Eco-business

Les multinationales du cajou tentent de faire chuter le prix bord champ avec le coronavirus

Mis à jour le 19 février 2020
Publié le 19/02/2020 à 4:04 , , , , , ,

Le préfinancement des achats de noix de cajou pour cette campagne 2020 n’est pas effectif du côté des multinationales présentes en Côte d’Ivoire. Selon des informations obtenues par 7info, les multinationales présentes dans la filière de la noix de cajou, traînent les pieds pour le financement de la campagne d’achat.

Ce préfinancement porte sur au moins 100.000 tonnes pour un montant estimé à 50 milliards FCFA. « Entre le mois de février et fin Mars, les 140 à 150.000 tonnes de produit qui sortent sont préfinancées par les multinationales » atteste N’guettia Assouman, vice-président du GIE GEPPA, organisation professionnelle qui regroupe les exportateurs nationaux de la noix de cajou.

A 7info, il soutient, au nom du GIE du groupement des exportateurs professionnels des produits agricoles, ne pas comprendre les multinationales. « Le coronavirus n’est qu’un alibi. La Chine ne représente que 10% du marché de l’amande de cajou livrée par le Vietnam mais l’Inde a les marchés américain et européen. Le coronavirus ne saurait donc être utilisé comme argument pour faire chuter le prix bord champ » soutient-il.

Le GIE GEPPA, la fédération des acheteurs de noix de cajou de Côte d’Ivoire, la Fenacaci et le Conseil coton Anacarde ont signé une convention pour faciliter les achats et ainsi rassurer les producteurs. « Nous avons le soutien du gouvernement » fait savoir N’guettia Assouman sans trop de détails.

A Katiola le 30 novembre dernier, au cours de la visite d’Etat, le Président de la République, Alassane Ouattara avait annoncé une subvention gouvernementale pour 200.000 tonnes de produit, soit 18 milliards FCFA.

La production nationale pour la campagne écoulée s’est stabilisée à 634.000 tonnes exportées et 57.000 tonnes pour les transformateurs locaux. La Banque Mondiale avait en 2019 fait un prêt de 100 milliards FCFA à la Côte d’Ivoire sur le segment industrialisation de la noix de cajou. Les unités industrielles sont jusque-là attendues.

Pour le gouvernement ivoirien, la solution au diktat des multinationales passe par une industrialisation forte de la filière de la noix de cajou, encore soumise à la commercialisation du brut.

La Côte d’Ivoire, apprend-on a aussi perdu au moins 200.000 tonnes de produit du fait du vol organisé et la fuite d’une partie de la production vers des pays limitrophes. Cette année, lancée en fanfare à 1425 dollars la tonne à fin décembre 2019, le Ghana connaît une chute du prix à la tonne depuis quelques semaines. Le prix de la tonne se négocie à moins 100 dollars, soit 1325 à 1300 dollars la tonne. Déjà, la semaine dernière, un chargement était saisi à la frontière avec le Ghana.

Pour le Gie GEPPA, il s’agit de rassurer les producteurs. « La production nationale sera achetée et enlevée. Rien ne justifie cette baisse de prix imaginaire de la noix de cajou que des multinationales veulent faire. Le prix bord champ fixé par le gouvernement doit être respecté » soutient N’guettia Assouman, le vice-président du GIE GEPPA.

« Nous exhortons les producteurs à faire la qualité et le GIE GEPPA voudrait rassurer les producteurs que la production ivoirienne sera bien achetée à 400 F/KG » assure-t-il.

N’guettia Assouman lance un appel aux multinationales afin qu’elles se mettent dans la dynamique de leur organisation. Pour lui, la Côte d’Ivoire ne mérite pas « la tentative de boycott par un refus de préfinancement » par les multinationales de la campagne 2020, car, « la Côte d’Ivoire a permis un repositionnement financier de certaines de ces entreprises » a-t-il indiqué.

Chez les acheteurs, ce n’est pas la sérénité habituelle même si des transactions entre exportateurs et acheteurs, pour la majorité des nationaux, ont débuté. Soumahoro Abdoulaye, responsable des acheteurs du worodougou (Séguéla), joint par 7info, relève que « cette année, la campagne est assez calme à cause des informations liées au coronavirus. Les multinationales refusent de préfinancer car elles craignent une chute du marché du fait de l’épidémie aux portes des deux destinations de la noix de cajou ivoirienne, le Vietnam et l’Inde. »

Adam’s Régis SOUAGA

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