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Coopération économique, la Côte d’Ivoire perd deux places dans ses rapports avec le Burkina Faso, des douaniers en cause

Mis à jour le 26 juillet 2018
Publié le 26/07/2018 à 7:01 , , , ,

Le premier Forum économique  ivoiro-Burkinabè d’affaires a occupé une place de choix dans l’agenda des Premiers Ministres des deux pays. Au bilan de l’évaluation faite par les opérateurs économiques, sans complaisance, les deux pays pourraient être un « modèle » mais, il faudrait lever les obstacles qui parsèment le corridor Abidjan-Ouagadougou.

La Côte d’Ivoire n’est plus le 1er partenaire économique sur le transit burkinabè mais occupe désormais la 3è place. Cette perte de deux places ne fait pas plaisir aux opérateurs économiques des deux pays, surtout aux burkinabè qui voudraient facilement acheminer leurs frets par les ports ivoiriens. Mais que de difficultés, à en croire les intervenants au 1er Forum économique Ivoiro-burkinabè d’affaires, qui se tient toute cette journée du 26 juillet à Yamoussoukro, en marge du 7è Sommet du Traité d’amitié et de coopération entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.

A la sortie des panels, Touré Faman, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire, qui s’exprimait au nom de la chambre de commerce régionale a indiqué à PôleAfrique.info que « Nous attendons des opérateurs économiques d’abord ivoiriens, la prise au bond de la balle lancée par nos autorités, particulièrement le Premier Ministre, Amadou Gon Coulibaly qui nous a encouragés, qui s’est engagé pour que tout soit réuni pour que nous puissions avoir de bons partenariats avec nos collègues burkinabè ; d’abord au niveau des chambres de commerce et d’industrie, ensuite au niveau des organisations patronales et enfin au niveau de nos hommes d’affaires. »

« Du côté du Burkina Faso, nous avons été ravis de la ferme volonté, de la détermination, je dirai l’enthousiasme du Premier Ministre Burkinabè, Paul Kaba Thiéba, qui a foi en ce partenariat, aux échanges et qui a décrit un certain nombre de domaines où nous devons établir de très bonnes relations de coopération  du point de vue business et justement les conditions sont en création de telle sorte que tous les freins à l’investissement au Burkina Faso soient levés. Ainsi, il y a de nouveaux codes d’investissement et minier et il y a une souplesse. Il a même dit qu’on peut créer une entreprise au Burkina Faso à 5000 FCFA et qu’il n’y aura plus de mesures visant à faire de telle sorte qu’un investisseur étranger ne puisse pas investir au Burkina Faso. Selon ses vœux, on doit aboutir à ne plus spécifier l’investisseur, qu’on ne parle plus d’investisseur burkinabè ou ivoirien mais d’investisseur tout court » se réjouit le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire, organisateur de ce premier forum.

Il soutient que «  la première volonté est venue de nos deux chefs d’Etat, Dr Alassane Ouattara et Roch Marc-Christian Kaboré qui ont ciblé cela et demandé aux experts  d’y réfléchir pour qu’en marge du Sommet de Traité et d’amitié et de coopération, qu’il y ait désormais un forum. C’est pour que les échanges soient renforcés, que nous soyons des modèles dans l’UEMOA et des modèles de la CEDEAO et pourquoi pas pour l’Afrique. C’est une mission qui a été confiée à nos ministres de l’Industrie et du Commerce respectif et aux présidents des chambres de commerce et des organisations patronales et faîtières de nos deux pays. Nous sommes sortis fiers et heureux. L’accent a été mis sur un certain nombre de préoccupations parce que les opérateurs économiques ont exprimé leurs préoccupations, ont indiqué leurs soucis par rapport aux obstacles qu’ils rencontrent et si au niveau de la chambre consulaire régionale, qui est un organe de l’UEMOA et qui est animée également par les chambres de commerce et les opérateurs économiques de notre zone, si effectivement toutes ces doléances que nous avons entendues, à travers les panels, sont bien enregistrées et soumises à nos autorités, et qu’il y a des solutions, je pense que nous allons être des modèles » espère Touré Faman.

D’obstacles, il en a été question. Le bureau 9 des douanes ivoiriennes, au port d’Abidjan a été mis à l’index par un opérateur économique burkinabè. Il a relevé le manque d’entrepôts et d’espace pour en construire afin de stocker l’anacarde. La non-signature des cartes de transport des camions de sociétés burkinabè travaillant en Côte d’Ivoire n’est pas passée sous silence.

« Au bureau 9 des douanes du port d’Abidjan, des douaniers nous disent que si nos procédures ne vous arrangent pas, vous allez dans d’autres ports. Nous aussi, avons commencé à expérimenter d’autres ports, raison de la perte de la première place par la Côte d’Ivoire au niveau du transit de fret burkinabè » a révélé un chef d’entreprise.

Néanmoins, Dr Parfait Kouassi, vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire a balisé la route afin que de mauvaises impressions ne soient laissées aux hommes d’affaires burkinabè, venus nombreux à ce premier forum.

Au patron de la société SOCEF qui se plaignait du manque de balises, Dr Parfait Kouassi a repliqué : « Je me demande depuis quand vous n’avez pas fait d’exportation. Depuis plus d’un an, il n’y a plus de problème de balise. Il y a au maximum 200 camions sur les routes. Nous disposons de 1400 balises mais vos chauffeurs ont des comportements peu catholiques sur le trajet. Chaque balise est pour quatre jours en aller et retour. Nous ne comprenons pas cette plainte. En tant que CCI-CI, nous avons des balises à mettre à disposition des camionneurs. Nous avons fait les investissements nécessaires pour faire partir les camions » a tempéré Dr Parfait Kouassi.

Sur les autres préoccupations, des membres experts des commissions techniques ivoiro-burkinabè ont suggéré la saisine des plus hautes autorités afin que solutions idoines soient trouvées.  Et un chef d’entreprise d’estimer que « souvent, des décisions sont prises sans lien avec le terrain. C’est notre rôle d’attirer l’attention de ceux qui de leurs bureaux, imposent des taxes qui vont souvent dans des caisses parallèles. »

Il faisait allusion aux nombreuses taxes dont l’une porte sur le contrôle vétérinaire de produit halieutique en transit pour le Burkina Faso, à 1000 F la tonne.

A la fin des premiers échanges, Mme Ouédraogo, de la délégation burkinabè a fait savoir que « l’espoir est permis ».

Adam’s Régis SOUAGA, Envoyé Spécial à Yamoussoukro

Source : Rédaction PôleAfrique.info

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