Alassane Ouattara a clos hier le débat sur sa supposée candidature à la présidentielle de 2020. L’alternance attendue en faveur d’un cadre actif du PDCI-RDA, a reçu réponse. A l’occasion de la grand’messe au Sofitel hôtel Ivoire, ce lundi 16 juillet, il a relaté le parcours qui a abouti à cette naissance par césarienne du RHDP depuis le 31 octobre 2017. Avant la mise en place du comité de haut niveau du RHDP, il y a eu le 18 mai 2005, la naissance de l’alliance pour faire front au FPI et  « La Majorité présidentielle » (LMP) affiliée à Laurent Gbagbo. De ce parcours qui a abouti ce lundi 16 juillet à la création du parti unifié, on retient l’omniprésence d’Henri Konan Bédié dans la prise de décision. Le président du PDCI a été à chaque étape de ce rendez-vous.  

 

Depuis le début du second mandat d’Alassane Ouattara, le PDCI n’a eu de cesse de lui rappeler ce refrain de son président, l’alternance avant tout au profit du PDCI. L’homme avait toujours botté en touche, sans répondre ouvertement. En privé il avait toujours fait savoir à ses hommes que « l’erreur ne doit pas venir de nous », selon une source bien introduite, observant de fait les manœuvres trop visibles comme le dos du nageur du PDCI. Ce lundi 16 juillet, Alassane Ouattara, qui a appris la politique, a franchi un rubicond : « (…) les congrès de nos différents partis ont adopté les statuts du parti unifié à l’exception du PDCI, qui a prévu de les examiner au cours de son prochain congrès après 2020. Après 2020, ça veut dire après les élections présidentielles d’octobre 2020. Cela n’est pas acceptable. Oui cela n’est pas acceptable parce que nous voulons rester ensemble. Nous voulons cette union. Nous sommes les enfants d’Houphouët-Boigny » a rétorqué le désormais président du RHDP. Voilà qui est clair ! Ouattara a pour une fois dit non à Bédié et au groupe de cadres qui font de la bravade une option politique pour tordre le bras au RDR.

Pour couper court à toutes supputations, Alassane Ouattara a annoncé le passage de témoin à la « nouvelle génération en 2020 », sans nommer qui que ce soit quand on sait qu’en Afrique, on ne désigne pas son successeur de son vivant. Mais, le petit-fils de Sékou Ouattara a tout de même fermé la porte à ce débat malsain sur l’alternance au profit du PDCI. « Je peux vous assurer que je ferai tout pour que le RHDP continue de gagner les élections pour nous permettre en 2020 de transférer le pouvoir à une nouvelle génération (…). C’est important de dire que les générations se renouvellent. La France a aujourd’hui un président qui a 40 ans. Je n’ai pas dit que je suis trop vieux, mais cela donne à réfléchir. Le monde change. Le Premier Ministre d’Autriche a 31 ans. Le Premier Ministre de Belgique a 38 ans. Nous devons travailler, le président Bédié et moi, main dans la main, pour transférer le pouvoir à de nouvelles générations en 2020 » a insisté Alassane Ouattara. Si Henri Konan Bédié peut par la Constitution être candidat à une élection présidentielle, initiative dont il n’a jamais avoué être porteur mais sans le nier, ses hagiographes et troubadours qui sonnent le clairon autour de lui sont avertis. Reste à savoir quelle sera la manœuvre du « Bouddha » de Daoukro, invité à la table de discussion par la même occasion. En bon disciple de Félix Houphouët-Boigny, va-t-il saisir cette main tendue autour du dialogue et accepter de passer la main à la nouvelle génération ? Lui qui rêvait sans que ces suiveurs n’aient le courage de le dire aux ivoiriens, de se représenter par l’alternance, à la prochaine présidentielle afin d’achever sa sortie politique sur une note plus gaie. On se rappelle qu’il fut la grosse victime du premier coup d’Etat, le 24 décembre 1999, de l’Histoire de la Côte d’Ivoire. Aussi, estimait-il en devoir et en droit, en sa faveur et pour le RDR et son président d’honneur, de lui tresser la couronne et lui faire la haie d’honneur après deux mandats de Ouattara. Au-delà du bref séjour de Bédié au Golf hôtel, que faisaient certains de ses militants au plus fort de la crise postélectorale tandis que les sympathisants et militants du parti de Ouattara, « qui aiment la violence » entend-on dire, se battaient contre les hommes de Gbagbo ?

La passation de pouvoir n’est une course de relais. Ce matin, Bédié s’est réveillé, heureux que sa stratégie fonctionne pour son propre bonheur. Car, en définitive, il a signé tous les communiqués, désignant des représentants à la messe de ce lundi et  les récusant par un autre texte maladroit signé depuis Yamoussoukro. Il contente les pros et les anti-partis unifiés et demeure pour ce faire, le seul maître du jeu sur le dos égratigné de l’éléphant, perdu dans ce dédale d’intérêts individuels, loin des préoccupations des Ivoiriens.

Adam’s Régis SOUAGA

Source : rédaction PôleAfrique.info