Société

Les conséquences du changement climatique présentées lors des JFAC à Yamoussoukro

Mis à jour le 24 février 2020
Publié le 24/02/2020 à 2:46 , , ,

Lt-Col Marcel Yao et son équipe sont à pied d’œuvre pour le lancement de la 3è édition des Journées africaines de l’écologie et des changements climatiques. Cette année, c’est la région du bélier et le District Autonome de Yamoussoukro qui accueillent l’édition qui verra une mobilisation de tous les maires de Côte d’Ivoire. Lt-Col Marcel Yao explique les enjeux de la lutte contre le réchauffement climatique à 7info qui l’a rencontré en exclusivité.

« Les conséquences sont fortes pour la Côte d’Ivoire parce que nous sommes un pays essentiellement agricole. La perte de nos forêts déséquilibre les saisons de pluies. Quand il doit pleuvoir, il ne pleut pas beaucoup, mais quand il pleut, la pluie est abondante et souvent désastreuse. Les planteurs sont un peu désorientés. Ce qui fait que les productions ne sont pas celles qu’on attend. Les rendements à l’hectare ne sont pas bons, donc le planteur ne gagne pas assez. Il est obligé de faire encore vingt voire trente hectares. Il détruit donc la forêt, tout cela entraîne une dégradation de notre système écologique. Et donc la baisse des rendements conduit à la baisse des entrées financières au niveau du gouvernement. Et si on n’y prend garde cela va aller croissant » alerte Lt-Col Marcel Yao, promoteur des JFAC.

La lutte contre le réchauffement climatique n’est-il d’avance biaisé et difficile ? Le promoteur des JFAC reconnaît que « C’est difficile parce qu’il n’y a pas une appropriation des populations. »

« Sur les 26 millions que nous sommes, il y a peut-être 2 à 3 millions qui sont sensibles à la chose dont tous les efforts que vous allez faire seront balayés. Nos parents planteurs à Bocanda, Tiébissou, Guibéroua ne savent pas ce que c’est que le changement climatique. Ils ne maîtrisent pas bien l’importance des forêts. Il faut aller vers eux, il faut aller leur expliquer. C’est ce maillon qui manquait sinon le gouvernement a fourni beaucoup d’efforts. Mais il faut une appropriation par les communautés » préconise-t-il.

Pour toucher la population à la base, le comité d’organisation des JFAC, qui sortent d’Abidjan, mettent à contribution « l’UVICOCI et l’ARDCI », les faîtières des communes et des Districts et Conseils régionaux. « L’ARDCI qui est la faîtière des régions, et l’UVICOCI sont partenaires. Tous les 201 maires seront invités, les 31 présidents de conseil régionaux seront invités pour qu’après la région du Bélier, on puisse faire une caravane qui va parcourir toutes les régions pour insuffler ce développement dans nos régions » fait savoir Lt-Col Marcel Yao.

Pour le promoteur des JFAC, « Le vrai problème du changement climatique n’est pas l’absence d’alternative, de solution mais la difficulté à les transmettre aux populations. »

« Pour ces journées, pour toucher toutes les couches de la population, nous allons passer par les départements de la région du Bélier. Chaque chef-lieu de département va donc nous aider à recenser toutes les personnes qui ont un impact négatif sur l’écologie, nous allons donc former 200 à 300 hommes qui seront donc des points-focaux ; chaque village aura son expert écologie. Passant par Kocoumbo, Djékanou pour qu’à leur tour ils puissent faire passer l’information quand nous serons partis » révèle Lt-Col Marcel Yao.

L’implication des multinationales qui sont sous pression internationale par rapport au travail des enfants dans la cacaoculture, est attendue. « Le groupe Cemoi, le chocolatier qui est très engagé depuis la première édition » sera du rendez-vous de Yamoussoukro selon Lt-Col Marcel Yao. « Nous essayons d’apporter l’information aujourd’hui à Nestlé, surtout à Cargill pour leur dire que sans ces forêts, la matière première va se faire de plus en plus rare. Même les sociétés de téléphonie mobile sont concernées parce que le climat n’a pas de frontière » soutient le jeune ivoirien qui a cru en son rêve qui grandit au fil des ans.

Le clou de cette 3è édition et l’atteinte des objectifs « est la formation des points-focaux. » « La caravane écologique qui va passer de village en village, va s’exprimer en langue locale. Pour que les parents comprennent qu’il est important de ne pas tuer les pangolins, de ne pas détruire la forêt…On vient aussi avec des solutions : des foyers écologiques, des panneaux solaires… que nous allons distribuer. On a les ministères de l’Environnement, des Mines et de la Géologie parce qu’il y a trop d’orpaillage. Je dis à la jeunesse que notre avenir, est là. Il faut que dans dix, vingt ans on puisse respirer de l’air de qualité. Et connaître au moins un pangolin, un baobab… et nous la génération qui doit réussir cette transition écologique. Si nous échouons, les vingt-cinq années risque d’être dramatiques pour notre pays » interpelle Lt-Col Marcel Yao, par ailleurs président du Réseau des experts africains pour l’écologie et les changements climatiques.

 Pour sauver le peu qui reste du couvert forestier ivoirien, Lt-Col Yao soutient que « nous avons des panneaux solaires, beaucoup de matériels qu’on peut utiliser en milieu rural. Au niveau de la déforestation, nous avons des foyers écologiques qui consomment moyen de bois. Nous avons du charbon fabriqué avec des cabosses de cacao. Toutes ces solutions peuvent lutter contre la déforestation. Figurez-vous que le poisson braisé que nous mangeons, le bois utilisé pour cuir ce poisson peut être toxique pour notre alimentation. Il va falloir faire très attention, donner l’information aux populations et aller vers les alternatives qui existent. »

Pour le promoteur et commissaire général des JFAC, dans la lutte engagée contre le réchauffement climatique, « la communication est un maillon faible », reconnaît-il. « Le moyen le plus efficace c’était de passer par les régions. On a décentralisé mais on n’a pas donné les moyens aux Conseils régionaux donc ils ont du mal. Raison pour laquelle nous passons à travers ces journées de l’écologie pour toucher les régions. Vous voyez pour cette édition nous nous déplaçons au centre du pays. On va renforcer les capacités du Conseil régional, des mairies pour qu’ils soient à l’avant-garde parce que si tout vient d’Abidjan ça ne marchera jamais. La Communication est vraiment un maillon faible qu’il faut corriger pour ces 2, 3 années à venir » recommande l’expert, qui a fait de cet engagement, un sacerdoce. Il ne reste qu’à l’accompagner dans cette vision salvatrice.

Adam’s Régis SOUAGA

7info

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