Société

Accusé de proxénète dans une opération non autorisée, il meurt dans leurs mains, les 2 policiers écopent de prison ferme

Mis à jour le 2 mai 2025
Publié le 30/04/2025 à 1:50 , , ,

Deux agents de la police nationale de Côte d’Ivoire viennent d’écoper de peine de prison ferme. Ils ont été reconnus coupables d’abus d’autorité, voie de fait, homicide involontaire et violation de consigne.

 

Les faits remontent au 20 janvier 2025 à Abidjan. Ce jour-là, le sergent de police B.R.Y.S, en poste à la police secours de Cocody, venait de terminer sa garde.

Au lieu de rentrer chez lui pour son repos, il décide de prêter main-forte à l’équipe montante.

Le capitaine en charge de cette équipe décline sa proposition et l’invite à rentrer chez lui pour se reposer. B.R.Y.S insiste. Il avance des difficultés financières, mais il se voit opposer un refus ferme.

Un peu plus tard, aux alentours de 23 heures, le sergent B.N.R.K, en service ce soir-là, demande à se rendre aux toilettes.

Autorisé à aller se soulager, il profite pour quitter discrètement son poste et va rejoindre B.R.Y.S à environ trois kilomètres de là.

Les deux policiers, de leur propre initiative, décident de « démanteler » un présumé réseau de prostitution, sans en référer à leur hiérarchie.

Ils se rendent ensemble dans un immeuble, interpellent le vigile et lui posent des questions insistantes.

Ce dernier leur explique qu’aucune prostituée ne réside dans les lieux depuis plus d’un mois, suite à des plaintes des résidents.

Néanmoins, il leur indique l’appartement où elles vivaient auparavant. Les deux agents s’y rendent, tambourinent à la porte sans succès pendant une dizaine de minutes, avant de la défoncer.

À l’intérieur, ils fouillent l’appartement qui semble vide. Puis entrent dans la chambre principale où ils trouvent M. Dimba Sow, 57 ans, réveillé en sursaut.

Sans explication claire, ils l’accusent de cacher des prostituées. M. Sow, qui venait d’emménager trois jours auparavant, proteste.

Les agents fouillent les lieux en désordre, confisquent le téléphone de l’homme trouvé sur place qui tentait d’appeler à l’aide. Ils l’emmènent ensuite de force devant l’immeuble, où ils le présentent comme un proxénète.

Selon le Tribunal militaire d’Abidjan (TMA) qui raconte les faits, l’un des voisins, M. G.K, de retour d’une sortie nocturne vers 2 heures du matin, s’étonne de la scène.

Malgré la menace d’une arme brandie par l’un des policiers, il tente d’intervenir, affirmant que M. Sow est étranger au supposé réseau.

Les policiers finissent par renoncer à leur arrestation improvisée, mais refusent de restituer le téléphone confisqué.

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Alors que M. Sow fouille ses poches, probablement pour récupérer ses effets, il est soudainement pris de malaise.

B.R.Y.S quitte aussitôt les lieux. Pris de remords, B.N.R.K tente de lui porter secours en le mettant en position latérale de sécurité et demande aux riverains d’alerter le SAMU.

Avant l’arriver des secours il quitte lui aussi les lieux et retourne tranquillement à son poste.

À leur arrivée, les secours constatent le décès de M. Sow. Les pompes funèbres sont appelées. Bouleversés, M. G.K et un autre résident de l’immeuble se rendent au commissariat pour rapporter les faits.

Dans un premier temps, les policiers nient les faits, indique le TMA dans son poste sa page Facebook. Mais au cours du procès devant le Tribunal militaire, ils finissent par reconnaître l’ensemble des charges retenues contre eux.

Ayant pris l’initiative de mener une intervention non autorisée qui a conduit, en janvier 2025, au décès de cet homme, à Abidjan, les sergents de police B.R.Y.S et B.N.R.K, interpellés depuis le 4 février 2025, ont été jugés et reconnus coupables le 17 avril 2025 par le Tribunal militaire d’Abidjan (TMA).

Âgé de 30 ans, le sergent de police B.R.Y.S a été reconnu coupable d’abus d’autorité, de voie de fait, d’omission de porter secours, d’homicide involontaire et de violation de consigne.

Il a été condamné à 18 mois d’emprisonnement ferme, assortis d’une amende de 300 000 FCFA à verser à l’Etat ivoirien.

Le sergent de police B.N.R.K, 28 ans, a quant à lui écopé de 12 mois d’emprisonnement ferme et devra également s’acquitter d’une amende de 300 000 FCFA.

Il était poursuivi pour abandon de poste, abus d’autorité, voie de fait, homicide involontaire et violation de consigne.

À l’issue du verdict, le tribunal ainsi que les avocats des accusés ont présenté leurs condoléances à la famille du défunt, fait savoir le Tribunal militaire d’Abidjan.

Richard Yasseu

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