Analyses

UNJCI, une belle leçon de démocratie journalistique ! / Par Adam’s Régis SOUAGA

Mis à jour le 22 juillet 2019
Publié le 22/07/2019 à 6:43 , ,

Samedi 20 et dimanche 21 juillet, 10è congrès ordinaire de l’Union Nationale des Journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI). La première journée était consacrée à la réflexion et proposition sur les textes qui régissent l’Union. Très peu de journalistes présents. Dimanche 21 juillet, jour de vote, salle de l’auditorium du ministère des Affaires Etrangères pleine à craquer. Trois journalistes-candidats en lice : Jean Claude Coulibaly, Franck Ettien et Lance Touré.

Des textes régissent l’association corporative depuis de longues années, amendés au fil du temps mais qui ont conduit au présent congrès. Des textes, un article (26), sur la modalité de vote, prescrit le vote par procuration. Sans une autre forme de précision !

C’était mal connaître le venin « élection » mal assimilé par les Ivoiriens. Et là, on est avec ceux qui estiment être les éveilleurs de conscience, la voix des sans voix, les redresseurs de tort et que sais-je encore !

Le spectacle offert par les journalistes était hideux, insipide et nauséeux. Des journalistes qui décident de fouler au pied les textes qui régissent leur association, qui veulent changer le mode de scrutin, qui nient à leurs confrères leur qualité de journaliste, ayant voix d’électeur au motif qu’ils sont absents. Dans cette cacophonie, le rôle non moins important du comité d’organisation du congrès n’est pas à écarter. Pourquoi ne s’être pas tenu aux textes qui ont justement permis aux candidats de se présenter et de faire campagne et ainsi favoriser la tenue du congrès ?

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Il y avait cette farouche volonté de broyer du Jean Claude Coulibaly, assimilé à tort ou à raison au pouvoir quand on ne traduisait pas l’élection à une guerre de génération.

Mais, au-delà, c’est la capacité des journalistes à ne pas être « responsables » dans un congrès qui en appelait à leur responsabilité, qui était déplorable. Cris, injures, tentative de pugilat avortée ont fini par transformer le 10è congrès en une foire aux empoignades verbales et physiques.

Que dire alors de nos politiciens ? Pourrions-nous encore les blâmer ? Les journalistes ivoiriens ont montré que notre pays a un problème avec les élections, avec le respect des textes que chacun veut tailler à sa mesure.

Au final de ce spectacle indigne d’intellectuels, phares de la République et de la société, un beau cafouillage qui a conduit à un sursis du congrès, à l’exfiltration du président du congrès et à l’intervention de la police.

On a compris le problème de cette Côte d’Ivoire, la suspicion généralisée, le manque de confiance, le doute épars et à l’occasion, le manque de respect. Ce dimanche, on a tout entendu et vu.

A qui s’en prendre ? Le contournement des textes et les petits arrangements ont conduit à cette scène qui inscrit désormais l’UNJCI au fronton des organisations corporatistes abonnées au contournement des textes.

En 2016, c’est une bataille judiciaire qui faisait se retirer la liste de Vamara. La tête de la liste adverse, MT avait contre lui, clamait ses adversaires, un arrêt de la Cour Suprême. Vamara et ses compagnons s’étaient retirés et la vie a continué son cours.

Pour en arriver à ce congrès de 2016 et l’exigence de publication de cet arrêt, un problème moral. Les journalistes ivoiriens ont feint de n’être pas capables de se regarder dans un miroir et faire leur auto-critique. Tout se résume en des soutiens à des individus, pas des programmes alors que la corporation souffre, les entreprises ou ce qui en ressemble, peinent à payer des salaires décents aux journalistes. Les textes ne sont pas la chose la plus importante, mais le vote afin que le candidat défendu soit président. L’image que tous avons vu ce dimanche, dans la fraîcheur de la salle et de la nuit, n’est pas digne de l’UNJCI pensée et conçue par les grands devanciers de la presse ivoirienne.

Il va falloir se remettre en cause, tous, autant que nous sommes.

Par Adam’s Régis SOUAGA

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