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Force anti-coup d’État et anti-djihadistes: les décisions de la CEDEAO divisent

Mis à jour le 5 décembre 2022
Publié le 05/12/2022 à 4:00 , , , , ,

Depuis Abuja au Nigeria, les dirigeants de la CEDEAO ont décidé de créer une force régionale destinée à intervenir non seulement contre le djihadisme, mais aussi en cas de coup d’État.

Après la mort de la force Ecomog, conçue au départ comme une solution temporaire, une force permanente en 1999, la CEDEAO vient à nouveau d’évoquer un projet dont les contours ne font pas l’unanimité.

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Les dirigeants de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se sont engagés le dimanche 4 décembre 2022, à Abuja au Nigeria, à créer une force de maintien de la paix régionale. Leur souhait est de ramener un peu de stabilité et de sécurité dans une région où les coups d’État et les attaques terroristes se multiplient.

Ce projet, à en croire Umaro Sissoco Embaló, le Président de la Guinée-Bissau, par ailleurs président en exercice de la CEDEAO, devra « permettre à tout le monde de comprendre que nous sommes au 21e siècle et qu’il est inadmissible et inacceptable de faire des coups d’État ».

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Pour plusieurs analystes politiques interrogés par l’Agence Anadolu, le projet est irréaliste et mort-né. C’est l’avis d’Emmanuel Dupuy, le président de l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE), un Think tank spécialisé sur les questions de défense et de sécurité. Selon lui, cette manière du président Bissau Guinéen de vouloir marquer d’une main de fer sa présidence au sommet de la CEDEAO, en déclarant la guerre aux putschistes, contraste avec un contours pour le moins « flou » du projet pour l’heure.

Emmanuel Dupuy rappelle au passage qu’il existait déjà « une force armée en attente de la CEDEAO qui s’appelle ECOMOG créée au début des années 1990 et qui s’était engagée avec beaucoup de critiques » en 1992 au Libéria et en Sierra Leone.

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« J’ai plutôt l’impression qu’on essaie juste de la renommer. Et le fait de la renommer s’inscrit dans une logique lyrique qui n’a pas vraiment une grande consistance », fait savoir le spécialiste.

Pour lui, la CEDEAO gagnerait à « penser à la source qui conduit aux coups d’État ».

Même son de cloche pour le politologue togolais Mohamed Madi Diabakate. Pour lui, le Président Sissoco Embaló passe à côté de l’essentiel.

« La CEDEAO n’est en effet qu’un syndicat des chefs d’État qui a pour mission principale de voler au secours de ses membres, en garantissant les avantages et intérêts des chefs d’État ».  Car, estime t-il, « l’idée derrière cette force sera de faire intervenir des hommes armés dans un pays membre pour faire un contre coup d’État. C’est-à-dire renverser ceux qui ont fait un coup d’État contre un régime élu au pouvoir ». Ce qui présente un énorme risque d’affrontements qui vont sans doute se terminer en bains de sang.

Tristan Sahi

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