Que se passe-t-il entre Mahan Jean Hyppolite, le sous-préfet de Yelleu dans le département de Zouan-Hounien et certains de ses administrés ? Dans cette localité, il y a une tension dans ses relations avec une famille qui l’accuse d’abus de pouvoir.

Au centre de la discorde, une affaire de parcelles de terre. Arrivé il y a quelques mois à Yelleu, l’administrateur civil a été accueilli par la famille Méamé qui lui a offert un toit. « Quand le sous-préfet est arrivé au village, il a dit qu’il voulait loger dans une de mes villas. On lui a montré toutes les belles maisons du canton, mais il a fait savoir que c’était ma maison qu’il préfère. Tout le village est donc venu me voir pour que j’accède à la demande du sous-préfet. C’est ainsi que je lui ai donné ma maison », raconte à 7info Méamé Koikeu Pierre.

Mais le voisinage ne se passe pas bien. La cohabitation tourne vite à l’affrontement. « Mon fils aîné voulait construire sa maison à proximité de la villa qu’occupe le sous-préfet. À la veille des travaux, le sous-préfet a tout fait arrêter. Car selon lui, la parcelle sur laquelle mon fils devait construire sa maison appartient à l’école. Il a également ajouté que ma famille et moi devons quitter notre espace dans les six mois à venir. Quelques jours après, le sous-préfet a convoqué une réunion pour intimer l’ordre à ma famille de libérer la parcelle dont j’ai hérité de mon père. Et pourtant j’ai tous mes titres de propriété », poursuit Méamé Koikeu Pierre qui ajoute avoir reçu plus tard une lettre de mise en demeure de déguerpissement, puis un document à signer émanant de l’autorité administrative qu’il a refusé.

Surpris par l’attitude de l’administrateur civil à qui il a ouvert les bras et ses portes, le père de la famille Méamé s’interroge. Son inquiétude est encore plus grande lorsque sur ordre du sous-préfet, son neveu, un enseignant à Danané est arrêté par la gendarmerie, le 22 avril 2022. Dans la foulée, sur les conseils de ses proches, il indique avoir porté l’affaire devant le préfet du département de Zouan-Hounien. Démarche qui a conduit à une convocation du sous-préfet par sa hiérarchie. Et au sortir de laquelle selon lui, l’administrateur a durci le ton contre sa famille et lui. « Après sa rencontre avec le préfet, il a menacé de me mettre en prison s’il me voit aux alentours de ma maison qu’il occupe. Et pourtant j’habite à proximité. De plus, j’ai des pépinières de palmiers à huile de plus de trois hectares, situées à 5 mètres de la villa. Il a ordonné qu’on détruise mes pépinières », se désole Méamé Koikeu Pierre, qui ne sait plus à quel saint se vouer.

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À la sous-préfecture, une autre version du conflit est donnée. Joint par 7info, Mahan Jean Hyppolite explique qu’il s’agit d’une action administrative qui porte sur un espace dédié à l’administration. « Après une rencontre avec le préfet, il lui (Méamé Koikeu Pierre) a été donné l’ordre de se soumettre à la décision des autorités. La parcelle qu’il occupe est une réserve administrative qui ne peut contenir que des bâtiments administratifs. Aucune autre personne ne peut occuper ce site », fait-il savoir.

À en croire l’administrateur civil, de nombreuses autres familles sont aussi concernées par ce déguerpissement. Il ajoute que conformément aux règles qui régissent et protègent les domaines administratifs, il a été indiqué au plaignant de s’inscrire dans le processus d’un comité mis en place pour une réinstallation lui et tous ceux qui sont dans le même cas. « C’est la seule voie qui pourrait l’arranger », soutient le sous-préfet.

« On n’est pas contraint au dédommagement, mais comme nous sommes dans un village et que nous vivons certaines réalités, raison pour laquelle nous avons prévu des mesures d’accompagnement en leur donnant des lots. Et si son bâtiment devait être utilisé par l’administration, nous allons l’accompagner jusqu’à un certain niveau. Il n’y a pas de montant fixé. C’est nous qui avons initié des mesures d’accompagnement pour appuyer ceux qui ont des bâtiments qui pourraient intéresser l’administration. Concernant Pierre, il devrait avoir un ou deux lots », précise le sous-préfet Mahan Jean Hyppolite.

La nouvelle sous-préfecture a été ouverte en mai 2021.