Continent

John Dramani Mahama invite le Nigéria à rouvrir ses frontières

Mis à jour le 21 novembre 2019
Publié le 21/11/2019 à 3:13 , , , , , , ,

C’est dans le cadre d’une conférence-débat avec pour thème « Au-delà de la politique : un récit économique pour l’Afrique de l’Ouest », à Lagos, que l’ex-président ghanéen John Dramani Mahama a tiré la sonnette d’alarme. Le Nigeria a fermé ses frontières depuis le 20 août dernier. Officiellement, le géant ouest-africain a déclaré vouloir lutter contre le trafic, la contrebande et redynamiser son économie.

Cette décision crée d’énormes difficultés socio-économiques dans la région ouest-africaine et est contraire au principe même de la CEDEAO qui promeut la libre circulation des biens et des personnes, selon l’ancien chef d’État Ghanéen.

« Avec la signature de l’accord de groupe de travail conjoint sur la frontière entre le Nigeria et ses voisins, j’aimerais saisir cette opportunité pour lancer un appel au Nigeria pour ouvrir sa frontière afin que les activités économiques puissent reprendre », a invité l’ex-chef d’État Ghanéen, John Dramani Mahama. Après trois mois et demi de fermeture partielle, il estime que le jeu en vaut la chandelle pour la redynamisation des échanges entre la première économie africaine et ses voisins. Ce, conformément aux principes de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. « La CEDEAO a été créée pour promouvoir l’idéal de l’autosuffisance collective pour ses États membres. En tant qu’union commerciale, elle vise également à créer un seul et même grand bloc commercial grâce à la coopération économique », a ajouté Mahama.

Une décision que le ministre béninois de l’Agriculture, Gaston Cossi Dossouhoui, avait qualifiée de « catastrophique » pour son pays et contraire aux traités commerciaux de la CEDEAO. La fermeture des frontières nigérianes n’est pas sans conséquences pour ses voisins, notamment le Niger avec qui il partage quelque 1500 km de frontière.

« On estime à une quarantaine de milliards de francs CFA la baisse des recettes due à la fermeture des frontières du Nigéria », a déclaré Mamadou Diop, ministre nigérien des Finances. Le Bénin pour sa part  n’a publié aucun chiffre, mais le volume des échanges avec le Nigéria est si important que chacun devine le manque à gagner. « La douane à Kraké par exemple, plus grande zone frontalière Bénin-Nigéria, n’a prélevé aucune recette depuis deux mois et demi, alors que les recettes mensuelles avoisinaient habituellement les 300 millions de francs CFA »  a expliqué le chef de la douane béninoise à RFI. Citoyens, commerçants et hommes d’affaires paient également le prix de cette politique protectionniste à travers la flambée des prix de l’essence à la pompe, le doublement des prix des produits d’élevage tels que les œufs et de certaines denrées alimentaires comme le riz.

Mais, si l’impact économique de sa politique protectionniste se fait sentir chez ses voisins, ce n’est pas encore le cas pour le pays, marché gigantesque de 190 millions d’habitants qui avait déclaré que cette fermeture durerait « le temps qu’il faudra à nos voisins pour venir à la table des discussions ». Le Gouvernement avait par ailleurs présenté ses conditions pour autoriser à nouveau le libre-accès des marchandises : la destruction des entrepôts de riz le long des frontières et le transport de tous les produits, hors CEDEAO, dans leurs emballages d’origine.

Pour régler le problème, une première réunion de haut niveau a rassemblé les présidents Buhari, Talon, Issoufou ainsi qu’une délégation de ministres, conseillers, diplomates et hauts fonctionnaires au siège de la CEDEAO. Par ailleurs, les ministres des Affaires Étrangères des trois pays ainsi que le Commissaire au Commerce de l’organisation sous-régionale, se sont entretenus, le 14 novembre dernier, avec leurs homologues nigérians.

Premier signe d’apaisement du géant ouest-africain envers ses voisins, trois mois après la fermeture de ses frontières. Prochain rendez-vous les 25 et 26 novembre 2019.

Manuela POKOSSY-COULIBALY

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