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Après l’agression mortelle de l’un des leurs, les propriétaires de point mobile money appellent l’État à l’aide

Mis à jour le 28 juillet 2022
Publié le 28/07/2022 à 8:00 , ,
Mobile money, les consommateurs otages des opérateurs et prestataires de services

Encore un propriétaire de point de vente (PDV) mobile money qui perd la vie sous des balles assassines. Le jeudi 21 juillet dernier, Ferdinand Zogbé a succombé à ses blessures suite à une agression au quartier Mossikro dans la commune d’Attécoubé, alors qu’il finissait son service.

 

Face à cette situation, le Syndicat national des propriétaires de points de vente mobile money de Côte d’Ivoire (SYNAM-CI) appelle l’État à garantir leur sécurité.

Ils sont plus de 200.000 PDV répartis sur l’ensemble du territoire national qui facilitent les transactions financières via mobile money. Malheureusement, depuis quelque temps ils ont en commun une crainte, celle de ne pas être sûrs de rentrer sains et saufs après le boulot.
Et pour cause, un des leurs, Ferdinand Zogbé, propriétaire de PDV au quartier Mossikro a été agressé mortellement par des individus. Selon les informations en notre possession, l’agression aurait eu lieu à la fermeture de son point de vente, aux environs de 21h, dans la nuit du jeudi 21 juillet 2022.

Les agresseurs lui auraient intimé l’ordre de leur remettre son matériel de travail et l’argent en sa possession. Non contents de l’avoir dépouillé, ils achèvent leur sale besogne en le criblant de balles au niveau des jambes. Transféré d’urgence dans un centre hospitalier de la place, Ferdinand Zogbé rend malheureusement l’âme après son évacuation.

Joint par 7 info, le secrétaire général adjoint du SYNAM-CI a révélé que leurs membres sont confrontés à plusieurs risques de différents ordres dans le cadre de leurs activités.

 

« Les risques, nous en courons beaucoup, et cela au quotidien. Nous avons d’abord les dépôts par erreur sur un compte suite auxquels par moment le propriétaire de PDV n’est pas sûr de récupérer ses fonds, les arnaques par SMS, les arnaques par appels et les arnaques physiques. A cela il faut ajouter le manque de formation des gestionnaires de PDV qui ne reçoivent comme informations que la procédure de dépôt et de retrait de fonds. Un agent mal formé est susceptible de commettre beaucoup d’erreurs qui peuvent mettre à mal le business », explique Coulibaly Félix.

 

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Mais un risque encore plus grand plane,  comme une épée de Damoclès, sur la tête des propriétaires de points de vente de mobile money : les agressions armées.

 

« Depuis 2010, année qui marque l’essor des PDV en Côte d’Ivoire, les malfrats ont toujours tenté de cambrioler nos locaux vu que nous y laissions à l’époque notre matériel et notre argent. Mais lorsque les cambriolages ont commencé nous avons décidé de tout emporter à la maison après le boulot. Donc comme les bandits l’ont compris, désormais ils attendent soit à la fermeture de nos magasins ou lorsque nous sommes en chemin pour nos domiciles pour nous agresser. Même nos agents à moto lorsqu’ils vont faire leurs différents versements au cours de la journée n’y échappent pas », confie le secrétaire général adjoint du SYNAM-CI à 7 info.

 

Les mis en cause dans l’insécurité que vivent les propriétaires de PDV

Depuis l’avènement des points de vente de mobile money en 2008, les PDV poussent comme des champignons partout dans le pays. Malheureusement le métier ne nourrit pas toujours son homme au regard des récents bras de fer entre les propriétaires de PDV et les leurs partenaires que sont les opérateurs de téléphonie mobile.

Pour Coulibaly Félix, la principale cause de l’insécurité au niveau des PDV c’est la faiblesse des commissions qui sont octroyées aux propriétaires sur les différentes transactions.

 

« Si vous sillonnez le pays, vous allez constater qu’il y a des PDV qui sont très sécurisés avec des vigiles armés et ceux-là appartiennent le plus souvent à nos partenaires. Le souci c’est que nous autres ne pouvons pas nous permettre d’engager des vigiles à hauteur de 80 ou 100.000 FCFA par mois simplement parce que les commissions que nous percevons ne nous permettent même pas de faire face à nos charges. Le retour  sur nos investissements est vraiment insuffisant », soutient le secrétaire général adjoint du SYNAM-CI.

 

Pour rappel, en juin dernier, le Syndicat des propriétaires de points de vente de mobile money avait entamé un arrêt de travail de 72 heures sur l’ensemble du territoire. Les raisons, le non-respect par les opérateurs de téléphonie mobile des exigences des rencontres des 19 et 20 mai 2022 avec le ministère de tutelle et le mauvais paiement des commissions et rémunérations par les opérateurs.

L’intervention de l’État de Côte d’Ivoire devient cruciale pour la survie des PDV

 

« Notre souhait c’est de sortir cette activité de l’informel. C’est notre présence, notre disponibilité et notre proximité avec la population qui font que grâce à cette activité l’État de Côte d’Ivoire peut aspirer à l’inclusion financière. Si nos autorités ne se penchent pas sur notre situation, les PDV seront progressivement amenés à disparaître. Aujourd’hui, lorsque nous sortons de chez nous, nous avons peur parce que nous ne savons pas si nous allons revenir en vie auprès de nos familles. Il est clair que la sécurité que nous souhaitons dépendra des commissions qui nous seront reversées. Nous demandons donc à nos partenaires de revoir ces commissions-là. En réalité nous ne sommes pas des ennemis, car c’est grâce à eux que nous avons de l’emploi et c’est grâce à nous que leurs produits sont consommés par la population. Donc qu’ils ne fassent pas de nous des clochards et qu’ils nous permettent de vivre décemment de notre activité », tel est le cri de cœur lancé par Coulibaly Félix au nom de ses pairs.

 

Aujourd’hui, avec ces nombreux morts dans leurs rangs, certains propriétaires de PDV pensent à se reconvertir dans d’autres secteurs d’activités.

« Nous souhaitons qu’il y ait un cadre permanent d’échanges entre nous, les propriétaires de PDV, les opérateurs de téléphonie mobile, l’ARTCI, la BCEAO et l’État ivoirien, afin que cette activité puisse prospérer », a conclu le secrétaire général adjoint du SYNAM-CI.

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