Société

Avant le dimanche 29 mars et le confinement d’Abidjan, c’est la ruée vers les villes de l’intérieur du pays

Mis à jour le 27 mars 2020
Publié le 27/03/2020 à 11:03 , , , , ,

Tous s’attendaient à ce que la limitation des voyages entre Abidjan et l’intérieur du pays, soit pour ce jeudi 26 mars, mais ce sera finalement le dimanche 29 mars à minuit.

La Côte d’Ivoire a décidé d’utiliser les grands moyens pour lutter contre le Covid-19, qui a déjà touché plus de 80 personnes.

Alassane Ouattara a pris certaines mesures le lundi 23 mars dernier au nombre desquelles, « La régulation des transport interurbains, et l’interdiction des déplacements non autorisés entre Abidjan et l’intérieur du pays ».

Pour donc fuir le confinement annoncé d’Abidjan, avec ses quelques 5 millions d’habitants, beaucoup d’ Abidjanais, qui ont leurs villages à l’intérieur du pays, ont fait le choix du départ.

Assise au coin d’un banc en béton, Amah.K vêtue d’un haut et un pantalon rose attend un mini-car appelé communément « Massa » pour se rendre en famille à Abengourou (est).

« Ma patronne à la Palmeraie m’a dit de rentrer en famille parce que la ville d’Abidjan sera mise en quarantaine », explique cette servante rencontrée à la gare internationale d’Abobo.

Des voyageurs de tout âge continuent d’affluer, chacun veut quitter la capitale économique pour se mettre à l’abri dans un lieu ‘’plus sûr’’. S’il en existe encore!

« Nos parents nous ont dit d’aller au village à Abengourou afin d’éviter d’être contaminer par ‘’leur nouvelle maladie’’ », indique Odile Koua, élève en seconde au lycée moderne d’Abobo. « Au village, les gens ne sont pas malades. C’est uniquement ici à Abidjan qu’il y a des malades » fait savoir l’élève, visiblement heureux de sortir de la zone endémique ivoirienne.

Certains enfants de son âge ne souhaitent pas partir mais ils y sont forcés par leurs parents en raison du confinement qui selon certains peut déboucher sur une pénurie de vivres.

« Avec le confinement général et la fermeture de commerces, c’est sûr qu’Abidjan sera en manque de denrées alimentaires. Pour éviter que mes enfants aient faim, je préfère qu’ils rentrent à Agbaou. Là-bas, ils ne mourront jamais de faim », soutient un quaternaire accompagné d’un garçon d’une dizaine d’années. Le gamin éclate en sanglots. Il ne veut pas partir au village. Son père lui administre une fessée puis le confie à un proche. Un quart d’heure plus tard, ils embarquent pour Akoupé.

Un plus loin à Adjamé, commune qui abrite la plus grande gare routière de Côte d’Ivoire, c’est la même ambiance de départ précipité.  Cet espace de transit est incontournable car en Côte d’Ivoire, c’est le voyage terrestre qui structure les déplacements des populations.

Non loin de l’église Universelle, des mini cars sont garés. Des jeunes gens appelés ‘’coxers’’ ont pour mission d’attirer les clients vers les compagnies de transport. Ils approchent les passants et leur murmurent à l’oreille « Bouaké, Yamoussoukro, Tiébissou, Daloa… ».

La flambée des prix

Selon l’économie de marché, lorsque la demande est supérieure à l’offre, il faut que les entreprises augmentent leurs prix. Cette loi économique est appliquée en ces temps de psychose.

« Nous partons pour Bouaké ma sœur et moi. Le transport est passé de 6000 FCFA à 10.000 FCFA. Nous n’avons pas le choix », indique Cyril Kouadio, étudiant en informatique. Le transport pour se rendre à Yamoussoukro est passé au double, de 4000 FCFA à 8000 FCFA.

Une bonne partie de la population abidjanaise se précipite vers les villes de l’intérieur.

Pour des raisons non élucidées, le ministre de Sécurité et de la protection civile, le Général Diomandé Vagondo, a décidé dans la soirée du jeudi 26 de reporter le confinement de la ville d’Abidjan au dimanche 29 mars prochain. Sûrement pour permettre à tous d’avoir un peu d’économie résiduelle à la maison avant le bouclage total d’Abidjan.

Un report qui fait grincer des dents. La Côte d’Ivoire a, à ce jour 96 cas de Covid-19 qui sont principalement recensé à Abidjan. Ce report de la fermeture des entrées de la capitale économique pourrait permettre à des personnes atteintes du Covid-19 de propager la maladie dans d’autres villes.

Arnaud Houssou

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