Politique

Guillaume Soro passe à l’offensive et organise « la résistance »

Mis à jour le 30 décembre 2019
Publié le 30/12/2019 à 6:21 , , ,

Dans une interview télévisée diffusée sur RFI et France 24, l’ancien président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro est revenu sur sa semaine tumultueuse. L’ex-chef de la rébellion, frappé par un mandat d’arrêt international pour tentative de coup d’État, a dévoilé ses intentions politiques à quelques mois de la présidentielle 2020 et dénoncé, dans un entretien accordé au Journal du dimanche (JDD), une manipulation d’Alassane Ouattara.

« Je suis et reste candidat à la présidence de la République » assure Guillaume Soro avec fermeté. L’ancien président de l’Assemblée nationale, toujours député, affirme qu’il demeure candidat à la présidentielle 2020 et promet d’organiser, « comme le Général de Gaulle l’a fait depuis Londres », une résistance depuis Paris. Mais il prévient : « Il ne s’agit que de résistance politique». Pas de prendre les armes en fin de compte. Selon lui, après la crise post-électorale de 2010, son rival Alassane Ouattara aurait inventé « la crise pré-électorale ». Pour Guillaume Soro, « Il faut donc que la classe politique s’organise pour combattre cela ». Et s’il ne peut le faire lui-même, son allié politique et patron du Parti démocrate de Côte d’Ivoire (PDCI) Henri Konan Bédié, prendra le relais. « L’Afrique est le continent des miracles » lance-t-il.

Malgré les derniers soubresauts, l’intention semble vive et intacte. Soro croit dur comme fer à sa présidentielle. Lorsqu’un journaliste du JDD lui rappelle qu’il est sous la coupe d’un mandat d’arrêt, il balaie les accusations du revers de la main. Comment pourrait-on l’empêcher de parvenir à ses fins ? Comment ADO, « parrain de la rébellion de 2002 » pourrait l’ « accuser de déstabilisation aujourd’hui ? « C’est une belle ironie de l’Histoire » s’amuse-t-il. D’ailleurs, ADO a lui aussi été visé par un mandat d’arrêt en 1999, rappelle-t-il. Il a réussi à battre campagne, en exil. Il a même été élu Président de la République de Côte d’Ivoire. Par deux fois. Pourquoi pas lui ?

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Aussi, à propos de cette accusation pour tentative de coup d’Etat, Guillaume Soro estime-t-il qu’elle est ridicule, subite et suspecte. Aucun mandat d’arrêt n’a été émis contre lui en six mois d’exil en France. Alors pourquoi surgit-il subitement à l’annonce de son retour au bercail ? D’ailleurs en parlant de la France, Soro est vexé, touché. Il déplore qu’Emmanuel Macron, lors de son voyage officiel en Côte d’Ivoire, soit resté muet face à une situation qu’il connaissait pourtant. Il se dit « choqué que l’opinion française ne réagisse pas. Cette visite de Macron en Côte d’Ivoire, c’est (le puissant) Bouygues qui l’a organisée » attaque-t-il le géant opérateur économique qui détient le monopole des terminaux du port autonome d’Abidjan.

Quant aux enregistrements sonores divulgués jeudi en conférence de presse par le Procureur de la République Richard Adou, ils sont sortis de leur contexte, explique Guillaume Soro. Ils dateraient de 2017. S’ils refont surface aujourd’hui, c’est simplement parce qu’ils tombent au bon moment pour Alassane Ouattara. Selon l’ex-chef de la rébellion, ils auraient été recueillis par un homme d’affaires sulfureux, venu l’avertir qu’ADO voulait le tuer et lui proposer son aide pour une éventuelle vengeance. Mais c’était un leurre. L’homme aurait été envoyé par ADO lui-même pour le piéger.

Guillaume Soro se dit serein car le pouvoir ivoirien n’aurait rien contre lui. Alassane Ouattara « instrumentalise simplement la justice pour écarter un candidat sérieux à l’élection présidentielle » conclut-il.

Manuela Pokossy-Coulibaly & Éric Coulibaly
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