Société

Agressions contre les enseignants, le phénomène inquiète

Mis à jour le 31 mars 2022
Publié le 31/03/2022 à 4:00 , ,

L’on se rappelle encore le triste épisode de l’école primaire publique (EPP) gendarmerie 4 d’Abobo, où une institutrice enceinte de six mois a reçu plusieurs coups de la part d’un parent d’élève. Ce qui lui vaut aujourd’hui une incapacité de travail de 14 jours sans compter les risques qu’encourt désormais la grossesse.

Tiébissou, Abobo, Sikensi… la liste n’est pas exhaustive. Dans ces villes de Côte d’Ivoire, des enseignants ont été victimes d’agressions physiques.

Un parent d’élèves furieux de ce qu’en guise de punition, il a été demandé aux pensionnaires de la classe que ses enfants fréquentent, d’apporter chacun un bâton de craie, avait porté main à l’enseignante le jeudi 17 mars 2022.

Une semaine avant cette affaire, un autre fait d’agression était signalé au Collège moderne de Gomon de Sikensi dans la région de l’Agnéby-Tiassa au sud de la Côte d’Ivoire. Là, le 12 mars 2022, un élève a administré des gifles à son éducatrice enceinte de huit mois. En cause, l’élève agresseur refuse de se fourrer avant d’accéder à l’école comme l’exige la règle de l’établissement.

Ces agressions n’étaient pas encore résolues quand d’autres ont suivi. Notamment à Tiébissou où le directeur de l’école primaire publique (EPP) Baoulékro, a été battu par un de ses anciens élèves, soutenu par ses copains.

Le phénomène prend de l’ampleur et inquiète. Selon Dr Albert Yao, enseignant-chercheur en Sociologie à l’Université Lorougnon Guédé de Daloa, au centre ouest de la Côte d’Ivoire, cela s’explique par l’impunité. « Aujourd’hui au regard de la loi, les enfants que nous avons sont tous puissants. Aucun enseignant ne peut oser lever la main sur l’enfant parce que la loi l’interdit. Mais est-ce que la loi qui interdit à l’enseignant de lever la main sur l’enfant l’interdit aussi à l’enfant ? Il y a ce vide qui existe. Aucune loi n’interdit à l’enfant de lever la main sur l’enseignant. Mais si la loi n’existe pas et que la situation se présente, qu’est-ce qu’on fait et surtout qu’est-ce qu’on a fait pour régler les précédents cas. Si rien n’a été fait pour régler les premiers cas qui se sont présentés, l’enfant va alors recourir à la violence qu’il connaît comme moyen de règlement des problèmes. Et comme la loi donne ce pouvoir à l’enfant, les parents aussi prennent fait et cause pour l’enfant et lui montre qu’il est tout puissant vis-à-vis de son enseignant », analyse l’universitaire.

Pour Dr Albert Yao, le droit et le devoir sont inséparables. Autant l’enseignant n’a pas le droit de porter main à un enfant, de même il faut que l’enfant n’ait pas le droit de donner des coups à son enseignant. Comme solution, il propose que cela soit prescrit dans la loi pour corriger ce vide juridique.

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