Côte d’Ivoire

International Certification Conférence (ICC) – L’Agriculture durable, la norme recommandée 

Mis à jour le 28 novembre 2018
Publié le 28/11/2018 à 5:28 , ,
Ce mercredi 28 novembre, dans la salle des fêtes du Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan Cocody, commence la quatrième édition annuelle de l’International Certification Conference (ICC) qui s’étalera jusqu’au 30 novembre autour du thème « Agriculture durable: la nouvelle norme ». L’agriculture, en face de défis majeurs et sans cesse en mutation, doit évoluer vers une pratique responsable, raisonnée et durable. Cela passe par la certification des acteurs de ce secteur, levier majeur de la croissance du continent. 
 
Lorsqu’on veut parler d’agriculture durable, il faut se tourner vers Korotoum Doumbia, organisatrice de l’ICC et Directrice Générale de K’Origins, structure de consulting spécialisée dans ce domaine. Elle nous en livre la définition. « C’est une agriculture qui respecte les droits des Hommes et des normes sociales, environnementales et économiques, pour avoir des produits qu’on appelle ‘durables’ ou ‘certifiés’ », développe l’entrepreneuse. Et de continuer. « L’enjeu de la certification est d’abord commercial : les consommateurs exigent des produits issus d’une production responsable et durable. Un produit non certifié a très peu de chance d’accéder au marché. Au début c’était le marché international, mais localement aussi des normes existent pour la consommation. L’enjeu est aussi environnemental : l’agriculture est l’activité qui agit le plus sur la déforestation, c’est donc l’occasion d’aborder les sujets du changement climatique, de la déforestation, du travail des enfants … La problématique est assez large ». 
 
Présent ce jour, l’Ambassadeur du Royaume des Pays-Bas, Monsieur Robert Van Den Dool, abonde en ce sens : « Nous voulons aider l’agriculture durable et innovante à se développer. Nous travaillons pour certifier la sécurité alimentaire dans le monde. Le premier objectif est de pouvoir nourrir chacun et en même temps garantir une meilleure préservation de l’environnement. Nous devons prendre en compte les besoins de la nature et réfléchir aux générations futures ». Un chemin sur lequel la Banque Africaine de Développement (BAD) veut être en tête de file. « Le terme  »durable » est au cœur de notre vision agricole. C’est une de nos grandes priorités : faire du système agricole un système durable et respectable », scande le coordinateur du programme d’agriculture intelligente de l’institution. 
 
Mais les travailleurs de la terre ont-ils les capacités d’accéder à cette nouvelle façon de faire leur métier ? Madame Doumbia nous confie: « Ici, la situation des agriculteurs et producteurs n’est pas très reluisante bien qu’elle se soit améliorée. Leurs revenus ne sont pas décents. On veut les faire produire et gagner plus tout en étant reconnus et certifiés. Concernant la certification, ils savent mais n’ont pas forcément les outils pour l’avoir. Notre rôle est de les y conduire. Mais ils doivent ensuite être autonomes. C’est pour ça que l’on dit que l’agriculture durable doit être la « norme »: on veut que la démarche devienne une normalité, et non une exceptionnalité. Sans certification, l’accès au marché, au financement et à la technologie est moins facile. Ils sont volontaires dans le progrès, mais il leur manque de l’accompagnement. Nous sommes là pour ça ». 
 
Le salon regroupe sociétés industrielles, ONG, coopératives agricoles, organismes de labellisation et pouvoirs publics. Il veut donc promouvoir ce modèle responsable d’agriculture. Présents sur toute la durée du salon, les exposants proposent leurs solutions innovantes et intelligentes. Parmi eux, la jeune startup « WeFly Agri », représentée par Flora Senelaï, commerciale. « Nous mettons les nouvelles technologies au service de l’agriculture. On aide au gain de temps et des coûts. Nous faisons de la gestion, du suivi et de l’aide au développement. On permet aux coopératives de professionnaliser leur milieu : on récolte des données grâce à nos applications, on les met sur une plateforme, et la coopérative a accès aux informations relatives à son écosystème. Nouvelles technologies et agriculture durable sont conciliables à long terme ». L’entreprise, qui procède par drone et réalité virtuelle s’adresse au plus grand nombre. « Nos services sont accessibles à tous, du petit agriculteur à la grande coopérative » assure Madame Senelaï. Personne ne doit être laissé de côté. 
 
Toutefois, tout cela ne saurait se réaliser sans un réel soutien étatique. Comme le dit l’organisatrice de l’ICC : « Il manque une réelle volonté politique, un soutien de la part des institutions, des banques qui ne font pas encore totalement confiance aux producteurs. L’État est conscient des enjeux de l’agriculture durable mais n’en a pas encore pris la pleine mesure. Aujourd’hui, on aurait apprécié avoir la présence du ministre de l’Agriculture. C’est un appel qu’on leur lance, ce n’est pas une tendance mais le réel futur du secteur ». 
 
Véritable enjeu de société, l’agriculture durable doit être considérée comme une activité économique à part entière. Au sortir de l’ICC, une feuille de route sera dressée entre les participants pour identifier et traiter les thématiques portant sur le sujet.
 
Victor Merat
 Poleafrique.info 
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