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CEDEAO : la force anti-coup d’État en remplacement de l’ECOMOG ?

Mis à jour le 29 juillet 2022
Publié le 29/07/2022 à 4:00 , ,
Militaires maliens à Bamako. Les chefs militaires des Etats membres de la Cédéao ont indiqué mercredi que les troupes françaises recevraient prochainement le renfort de 2.000 soldats africains dans le cadre de l'opération militaire menée au Mali sous mandat de l'Onu. /Photo prise le 16 janvier 2013/REUTERS/Joe Penney

En plus de l’ECOMOG, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), veut mettre sur pied une autre force pour lutter contre les coups d’État dans la sous-région.

 

 

Umaro Sissoco Embalo, le président de la Guinée-Bissau aussi président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a annoncé le jeudi 28 juillet 2022, la création prochaine d’une force anti-coup d’État.

 

« Il y a déjà sur la table de la CEDEAO un projet de création d’une force anti-putsch qu’on est en train de penser à créer (…). Cette entité va permettre à tout le monde de comprendre que nous sommes au 21e siècle et qu’il est inadmissible et inacceptable de faire des coups d’État », a-t-il déclaré en marge d’une conférence de presse conjointe avec son homologue français, Emmanuel Macron en visite en Guinée-Bissau.

 

Or, la CEDEAO dispose déjà d’une force appelée ECOMOG, la création d’une nouvelle force « anti-putsch » suscite déjà des interrogations. Si cette force voyait le jour, à quoi servirait l’ECOMOG ?

Selon le journaliste-écrivain Seidik Abba, l’idée de créer une force anti-coup d’État serait une initiative du président bissau-guinéen.

« La création d’une force anti-coup d’État est une nouvelle chose qui n’est pas encore inscrite dans les textes qui régissent la CEDEAO. Dans le protocole additionnel qui a été voté en 2001 à Dakar, il n’est pas prévu de force anti-coup d’État. C’est une nouvelle idée que le président Embalo a lancée », a-t-il déclaré. Et d’expliquer : « Et cette force, on attend de voir sa composition. Elle est totalement différente de l’ECOMOG qui est une force en attente comme vous le savez l’UA à une force en attente et chaque sous-région doit avoir une force en attente. ECOMOG est une sorte d’embryon d’une force en attente de la force en attente de l’UA concernant l’Afrique de l’Ouest. L’ECOMOG au Liberia en Sierra Leon et plus récemment elle est intervenue en Gambie pour faire partir Yaya Jammeh. Sa mission est totalement différente. Ce n’est pas une force anti-coup d’État ».

 

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Pour le journaliste-écrivain, il serait difficile, voire impossible que cette force voit le jour, car certains pays de la CEDEAO n’accepteraient pas de s’engager.

« Si cette force est créée ce qui m’étonnerait, sa mission serait différente de l’ECOMOG. Il y a des pays de la CEDEAO qui n’accepteraient pas de s’engager dans une force anti-coup d’État. Une force anti-coup d’État, c’est très discutable. Est-ce que cette force va intervenir lorsqu’il y a des modifications de constitution, va-t-elle intervenir pour empêcher le troisième mandat. Cette force crée plus d’interrogations que de réponses », a-t-il, soutenu.

Le 1er février 2022, des hommes armés avaient fait irruption dans le palais du gouvernement à Bissau, alors que le président Embalo tenait une réunion avec les membres du gouvernement. Une fusillade avait éclaté. Après plusieurs d’affrontements, les troupes gouvernementales avaient réussi à repousser les assaillants.

« Depuis 1974, la Guinée-Bissau a connu une douzaine de coups d’État ou tentatives de coup d’État. À travers cette force dite d’anti-coup d’État, le président Umaro Sissoco Embalo veut protéger son pouvoir », affirme Léon Séka, doctorant en sciences politiques à l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan.

Depuis 2020, la région ouest-africaine a connu 6 coups d’État ou tentative de coups d’État.

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