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Ali Bongo fout des détourneurs de deniers publics en prison

Mis à jour le 2 décembre 2019
Publié le 02/12/2019 à 2:25 , , , ,

Ce jeudi 28 novembre, une vingtaine de personnes ont été interpellées et huit d’entre elles ont été placées en détention provisoire dans le cadre de l’opération anti-corruption « Mamba ».

Lancée début 2017 par le président Ali Bongo Ondimba, l’affaire fait grand bruit car elle implique de nombreux hauts fonctionnaires et ministres. Ces dernières semaines, une vague d’interpellations sur fond de soupçons de corruption et malversations financières secoue le Gabon. Les dernières, celle d’Ike Ngouoni, chargé de communication de la présidence gabonaise, celle du Procureur de la République, Olivier N’Zahou et celle de Noël Mbamba, patron de la compagnie pétrolière nationale.

La chasse aux corrompus a été lancée en 2017 par le président Ali Bongo Ondimba après l’éviction de Brice Laccruche Alihanga à la direction du cabinet présidentiel. Les dernières interpellations en date d’Iké Ngouoni, Olivier N’Zahou et Noël Mboumba, patron de la compagnie pétrolière nationale, viennent alimenter l’échiquier politique gabonais.

« Des poursuites sont exercées contre des compatriotes pour des faits de détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux » a déclaré André Patrick Roponat, actuel Procureur de la République de Libreville. Au total, seize personnes ont été présentées devant un juge mercredi et huit d’entre elles ont été placées en détention provisoire ou en liberté préventive. Au coeur de l’enquête figure la gestion de l’entreprise publique Gabon Oil Company (GOC). Selon un article du quotidien l’Union, 85 milliards de francs CFA se seraient « volatilisés ». L’enquête du quotidien pro-gouvernemental cible une société privée ayant contracté avec la GOC : la Dupont Consulting Company, dont l’administrateur se trouve être le frère de M. Laccruche Alihanga, Grégory Alihanga.

Ce dernier a d’ailleurs été interpellé mercredi mais ne figure pas parmi la liste des accusés, a indiqué une source proche du pouvoir à l’Agence France-Presse (AFP).

Ainsi, l’ancien porte-parole de la présidence Ike Ngouoni, (et bras droit d’Alihanga) a été arrêté ce jeudi. Il est toujours en garde à vue à l’heure actuelle. Brice Laccruche Alihanga, lui, a été relégué au poste de simple ministre et fait profil bas, alors qu’il n’avait cessé de gagner en influence depuis l’AVC du président Bongo en 2018. Le Procureur de la République, Olivier N’Zahou n’est pas épargné et se cacherait actuellement car il a l’impression « qu’on veut en finir avec lui » a rapporté son avocat Maître Anges Kevin Nzigou.

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Les avocats de plusieurs autres accusés crient au scandale. Selon Boris Rosenthal, avocat de M.Ngouoni, l’opération Mamba serait une « vendetta politique ». La presse de l’opposition, quant à elle, parle « d’une chasse aux sorcières ».

De son côté, la présidence a appelé à « dépolitiser » l’enquête. « S’il y a des soupçons, il n’y a pas d’impunité (…) Maintenant c’est à la justice de faire son travail » a déclaré Jessye Ella Ekogha, actuelle porte-parole de la présidence.

Par ailleurs, la présidence a procédé à plusieurs changements aux postes clefs des services de renseignement et de sécurité ces derniers jours.

Face à ces soubresauts politiques, une partie de l’opposition affirme que le président Bongo n’est plus en capacité de diriger le pays. Elle exige une expertise sur son état de santé depuis le début de l’année et dénonce « les impostures » à la tête du pays, qui témoignent selon elle « du pouvoir grandissant » de Sylvia Bongo et leur fils.

Mais la présidence gabonaise balaie toutes ces allégations. Vendredi dernier, Ali Bongo Ondimba a présidé un conseil extraordinaire de la magistrature, une première en dix ans au pouvoir. « Parler d’inaptitude alors que le président a présidé un Conseil supérieur de la magistrature il y a quelque jours ne peut être pris au sérieux » a déclaré la porte-parole de la présidence Jessye Ella Ekogha.

Manuela POKOSSY-COULIBALY

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