Côte d’Ivoire

Interview- Stanislas Zézé (Agence Bloomfield): « Il y a une stabilité mais il y a des inquiétudes par rapport à 2020 »

Mis à jour le 11 décembre 2018
Publié le 11/12/2018 à 11:51 , , ,
Membre du comité de sélection des PME qui envisagent intégrer le programme Elite de la BRVM, Stanislas Zézé, patron de l’agence de notation Bloomfield analyse ce programme et l’environnement des affaires. Il appréhende les risques liés au calendrier de 2020.
 
Est ce que ce programme Elite augure d’un avenir meilleur pour les PME de l’espace l’UEMOA ?

 

Absolument ! Je crois que c’était la meilleure des choses à faire, parce qu’en réalité on a l’impression que le problème essentiel des PME c’est le financement, mais on se rend bien compte que ce n’est pas le financement. Le problème essentiel des PME c’est la structuration. Une fois qu’on a cette base, qui représente généralement 80% du développement, vous allez attaquer le volet financement. Avec ce programme extraordinaire, on encourage toutes les PME à entrer dans ce processus, parce qu’il va permettre dans l’UEMOA la sortie d’une fiscalité unique qui vise les PME. Cela est fondamental. Car si sur 500, 50 à 60 PME ressortent, elles seront des championnes, et ces PME championnes tireront les autres vers le haut. 

Pour vous qui êtes promoteur de ces championnes de l’économie, comment est-ce que tous ceux qui ont l’envie de créer pourront intégrer votre programme ? 

Il y a un minimum à faire pour exister. Il y a des critères. La première partie est de la responsabilité des entrepreneurs. Il faut qu’ils atteignent un niveau suffisant à partir duquel on peut les intégrer dans notre système pour en faire des champions. 

Quelle est votre stratégie pour accompagner les très petites entreprises ? 

On fait beaucoup de coaching, on encourage, on fait du suivi. Comme dit, il faut que les chefs d’entreprises prennent leurs mesures. S’ils n’ont pas les pré-requis nous sommes prêts à les accompagner jusqu’à ce qu’ils atteignent un niveau suffisant pour intégrer notre structure. 

2019-2020, années charnières pour la politique en Côte d’Ivoire avec la présidentielle. Au niveau de la notation, quels sont les risques ? 

Pour l’instant, nous avons commencé à préparer la conférence qui se tiendra en mai 2019. C’est à cette conférence que nous allons vraiment débattre du risque lié aux élections de 2020. En ce moment, on est dans une stabilité, on est dans une économie qui évolue. Évidemment il y a des faiblesses mais aussi des inquiétudes par rapport à 2020. Mais je crois que c’est l’année prochaine qu’on mettra en relief ces inquiétudes. L’avantage de ces conférences-débats c’est de pouvoir poser des problématiques et d’en apporter des réponses. 

La redistribution de la richesse ? 

Il faut peut être améliorer le cadre pour donner des opportunités aux entreprises de pouvoir se développer. Cela passe par des réformes en profondeur. Il faut créer un environnement qui facilitera l’accès aux opportunités pour les entreprises. Et je crois que le rôle de l’État c’est ça : créer un environnement pour que cette redistribution se fasse à travers la création d’opportunités. 

L’environnement est plutôt favorable?

Je pense que l’environnement se construit. Il y a des éléments positifs comme des éléments négatifs. Mais vous savez, un écosystème se construit avec le secteur public et le secteur privé. Il est important de pouvoir augmenter cette collaboration qui jusque là marche bien. Les deux acteurs ont une responsabilité pour renforcer l’environnement des affaires et créer plus d’opportunités pour les entreprises ivoiriennes en particulier en premier, et ensuite les entreprises étrangères. 

Quelles sont les récriminations qui vous reviennent, corruption, imposition trop forte..? 

Tout revient. Mais il faut savoir débattre sur tout pour aider à changer l’environnement. Il ne s’agit pas de reprocher et de rester dans son coin en attendant une magie. Il s’agit de faire des débats, discuter, de créer des plateformes qui permettent d’échanger pour pouvoir justement arriver à des solutions. Voilà comment nous anticipons au mieux la résolution des différends. Cela ne peut se réaliser que par la concertation. Posons les problèmes et trouvons les solutions. Et les solutions devront entraîner les autorités publiques à prendre des décisions politiques adéquates. 
 
Réalisée par Adam’s Régis SOUAGA
Source: rédaction PôleAfrique.info
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