Politique

Alassane Ouattara au pied du mur de la paix à Yamoussoukro

Mis à jour le 5 mars 2020
Publié le 05/03/2020 à 10:27 , , ,

Depuis Yamoussoukro, la capitale politique et administrative ivoirienne, Alassane Ouattara s’adressera aux élus, députés et Sénateurs. Ce discours intervient au moment où la Côte d’Ivoire s’apprête à aborder la période avant les élections, qui suscitent déjà des angoisses au sein de la population.

Ce jeudi 5 mars, le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara est très attendu. Le moment choisi pour s’exprimer prête à une attention particulière. Dans le mois d’octobre prochain, les ivoiriens se rendront aux urnes pour élire un nouveau président qui sera aux commandes de l’Etat pour un mandat de cinq ans. Le sujet à aborder est tout aussi très évocateur. Selon le communiqué du Sénat ivoirien, Alassane Ouattara s’exprimera sur « des projets de loi portant révision constitutionnelle et modification du Code électoral ». Depuis début janvier, le gouvernement ivoirien a entrepris des discussions avec l’opposition et la société civile sur la question du nouveau code électoral à élaborer. Les échanges achoppent jusque-là. L’opposition rejetant plusieurs points. D’où des désaccords qui empêchent la signature du document final. L’opposition s’en est remise au Chef de l’Etat Alassane Ouattara.

Alassane Ouattara l’avait annoncé début janvier au cours de la présentation mutuelle des vœux de nouvel an 2020 avec les corps constitués. Déjà, la question divise. Des partis de l’opposition estiment que le président ivoirien veut modifier la loi fondamentale afin de se maintenir au pouvoir, et par ricochet écarter des adversaires. Alassane Ouattara lui, rassure pourtant. « Tout le monde pourra être candidat, même si tu as cent ans », soutient-il en substance. Toutefois, le président ivoirien entretient toujours le suspens sur sa candidature à la présidentielle prévue en octobre prochain. Il la subordonne même à celle de ses prédécesseurs. « Je ne souhaite pas être candidat. Mon intime conviction est qu’après deux mandats, il faut passer la main. L’année prochaine, j’aurai 78 ans. Ce que l’on peut faire à 68 ans, on ne peut plus le faire à 78, à fortiori à 85 ou 86 ans. À partir de cela, j’estime que c’est mieux que tous ceux de ma génération décident par eux-mêmes de ne pas être candidat. Maintenant, s’ils décident de l’être, compte-tenu de leurs bilans, de leur capacité à gérer la Côte d’Ivoire, je trouverai une autre solution, y compris celle de continuer. La Constitution m’autorise à faire deux autres mandats et je pourrais le faire sans aucune difficulté parce que je suis en parfaite santé. Ça ne veut pas dire que j’ai décidé d’y aller», avait-il fait savoir au terme d’une visite d’Etat dans la région du Hambol en novembre 2019.

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Dans le pays, l’atmosphère ne rassure pas. Si des actions fortes ont été posées dans le sens de la réconciliation nationale  notamment la loi d’amnistie, la Côte d’Ivoire qui souhaite tourner définitivement la page des multiples crises politico-militaires, des lenteurs sont tout de même constatées. Des partis de l’opposition estiment que des prisonniers politiques qui méritent également cette faveur, sont encore derrière les barreaux. Pis, le rang des prisonniers a grossi dernièrement avec de nouveaux membres de partis politiques dont ceux de Générations et peuples solidaires (GPS) arrêtés pour tentative de coup d’Etat et atteinte à l’autorité de l’Etat.

Le chemin menant aux élections ne rassurant pas, les chrétiens catholiques se sont même invités dans l’arène politique. le 15 février dernier, en lieu et place d’une marche priante pour la paix et les élections apaisées, initialement annoncée, le clergé a finalement opté pour une journée priante dans le seul espace de la cathédrale Saint Paul d’Abidjan Plateau. Quelques semaines plus tard, c’est au palais présidentiel qu’ils ont effectué le déplacement afin d’avoir un dialogue direct avec le président ivoirien sur la question de la paix.

C’est aussi dans cette atmosphère que des proches de l’ex-dirigeant ivoirien, Laurent Gbagbo, demande au chef de l’Exécutif de s’impliquer dans son retour au bercail. Ce jeudi 5 mars à Yamoussoukro, le disciple d’Houphouët-Boigny sera donc très attendu. Il aura donc à prendre des responsabilités au nom surement de la paix qu’il entend laisser en héritage à ses concitoyens.

Richard Yasseu

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