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Les producteurs de cacao de l’ouest montagneux se dressent contre la vente en Guinée et au Libéria

Mis à jour le 20 février 2020
Publié le 20/02/2020 à 4:07 , , , , ,

« La majeure partie de la production cacaoyère de l’ouest montagneux va vers la Guinée et le Libéria », dénonce à 7info Obed Blondé Doua, président de l’association des producteurs et organisations professionnelles agricoles de l’Ouest montagneux (APROPAM).

Cette organisation a décidé d’une riposte qui débute les jours à venir par une tournée de sensibilisation des communautés villageoises, des autorités administratives et sécuritaires des localités frontalières.

« Une tournée pour l’implantation de grandes pancartes pour dire non à la fuite de notre cacao aura lieu sur la ligne frontalière, à Zouan Hounien, Danané, Sipilou, Ouaninou, Booko et Odienné » a annoncé Obed Doua Blondé à 7info.

Trois régions frontalières sont donc concernées par cette tournée et cette action de riposte des producteurs de l’Ouest montagneux face à la fuite de la production ivoirienne, en proie à des menaces.

Selon le président de l’association des producteurs et organisations professionnelles agricoles de l’ouest montagneux, Obed Blondé Doua, « l’harmattan a trop duré cette année et cela n’est pas intéressant pour le cacao ». « Les échanges entre producteurs sont essentiellement basés sur cette question car nous savons que cette année la récolte ne sera pas bonne. »

« Au total, en 2019/2020, un stock de 2 millions de tonnes d’or brun devrait ainsi être acheminé vers les principaux débouchés d’exportation, soit 180 000 tonnes de moins qu’en 2018/2019 », a révélé l’Agence Ecofin, sur le sujet.

Outre cette menace due au changement climatique, une autre menace provient cette fois des Etats-Unis. Après les deux sénateurs démocrates qui avaient contraint Dominique Ouattara à un séjour explicatif sur les efforts déployés par le gouvernement ivoirien, sur le travail des enfants dans la cacaoculture, c’est autour de trois ONG de mener la charge.

La Corporate Accountability Lab, International Rights Advocates et la Civil Rights Litigation Clinic exigent à Nestlé, Hershey ou Mondelez, trois grandes entreprises internationales du négoce du cacao,  de « fournir d’ici août, la preuve que leur matière première ne résulte pas d’un processus de production dégradant d’un point de vue humain sous peine d’une fin des importations depuis la Côte d’Ivoire. »

En réaction, Richard Scobey dans le Washington Post, a estimé que « Cet appel irresponsable pour un blocage des importations de cacao depuis la Côte d’Ivoire va plus tôt aggraver la situation au lieu de contribuer à son amélioration. »

La fuite du cacao ivoirien vers la Guinée et le Liberia vient s’ajouter à ce tableau de risques. Le Préfet de la Région du Tonkpi a apporté sa caution à cette initiative locale de lutte pour la sauvegarde des intérêts économiques de la Côte d’Ivoire. Avec le Préfet de Man, la délégation régionale du Conseil café cacao, le représentant de la Chambre nationale des Rois et Chefs traditionnels de Côte d’Ivoire, le Gloudeh Gué Pascal, le ministère de l’Agriculture et du développement rural ainsi que les autorités préfectorales des régions du Bafing et du Kabadougou.

« A l’occasion de cette tournée de sensibilisation, d’installation des pancartes, il y aura la mise en place des comités villageois de surveillance dirigés par les présidents de jeunes » a indiqué Obed Blondé Doua.

Des autorités administratives et sécuritaires sont dénoncées comme parties prenantes de ce trafic qui dessert l’économie nationale.

Adam’s Régis SOUAGA

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