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Foncier rural- Une bombe à retardement aux mains de la population

Mis à jour le 27 mai 2018
Publié le 27/05/2018 à 2:36

La question mérite un traitement minutieux pour des solutions pérennes et ainsi éviter l’escalade. Les conflits fonciers en Côte d’Ivoire ne cessent d’année en année d’endeuiller des familles, et d’entraîner des milliers de déplacés. Le dernier fait en date, Gandié, dans la sous préfecture de Gbonné, un village complètement détruit par des visiteurs en colère. Bien avant, c’était la forêt de Goin-Débé, toujours dans l’ouest du pays. La sonnette d’alarme est tirée.

C’est sur les ruines de Gandiè, ce village de la sous préfecture de Gbonné dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire, que refait surface l’épineuse question du foncier rural. A l’origine, une forêt classée illégalement occupée par des allogènes, qui mèneront plus tard une expédition punitive contre les villageois,  après y avoir été délogés. Mais bien avant Gandiè, cette même zone du pays, avait quelques mois auparavant, été le théâtre d’affrontement entre ressortissants Wê et Baoulé. Résultat, plusieurs morts enregistrés. Même si cette fois, aucune perte en vie humaine n’est à déplorer, la bombe du foncier rural en Côte d’Ivoire n’est pas encore désamorcée. Selon le Docteur Albert Yao, sociologue, on n’est pas encore sorti de l’auberge.

« Si on n’y prend garde hélas, la fracture sociale viendra de là. D’ailleurs, la fracture sociale est venu de la terre, du droit de sol, de qui est ou n’est pas ivoirien. Et cela d’autant plus que les enjeux liés à l’exploitation des ressources de la terre (cultures, plantations, fonciers, mines et minérales) sont liés à des nouveaux investissements nationaux, aux intérêts insoupçonnés. Le contrôle de la ressource terre, augure du contrôle des ressources du sol et du sous sol » a t-il analysé.

Et pourtant on tente des solutions. Dans l’ouest du pays, après le conflit de Goin-Débé, des membres du gouvernement notamment Anne Ouloto, ministre de la salubrité urbaine et de l’Environnement, fille de la région, et Alain Donwahi, ministre des Eaux et Forêts sont intervenus pour éviter que de tels événements se reproduisent. Un projet de réhabilitation des forêts classées du Cavally est même en cours. Mais selon le conseil Économique, Social, Culturel et Environnemental qui avait planché sur la question du « foncier rural et l’immatriculation des terres », le lundi 12 mars dernier, « les textes en la matière demeurent explosifs et confligènes », ajoutés à une absence « de sensibilisation et d’informations ». Toute situation propice à d’autres conflits.

« Je crois qu’il y a un début de solution à la gestion du foncier avec l’immatriculation et la délimitation des territoires villageois. Le succès de ce projet sera un début de solution car il va déboucher sur les certificats fonciers individuels. Mais là encore, il y a lieu de faire très attention car la plupart de nos parents au village étant illettrés, certaines mauvaises personnes s’arrangeront pour usurper des terres en établissant des documents fonciers à leur nom. Alors, on assistera à des conflits sans solution car d’un côté, nous aurons le droit coutumier opposé au droit du blanc, Si je peux me permettre l’expression » conclut le sociologue, Yao Albert.

Des propositions pour une prévention durable des conflits fonciers en Côte d’Ivoire ont aussi été faites par les conseillers économiques, sociaux, culturels et environnementaux. Mais leur mise en œuvre n’est pas encore effective et le spectre d’un autre conflit plane encore sur les régions de l’intérieur de la Côte d’Ivoire.

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