Ce sera bientôt le retour en Côte d’Ivoire pour le Djidji Ayôkwê. Le Sénat français vient de voter une loi permettant la restitution du tambour sacré Atchan.
La décision du retour du Djidji Ayôkwê est tombée le 29 avril 2025, lorsque le Sénat français a adopté à l’unanimité une loi autorisant sa restitution à la Côte d’Ivoire.
C’était en présence du ministre Mamadou Touré et de l’ambassadeur Maurice Kouakou Bandaman.
Ce tambour n’est pas un simple objet. Il est l’essence même du peuple Atchan (ou Ébrié), un symbole de leur identité et de leur histoire.
Mesurant 3,5 mètres et pesant 430 kg, il servait de « tambour parleur », un moyen de communication vital pour la communauté.
L’instrument annonçait des événements majeurs, rassemblait la population et transmettait des messages à travers les villages.
Mais en 1916, pendant la colonisation, ce tambour a été confisqué par les autorités françaises.
Il a ensuite été transféré au musée d’éthologie du Trocadéro, puis au musée du quai Branly, ou il est resté jusqu’à présent.
Un trajet qui symbolise le détournement de biens culturels africains, une blessure qui perdure depuis plus de 100 ans.
Les autorités françaises, réticentes à rendre ces objets, invoquent le principe d’inaliénabilité des collections publiques, mais aussi des enjeux diplomatiques et culturels complexes.
Ce n’est qu’en avril 2019, que la Côte d’Ivoire a officiellement réclamé le retour du Djidji Ayôkwê. En 2022, une cérémonie de désacralisation a eu lieu en préparation de ce moment historique.
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Aujourd’hui, la loi votée par le Sénat français contourne l’inaliénabilité des collections publiques françaises, permettant la rescision de ce trésor culturel.
Un an maximum pour le retour effectif
Max Brisson, sénateur et rapporteur du texte, a souligné que cette restitution répondait à « l’attente légitime de la communauté Atchan et de toute la nation ivoirienne ».
Ce retour ne se limite pas à un simple objet, il est le symbole d’un pas vers la reconnaissance des injustices du passé colonial.
La démarche pour le retour du Djidji Ayôkwê s’inscrit dans un mouvement plus large pour la restitution des biens culturels africains.
En 2021, la France avait déjà restitué 26 œuvres au Bénin, mais la procédure reste encore fragmentée, chaque retour nécessitant une loi spécifique.
La Côte d’Ivoire, elle, se prépare à accueillir le tambour sacré. Il sera exposé au Musée des Civilisations d’Abidjan.
Eirena Etté