Société

30 jeunes africains se forment à la communication non violente en vue des élections en 2020

Mis à jour le 14 mai 2019
Publié le 01/05/2019 à 3:15

Abidjan accueille un atelier de formation sur la communication non violente en vue de prévenir les conflits à l’orée des élections à venir et favoriser la paix et la réconciliation nationale.

Le centre d’éducation pour une société durable, initiatrice de cette formation avec le soutien de la fondation allemande Rosa Luxemburg Stiftung, réunit 30 jeunes africains de la Côte d’Ivoire, de la Gambie et de la Guinée Conakry avec pour objectif d’initier les participants aux méthodes de la communication non violente pour le changement social et la cohabitation pacifique.

A l’ouverture ce lundi 13 mai, Arsène Konan, Directeur Exécutif de ESD a indiqué que « même si la situation semble normale, la violence physique a laissé place à la violence verbale et les ressentiments entretenus par les séquelles de ces années de conflit. »

« Sur les réseaux sociaux, dans les établissements scolaires et universitaires, dans les espaces de rencontre, les jeunes s’expriment de manière belliqueuse et agressive. Cette situation laisse entrevoir un risque de déclenchement de conflits latents de nature à troubler la stabilité de la Côte d’Ivoire » a-t-il dénoncé.

Arsène Konan et ESD ont, avec le soutien financier de la fondation allemande, décidé de « contribuer à la cohésion sociale et à la prévention des conflits, à l’aune des échéances électorales de 2020. »

Après cet atelier de cinq jours qui prend donc le 18 mai prochain, des activités portant sur la « mise en place d’une coordination d’animateurs/éducateurs à la communication non violente, l’édition d’une brochure de sensibilisation, des ateliers de sensibilisation à la communication non violente auprès des jeunes en situation de vulnérabilité, des ateliers de sensibilisation dans les écoles et universités, des émissions radio et campagnes digitales sur les réseaux sociaux » auront lieu.

Arsène Konan soutient que « nous croyons au développement d’une jeunesse ouest africaine forte et consciente des défis et enjeux du continent africain. »

Madou Christelle, participante, membre de la FEMAJECI, estime que « par rapport au contexte politique, le thème de la communication non violente est le bienvenu et permettra aux jeunes, acteurs du développement d’être imprégnés de ce thème et comment communiquer sur les réseaux sociaux, et même physique par rapport aux élections à venir. »  « On a besoin d’être recadré, de recadrer nos discours pour inciter les jeunes à la paix et non à la violence. La dernière crise a valablement montré que sans une communication adéquate, il sera difficile de gérer les élections prochaines. Je pense qu’au sortir de cet atelier, les jeunes, aguerris par cet atelier pourront affronter les élections à venir » assure-t-elle.

Diallo Boubacar Ategou, participant guinéen lui fait savoir que « C’est une joie pour moi d’être là car comme nos pays voisins sont nécessiteux d’une telle formation. La Guinée connait des conflits d’ordre économique et politique. Economique, je parle du partage du revenu national. Dans les régions d’exploitation minière, il y a des conflits. Les populations réclament leurs droits. Et ces conflits sont récurrents. En ce qui concerne la politique, les politiciens instrumentalisent la jeunesse par des termes qui ne sont pas souhaitables. Ils instrumentalisent la jeunesse pour avoir le pouvoir. Leurs communications doivent être connues de tout le monde et inviter à la paix. La Gambie vient de commencer avec la démocratie, il faut que la jeunesse se lève car c’est leur avenir. La Côte d’Ivoire connaît des perturbations de longue durée et maintenant il faut que les jeunes se lèvent pour participer à la démocratie et à la politique et sensibiliser à la paix. Cette formation peut nous apporter beaucoup de choses, renforcer nos capacités et nous permettre de mieux nous engager en politique. »

Gnamien Attoungbré, activiste et président d’une association estime qu’ « en tant que jeune, il faut se former en matière de communication. On écrit beaucoup, on intervient sur les médias mais on est à un moment crucial car comme je le dis, 2020 est un virage décisif qu’il faut savoir négocier. Négocier c’est aussi dire ce qui peut apaiser, ce qui peut réconcilier, réunir les gens autour d’un idéal, autour du patrimoine commun qui est la Côte d’Ivoire. Nous pensons que ce genre d’atelier est le bienvenu parce qu’il va donner les rudiments à la jeunesse, comment communiquer, comment faire en sorte que le message soit en faveur de la réconciliation nationale, de la paix surtout en ces moments où les discours au sommet ne semblent pas apaiser. Je pense que ces initiatives doivent s’étendre partout dans le pays au-delà des jeunes qui ont été choisis. »

Fatou Ellika Muloshi, journaliste gambienne et participante à cet atelier organisé par ESD et Rosa Luxemburg Stiftung et se satisfait de sa tenue d’autant plus que son pays qui goûte à la démocratie a besoin d’une jeunesse qui participe à la reconstruction d’un pays de droit avec les mots adéquats.

« Je suis là pour participer à cet atelier de formation car je crois que ce thème est porteur pour les jeunesses des pays africains car la Gambie est en phase de transition politique. Nous faisons face à une période difficile. Les jeunes ont des difficultés dans leur communication. Il faut aider les jeunes pour pouvoir changer leur regard sur leur propre personne et les aider à une utilisation des réseaux sociaux à bon escient car c’est la plateforme la plus utilisée de tous. Il faut à travers l’utilisation des réseaux sociaux rééduquer la jeunesse afin de pouvoir dompter son langage eut égard aux échéances électorales à venir. Il s’agit pour eux de savoir effectivement savoir communiquer à éviter les conflits par l’usage de termes adéquats autant que faire se peut » a recommandé la gambienne.

C’est par une méthode de participation active, qui permet à chaque participant de dire sa vision mais aussi rapporter son expérience que se déroule cet atelier.

Marie N’guettia, Chargée de programmes à Rosa Luxemburg Stiftung a soutenu que « la Fondation est convaincue que pour parvenir à u contexte démocratique plus ouvert et dynamique, les sociétés doivent compter sur toutes les entités sociales, spécifiquement les jeunes. » Pour elle, « il s’agit de renforcer la résilience et la résistance à la violence et d’aider à développer des compétences nécessaires pour contester l’extrémisme et promouvoir la tolérance et le pluralisme face aux conflits et d’autres atteintes aux droits de l’homme en Afrique. »

Adam’s Régis SOUAGA

7info.ci_logo

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter 7info

L’INFO, VU DE CÔTE D’IVOIRE