Côte d’Ivoire

Kando Soumahoro, coordonnateur national du Réseau des Amis de la Côte d’Ivoire (RACI), chargé du district des montagnes: << Nous allons obliger Soro Guillaume à être candidat en 2020>>

Mis à jour le 17 novembre 2018
Publié le 16/11/2018 à 3:23 , ,

Le RACI tient son conclave le 18 novembre prochain. Avant ce rendez-vous historique, le coordonnateur national du RACI chargé du district des montagnes s’ouvre à Poleafrique.info. Des préparatifs de cet événement jusqu’aux récentes élections locales, en passant par les présidentielles de 2020, Kando Soumahoro, député de Biankouma est sans détour.

Vous dirigez le RACI depuis un certain temps dans le district des montagnes. Alors comment se porte le Réseau des amis de la Côte d’Ivoire dans ces trois régions ?

J’ai été désigné pour diriger le RACI oui. Mais au moment où on me donnait le RACI il y avait des gens qui étaient déjà nommé. J’ai pris mon temps pour entrer en contact avec eux pour voir s’ils sont toujours disponibles pour aller au combat. Au fur et a mesure, je me suis rendu compte qu’il y a des personnes qui sont prêtes pour le RACI mais qui ne veulent pas travailler pour le RACI. Parce-que soit disant, elles occupent encore des fonctions ou quand elles vont ouvertement annoncer leur appartenance au RACI, elles subiraient des représailles dans leur fonction. Je suis en train de mettre en place moi-même des hommes pour que le RACI avance dans le Tonkpi, le Guemon et le Cavally. Je voudrais dire que le RACI existe bel et bien. Le RACI vit également mais le RACI n’exerce pas comme je l’aurais souhaité. C’est pourquoi j’ai organisé une rencontre le samedi 10 novembre pour la zone que je couvre.

Au cours de cette rencontre du 10 novembre, plusieurs points étaient à l’ordre du jour, dont le conclave du RACI du 18 novembre prochain. Comment le district des montagnes prépare l’événement?

Nous au RACI ,on demande aux gens autosuffisants d’effectuer le déplacement d’Abidjan. Le pré-conclave a été organisé pour demander aux uns et autres de tout faire pour être Abidjan. Parce-que le RACI aujourd’hui n’est pas un parti politique, ou une structure où des gens vont venir financer à la place d’autres personnes. Le RACI est un mouvement de combat. Quand on va à un combat, chacun va avec l’arme à sa disposition. On ne peut pas obliger tout le monde à aller au conclave , faute de moyens. Mais nous ferons en sorte que le district des montagnes soit représenté dignement à ce conclave.

Vous parlez de représailles que certains pourraient subir en s’affichant pour le compte du RACI. De quoi s’agit-il exactement?

Avant de venir à la politique, j’ai travaillé et je suis allé à la retraite. Donc je ne suis pas exposé à des représailles. Personne ne peut suspendre ma pension. Celui qui va suspendre ma pension, on va se retrouver au tribunal. Mais celui qui est lié à un poste, où il a été nommé. Moi je pense que je n’ai pas la même lecture que la personne. Moi je pense qu’un combat, c’est un combat. Parce qu’aujourd’hui, si ceux qui sont au pouvoir n’avaient pas fait de sacrifice, ils ne seraient pas là aujourd’hui. On ne peut pas gagner à tout moment. Je n’oblige personne à venir. Mais tous ceux qui viennent aujourd’hui seront considérés comme des combattants de première heure. Parce que quand le fruit est mûr, tout le monde vient. Voyez-vous même au RDR quand Alassane Ouattara a été porté au pouvoir tous ceux qui n’aimaient pas ce parti s’y sont retrouvés. Car une fois que le plat est cuit tout le monde vient manger. Aujourd’hui, le RACI de par notre formation est un instrument de combat. C’est une lutte qu’on est en train de faire pour accéder peut-être un jour à la magistrature suprême. Dieu aidant on va y arriver. Une lutte ce sont des sacrifices. Moi j’irai à ce combat avec les hommes dont j’ai foi.

Pourquoi le choix typique de la réconciliation comme leitmotiv du RACI?

On base cette lutte sur la réconciliation, parce qu’après les élections présidentielles et législatives après la crise car le Raci pour être au service de la réconciliation. Le président Gbagbo encore moins Alassane Ouattara et Henri Bédié à eux seuls ne pouvaient pas faire la réconciliation. Le président Soro Guillaume qui par instance la représentation du peuple a accepté d’être le président d’honneur du RACI. Car à l’Assemblée nationale vous avez toutes les sensibilités politiques. Nous avons pensé qu’après la crise il fallait aller à la réconciliation et nous avons pensé que le Raci pouvait mener cette mission. Mais au fur et à mesure que nous avancions il s’est posé à nous un problème de moyens. Parce que pour faire la réconciliation, il faut parcourir toute la Côte d’Ivoire. Dans un pays normal, il aurait été préférable que l’instance suprême s’accapare du projet et mettre des gens en mission. Mais ce n’est pas le cas. Imaginez-vous, des élus qui prennent leurs propres moyens pour faire ce travail.

Pendant que vous parlez de réconciliation et de pardon, certains de vos amis sont renvoyés de leurs postes et subissent d’autres formes de représailles. Comment expliquez -vous cela?

Mais, M.Olivier, ce sont des jugements qu’on porte. Nous avons mis un mouvement de réconciliation sur pieds. Mais il faut le dire le pardon n’est pas encore accepté en Côte d’Ivoire. Car les gens continuent de parler de leurs parents tués pendant la crise. Mais aujourd’hui celui qui est cœur de notre mouvement est combattu au plus haut niveau de sorte que le président de la République n’a pas mis au cœur de son deuxième mandat ce projet de réconciliation. Ils ont plutôt préféré des organisations de journées de soutien, d’hommage qui demandent beaucoup d’argent inutile. Quand on demande souvent à ceux qui organisent ces journées, ce sont 100 ou 200 millions. Cet argent pouvait servir à envoyer des gens en mission sur toute l’étendue du territoire pour réconcilier les ivoiriens. On ne peut pas plaire à tout le monde. Il y a des gens qui sont allés en mission de réconciliation qui ont été attaqués et leurs biens emportés. On va apprécier à partir de là où on se trouve. Je combats pour qui et avec qui? Si c’est pour la Côte d’Ivoire, on doit pas avoir peur.

Beaucoup souhaite que Guillaume Soro brigue la magistrature suprême en 2020. Êtes-vous de ceux-là et pensez-vous que c’est vraiment une opportunité ?

Il est temps que le président Soro brigue la magistrature suprême. Parce que vous voyez, il est le seul à avoir revendiqué l’attaque de 2002 et le seul à reconnaître avoir fait du tort à ce pays en prônant le pardon et la réconciliation. Je pense bien que, quand vous travaillez pour des gens qui ne reconnaissent et peut-être qui ne reconnaîtront jamais. Il faut dire stop, ça suffit comme ça. Moi-même je peux le faire. Soro Guillaume a la carrure d’un vrai homme d’État. Je suis d’accord avec tous ceux qui disent et pensent que l’heure du président Soro a sonné. Si la chose ne tenait qu’à moi, j’aurais préféré que le président Soro dise à tout le monde qu’il est candidat. Nous allons l’obliger à être candidat par tous les moyens.

Après les élections on assiste à une vague de ralliement d’indépendants élus au RHDP. En tant que citoyen, comment voyez-vous cela?

Je ne veux même pas parler de ces élections car pour moi il n’y a pas eu élections. On veut que la Côte d’Ivoire soit un pays de paix, il faut que les tenants du pouvoir soient des hommes de paix. Les partis politiques sont comme la colonisation des pays africains. Chacun a son intérêt qu’il défend. Ce n’est pas celui du peuple. Quand il y a eu la pléthore d’indépendants, les partis politiques ont dit que ces derniers sont des indisciplinés. Vous connaissez la définition d’un indiscipliné. Ces indisciplinés, une fois élus , les mêmes qui les ont traités de tous les noms hier leur font la cour. Usent de tous les moyens pour que ces indépendants élus viennent grossir leur nombre. Entre les deux qui est le plus indisciplinés ? Il faut que nous respections nos institutions. L’exécutif, c’est l’institution qui dirige toute la Côte d’Ivoire. Si au cœur de l’exécutif, on est en train de promouvoir l’esprit d’indiscipline. Je pense que c’est un véritable problème pour notre pays. Moi-même, si j’avais été élu maire indépendant, c’est a dire maire indiscipliné, je n’allais jamais rejoindre le RHDP et même un parti politique. Parce qu’on ne peut pas insulter quelqu’un et sans s’excuser on demande de vivre avec ce dernier. Je remarque à cet effet que ce sont eux qui sont plus indisciplinés parce que ce sont eux qui ont donné leur quitus à ces derniers de se présenter. Il n’ont pas eu courage de l’afficher aux premiers jours. Je ne comprends pas pourquoi courir après un indiscipliné, un voyou, à moins que le RHDP ne soit un parti de voyou.

Lors de élections, il y a eu beaucoup d’incidents, de protestation jusqu’à mort d’homme. Pensez-vous que nous sommes prêts à la démocratie ?

Je dis oui. Nous sommes prêts à la démocratie. Ce n’est pas la parole. Ce sont tous les ivoiriens qui doivent demander cette démocratie. Cette élection a permis de voir jusqu’où quelqu’un peut vous donner son engagement. Dans le Tonkpi, j’ai suscité ma candidature indépendante aux régionales. Nous avons parcouru toute la région et avons battu campagne même si on savait qu’on allait pas gagner. Les autres allaient venir avec les moyens de l’État pour nous combattre. Mais on a pas abandonné malgré les intimidations. Ceux qui ont voulu jouer le double jeu avec nous, nous avons récolté le même prix. Nous avons tous échoué. Dans le Tonkpi, je pense bien que nous n’avons pas perdu. Il n’y a eu aucun incident de notre côté. On a privilégié la démocratie. Ce qui est réconfortant, de par notre force nous avons acquis des places au conseil régional et municipal. On s’est fait inviter pour mettre fin à cette injustice.
Entretien réalisé par Dan Olivier
Correspondant Ouest
Poleafrique.info

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