainissement, la santé, l’électricité et surtout les adductions en eau potable, sont autant de défis que nos villes doivent relever pour leur survie. L’urbanisation représente une force pour l’Afrique et cela, le Président de la République Alassane Ouattara, l’a compris. C’est ce qui explique la création du ministère de la ville depuis le mois de juillet 2018. En outre, le gouvernement ivoirien a adopté depuis le 19 février dernier, le document portant politique national de la ville. Dans ce cadre, l’accroissement des services sociaux de base est accompagné d’importants travaux d’infrastructures notamment l’assainissement et le développement des transports publics dans les grandes villes avec le renforcement du parc automobile de la Sotra et le projet du train urbain d’Abidjan » a rappelé le Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly.

Des initiatives saluées à juste titre par le Ministre français de la ville et du logement, Julien Denormandie. Selon lui, les rencontres d’Abidjan en prélude au sommet de Bordeaux permettront aux villes africaines de se mettre à niveau pour faire face ensemble, aux défis de l’urbanisation.

« Les villes doivent se développer avec des solutions intelligentes et innovantes. J’ai apprécié l’expérience de la Côte d’Ivoire mais toutes les autres villes doivent suivre. Voilà pourquoi l’apport des PME et surtout des start-ups qui travaillent dans le domaine de la ville durable est important. L’Afrique doit montrer son savoir-faire et nous allons accompagner en fonction de nos expériences, le développement des collectivités territoriales. Bordeaux est un exemple en la matière d’où le caractère important de ce sommet à venir » s’est exprimé ce matin en conférence de presse, le ministre français.

Le sommet Afrique-France pour les villes et territoires durables se tiendra à Bordeaux les 4,5 et 6 juin prochain. Il s’agira selon Stéphanie Rivoal, ambassadrice, secrétaire générale du sommet, qui s’est exprimée en vidéo conférence à l’ouverture des travaux d’Abidjan, « d’offrir l’accès à l’énergie et à d’autres services essentiels tels que se déplacer, se nourrir, se loger, se soigner se former, accéder à l’emploi ou au financement des projets. Tout doit être adapté aux particularités de l’environnement et des populations qui y vivent » a-t-elle indiqué.

Eric Coulibaly

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