Société

FESCI, les hommes forts de ces 30 dernières années

Mis à jour le 4 juillet 2021
Publié le 27/04/2021 à 6:00 ,

La FESCI, Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire, vient de fêter son trentième anniversaire, un parcours pendant lequel elle a vu se succéder de grands leaders.  

Née de la volonté de défendre les intérêts des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire, la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) a su s’imposer sur l’échiquier national depuis le 21 avril 1990. « Dans l’espoir d’une lutte » pour le bien-être de ses syndiqués, cette organisation a vu se succéder à sa tête plusieurs responsables qui ont écrit son histoire. Mais qui sont-ils ? 7info revient sur ces leaders qui n’ont toujours pas fait l’unanimité.

Ils sont au total 11. Depuis avril 1990 date de sa création, les secrétaires généraux de la FESCI ont dirigé chacun avec son style, ce mouvement des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire. Et ce, parfois en contradiction avec les décisions des gouvernants. De Félix Houphouët-Boigny à Alassane Ouattara, ces « généraux » estudiantins ont marqué leur temps.

Martial Joseph Ahipaud, le tout premier secrétaire général

Son nom est le premier cité lorsqu’on évoque l’histoire de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire. Et cela à juste titre, car Martial Ahipaud est l’un des membres fondateurs de ce syndicat. Il en est aussi le tout premier secrétaire général. D’avril 1990 à septembre 1993, c’est lui qui tenait les rênes de la FESCI. Son nom rime également avec la chaude période scolaire et estudiantine de 1990 qui a vu la mort de l’étudiant Thierry Zébié et la première année blanche dans le pays et son arrestation. Aujourd’hui président d’un parti politique (l’Union pour le Développement et les Libertés (UDL), Dr. Martial Ahipaud est, par ailleurs, consultant en Relations et Intermédiations internationales et enseignant à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké.

Eugène Kouadio Djué,

Deuxième secrétaire général de la FESCI après Martial Ahipaud, Eugène Kouadio Djué est aussi membre fondateur de ce syndicat. Il a dirigé ce mouvement de 1993 à 1994. Son mandat a été marqué par le décès de Félix Houphouët-Boigny, le président ivoirien en décembre 1993. C’est donc dans un contexte relativement calme qu’Eugène Djué a dirigé la FESCI. Le 16 février 2021, il a été nommé conseiller du nouveau ministre de la Réconciliation, Konan Kouadio Bertin.

Jean Blé Guirao, ou la période de transition

Acteur influent de la Fédération estudiantine et scolaire, Jean Blé Guirao a été secrétaire général de ce syndicat pendant une période transitoire allant de 1994 à 1995. De fait, son arrivée à la tête de la FESCI, s’est faite suite à l’éviction du secrétariat général de Djué Eugène à qui l’on reprochait des accointances avec les gouvernants d’alors. Jean Blé Guirao a pour ainsi dire, achevé le mandat d’Eugène Djué.  Aujourd’hui, il est secrétaire général de l’Union pour la Démocratie et la Paix en Côte d’Ivoire (UDPCI), il a occupé le poste de Directeur général du Centre régional des œuvres universitaires d’Abidjan (CROU A1).

Guillaume Kigbafori Soro alias « Général Bogota »

Guillaume Soro a dirigé la FESCI de 1995 à 1998. Son mandat a été émaillé par beaucoup de turbulences. C’est d’abord les revendications bouillantes  pour l’obtention du parapluie atomique pour les étudiants en sciences médicales. Il est aussi le tout premier secrétaire général de ce syndicat à avoir eu des brouilles frontales avec un ministre de la Sécurité en la personne de feu le ministre Marcel Dibonan Koné. C’est également sous le mandat de Guillaume Soro qu’est intervenue la mort de l’étudiant Akplélé Akpélé. Aujourd’hui leader d’un mouvement politique, Guillaume Soro a occupé de très hauts postes au niveau de l’organe étatique: ministre, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale.

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Charles Blé Goudé, alias « Général Gbapê » (1998 – 2001)

Charles Blé Goudé est le 5e secrétaire général de la FESCI. De 1998 à 2001, il dirige ce syndicat. Son mandat a été émaillé par une crise sans précédent au sein de cette organisation : la crise des machettes qui a fait de nombreuses victimes parmi les étudiants. Ce passé sanglant continue de ternir  l’image de la FESCI. C’est aussi sous le règne de « Général Gbapê » qu’a eu lieu le premier coup d’État en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui acquitté par la CPI après un long procès pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre, il vit à La Haye dans l’attente de son retour en Côte d’Ivoire. Blé Goudé a aussi occupé le poste de ministre de la Jeunesse sous le président Laurent Gbagbo.

Jean-Yves Dibopieu, alias « Le Pieu »

2001- 2003, est la période pendant laquelle Jean-Yves Dibopieu a dirigé la FESCI. Sixième secrétaire général de ce syndicat, son mandat a été marqué par des brouilles avec la mairie de Port-Bouët.  Suite à des bagarres rangées entre membres de la FESCI, Hortense Aka Angui, alors maire, avait ordonné de vider toutes les résidences universitaires dans sa commune. Mais cette crise avait trouvé une solution avec l’intervention de feu le ministre de l’Intérieur Boga Doudou Emile. Le mandat de Jean-Yves Dibopieu a aussi vu une dissidence menée par Guéi Paul. Ex-membre de la galaxie patriotique, Jean-Yves Dibopieu dirige un parti politique, ICON (Intégrité et Conscience nationale).

Serge Kuyo, alias « Général Terrain »

Serges Kouyo a à son tour dirigé la FESCI de 2003 à 2005. Son passage à la tête de ce syndicat a permis de redonner une bonne image à l’organisation. D’aucuns n’hésitent pas à dire qu’il a incarné une FESCI responsable avec une gestion plus sobre du mouvement sans recours à la violence. Après deux années de gestion, il meurt le 31 juillet 2007, dans un accident de la route à son retour de la cérémonie de la flamme de la paix à Bouaké.

Serge Koffi dit  « Sroukou Trinmin Trinmin »

Serges Koffi dit STT ou encore Sroukou Trinmin Trinmin a eu un mandat particulièrement brouillant. Son passage à la tête de ce syndicat de 2005 à 2008, s’est fait dans la période des heures chaudes de la rébellion armée qui secouait la Côte d’Ivoire. Le « général STT » est le responsable de la FESCI qui avait une antipathie de la mission onusienne dans le pays. L’on se rappelle qu’il avait exigé la dissolution du Groupe de travail international (GTI) dont la création avait été votée en Conseil de sécurité de l’ONU, et mené des actions pour la dissolution de ce groupe. Ancien membre de la galaxie patriotique, Serges Koffi a occupé les postes de Président de la Coalition nationale pour la Résistance en Côte d’Ivoire (CONARECI). Il a ensuite rejoint l’Union des Nouvelles Générations (UNG) de Stéphane Kipré en tant que porte-parole. Il est aujourd’hui en exil au Canada.

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Augustin Mian, alias « Manicongo »

Le mandat d’Augustin Mian à la tête de la FESCI a duré de 2008 à 2014 a duré . Cette période, notamment en 2010, a coïncidé avec l’organisation des élections présidentielles en Côte d’Ivoire. Moment de troubles général dans le pays, cette période a vu de nombreux étudiants être taxés de miliciens.

Assi Fulgence Assi, dit « général AFA » et Allah Saint Clair dit « Makélélé »

Le premier a dirigé la FESCI de 2014 à 2019 et le second encore en fonction, est le secrétaire général de syndicat depuis 2019. Assi Fulgence Assi a eu mandat sobre sans grands heurts. Allah Saint Claver lui est aujourd’hui présenté comme l’artisan de la suppression des frais COGES.

Fort de ses hommes, la FESCI a su faire du bien-être des élèves et étudiants, son cheval de bataille. Et même si, on l’accuse d’être inféodé à la politique, le « mouvement » reste toujours fidèle à ses idéaux et ses engagements.

Ephrem Thora

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