Côte d’Ivoire

FPI- Opération « Dignité » pour Affi, menace pour la plateforme de Bédié

Mis à jour le 27 mars 2019
Publié le 27/03/2019 à 5:17

Laurent Gbagbo et Affi N’Guessan se disputent la présidence du FPI. Après la rencontre avortée de Bruxelles, les positions sont désormais connues. La crise est loin d’être finie au FPI. Les spécialistes décryptent la situation.

L’état de leur relation s’est davantage dégradé depuis la rencontre manquée du jeudi 21 mars dernier. Affi N’Guessan, président statutaire du Front Populaire Ivoirien (FPI), et l’ex-chef d’Etat Laurent Gbagbo, fondateur du parti, évoluent désormais sur des positions tranchées, connues. Le FPI s’enlise encore plus dans la crise. Pourtant, l’espoir de voir cette formation se réunifier depuis la sortie de prison de son leader (Laurent Gbagbo), de la Haye, n’avait jamais été aussi proche. Hélas ! Selon Kipré Paul, politologue, cette crise aura des conséquences sur la  plateforme que le président du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié, tente de mettre en place.

« Voilà deux acteurs principaux de cette crise  que sont Affi et Gbagbo avec des acteurs secondaires et acteurs intéressés que sont Mme  Gbagbo Simone et autres membres du FPI en plus de l’ensemble des ivoiriens, y compris les partis politiques. Le contexte, l’environnement de la crise, c’est leur parti politique. Un FPI divisé, par  Affi-Gbagbo. Un FPI écartelé et démystifié par la rupture (autre crise donc  autre risque)  du couple ou trio  Simone- Laurent- Nady (qui est aussi le socle de son histoire). L’environnement, le contexte est donc toujours un FPI historique confronté aux nouvelles générations qui par exemple sont  en âge de voter où 8 ans d’absence de Gbagbo, font de lui un inconnu pour ce nouveau « bétail électoral  » » analyse le spécialiste.

Il jette aussi un regard sur la nouvelle coalition prônée par Henri Konan Bédié. Selon lui, « cet état de fait va mettre assurément  à mal la plateforme espérée par Bédié. Ce qui ouvre  une  possibilité au RHDP qui, au contraire des autres, se fédère et se coalise. Ce regroupement de partis politiques n’aura pas de candidat de taille en face. Je  trouve dommage et  je crains que le président Gbagbo soit frappé par le même égoïsme et narcissisme que le président Bédié » interpelle-t-il.

Affi N’Guessan, avait au bout de moult difficultés réussi à obtenir un rendez-vous avec son mentor d’hier, en Belgique, où il séjourne depuis sa sortie de prison. Le rendez avait été bien ficelé par un proche de l’ex-président ivoirien, selon Affi N’Guessan. Mais elle n’a finalement pas eu lieu pour des raisons que le président officiel du FPI, évoque dans une publication sur sa page Facebook.

« L’entretien avec le président Gbagbo devait se dérouler en présence de M. Assoa Adou. J’ai fait escale à Paris pour que M. Acka et moi fassions chemin ensemble. À ma grande surprise, à mon arrivée à Paris, M. Acka Emmanuel me fait comprendre que le président Gbagbo exige avant de me recevoir que je fasse, au préalable, une déclaration sur Radio France internationale (RFI). Le journaliste Norbert Navaro m’attendait pour celle-ci » explique-t-il avant d’ajouter que « j’ai trouvé l’esprit de cette déclaration, son contexte et son contenu méprisant, insultant et contraire à l’esprit de réconciliation et d’unité du parti qui m’anime. En conséquence, j’ai refusé, j’ai dit « NON » », précise-t-il.

La conférence de presse qui s’en suit dès son retour sur les bords de la lagune Ebrié est plus explicite.

 « Lorsqu’on m’a demandé de faire une déclaration pour reconnaître que le Président Laurent Gbagbo est le président du FPI, j’ai refusé. Car certes, c’est le président fondateur du parti, c’est notre chef, on peut le dire mais il n’est pas le président du parti. Je ne pense pas que ce préalable soit une condition pour la réunification du FPI. Laurent Gbagbo n’est pas un démocrate. C’est sûrement lui qui est à l’origine de la fronde au sein du parti » assène Affi N’Guessan.

Une déclaration qui vient consacrer la rupture entre les deux hommes. Mais pour le politologue François Adou, Pascal Affi N’Guessan, n’a pas épuisé toutes les voies possibles pour rencontrer le président Gbagbo et s’est trop vite empressé de faire une déclaration.

« Il n’aurait pas dû aller en France par intermédiaire mais chercher à discuter directement avec le Président Laurent Gbagbo. Les choses sont un peu plus difficiles pour Affi aujourd’hui parce que cela fait plusieurs années que le Président Gbagbo était en prison. Il n’a pas réussi à le rencontrer avant ce n’est pas aujourd’hui que ça va marcher. Et il n’aurait pas dû courir pour faire une conférence de presse dès son retour en Côte d’Ivoire. Il n’a pas encore épuisé toutes les voies de recours. Faire de telles déclarations vient accentuer davantage la crise et nous montre qu’il n y a plus d’espoir de voir les deux camps pourtant d’un même parti se réconcilier. C’est un bras de fer qui commence et Affi a la légalité avec lui. On risque d’assister à des démissions et aussi à la création de partis politiques de certains cadres du FPI » réagit l’universitaire.

A quelques mois de 2020, l’opposition n’a toujours pas de repère. La plateforme tentée par le président Henri Konan Bédié, peine à se mettre en place et l’un des partis qui devait constituer la base, en l’occurrence le FPI, se fragilise davantage. Tout cela, au moment où le RHDP consolide son assise dans le pays.

Éric Coulibaly

Poleafrique.info.

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