Eco-business

Filière cacao : le prix bord champ dévalué sur le terrain, la réaction du Conseil café-cacao

Mis à jour le 18 février 2021
Publié le 18/02/2021 à 4:00 , , , , ,

La commercialisation du cacao ne se fait pas sans couacs pour les producteurs. Alors que le prix bord champ de ce produit agricole est fixé à 1.000 FCFA par les autorités, sur le terrain, la réalité est tout autre.  

La filière connaît des difficultés ! La commercialisation de cacao est fortement perturbée. Plus de 150.000 tonnes de cacao seraient entreposées dans des magasins. Une situation due à la baisse de la demande mondiale et à l’augmentation du prix de la fève. A toutes ces difficultés, s’ajoute l’épineux problème de non-respect du prix bord champ.

« Les acheteurs de produits, nous proposent 750 FCFA le kilogramme de cacao. A la télévision pourtant, les autorités ont annoncé que le prix bord champ de ce produit est de 1.000 FCFA. Comme nous n’avons pas le choix, nous sommes obligés d’accepter », a confié à 7info.ci, Konan Kouassi Isidore, producteur de cacao à Didoko, dans la région du Lôh-Djiboua (sud-ouest).

Les producteurs de la région du Lôh-Djiboua ne sont pas les seuls à subir la loi des acheteurs. Ceux de Séitifla, dans la sous-préfecture de Vavoua au centre-ouest ivoirien sont aussi victimes du diktat des acheteurs.

« Ici, nous vendons notre cacao soit à 600 ou 650 FCFA. Ce sont les prix imposés par les négociants qui sont appliqués et non ceux des autorités ivoiriennes. Et comme ils savent que nous n’avons personne pour nous défendre, ils font ce qu’ils veulent. Nous acceptons cette exploitation parce que nous devons nourrir nos familles », a commenté d’une voix chargée, Koffi Paul, propriétaire d’une plantation de 7 hectares, installé à Séitifla depuis trois décennies.

Quand le silence des victimes fait l’affaire des acheteurs véreux

Selon Franck Sié Kambou, membre du Conseil café-cacao, si jusqu’à présent, il n’y a pas encore de répression contre les auteurs de cette mauvaise pratique, c’est à cause du silence des producteurs. L’ingénieur agronome soutient que ces derniers préfèrent garder le silence au lieu de dénoncer les acheteurs sans scrupule.

« Les difficultés que nous éprouvons dans la lutte contre les acheteurs véreux, c’est le silence des producteurs. Lorsque nous leur demandons de nous montrer ces personnes qui ne respectent pas le prix bord champ, ils refusent. Or, ce sont eux qui les connaissent. Quand on apprend que quelqu’un paie en déca du prix fixé, nous nous déplaçons pour aller voir. Mais ce sont encore les mêmes producteurs qui les défendent. C’est difficile », a-t-il expliqué à 7info.ci.

Avec une production de  plus d’1 200 000 tonnes, la Côte d’Ivoire est le premier pays producteur mondial de cacao. Cette filière occupe une place de choix au sein de l’économie ivoirienne avec 15% du PIB et 40% des recettes d’exportation)

Arnaud Houssou

7info.ci

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