Côte d’Ivoire

Scolarisation pour tous, comment « EPP bananier » soulage les démunis de la Rivera Palmeraie; ému, A’salfo fait des promesses

Mis à jour le 1 juin 2018
Publié le 01/06/2018 à 1:05 , , , ,

Au cœur du quartier huppé de la Rivera Palmeraie à Abidjan, se cache une école primaire de fortune dédiée aux enfants des économiquement faibles de la zone appelée « EPP bananier ». Ces parents d’élèves sont en général des petits commerçants ou des employés de maisons installés dans les environs.  Des mouvements citoyens et des stars comme A’salfo s’emploient à donner un cadre d’études plus sain  aux écoliers de EPP bananier.
 
D. Mohamed  est âgé de  8 ans. Il  est un élève en classe de CP2 à l’école de fortune située sur un terrain non bâti à la riviera Palmeraie. Ce mardi 29 mai 2018, il est en pleine composition de passage avec les autres élèves de sa classe. Baptisée « EPP bananier » du fait des bananiers qui poussent sur le terrain, l’établissement accueille 160 élèves de la maternelle à la classe de CE2. Sans l’existence de cette école, D. Mohamed, n’aurait peut-être pas eu la chance d’être scolarisé. « Mon papa a un kiosque à café à côté. C’est là-bas que nous habitons avec ma maman ».
 
Dans les environs il n’existe pas d’école publique. Et les frais d’études des écoles privées dans ce quartier huppé d’Abidjan sont généralement hors de portée de bourse. Et même si une école primaire publique y existait, Ahoussi K. Konan, lui,  ne serait peut-être pas accepté. Âgé de 11 ans, il y est inscrit en classe de CP1. « Je suis venu du village et on m’a envoyé à l’école ici », est  heureux le bonhomme.
 
C’est une initiative bénévole de Africa Sidibé, un enseignant à la retraite. Son idée est de favoriser la scolarisation des enfants de familles  démunies. Dans les environs il n’existe pas d’école primaire publique. Une cantine à ciel ouvert est tenue par  Grogué Christelle depuis un mois.  Le menu varie pour satisfaire les enfants.  Attieke, ragout d’ignames, pomme de terre, du riz etc.
 
Les salles de classe sont constituées d’amas de bois. Sept encadreurs pédagogiques dont le directeur-fondateur dispensent les cours. «  Je suis là depuis trois ans. Il était seul. Il manquait d’enseignants. Nous étions sur un autre site avant de venir ici. On s’est débrouillé », témoigne  Lélé Odette, enseignante de classe de CP2.
 
Aicha Koroma, parente d’élèves et sans  emploi se dit satisfaite : « J’ai envoyé mes enfants ici et on  s’occupe bien d’eux ».  Ses enfants sont respectivement en classe de  CP1, CP2 et CE1.
 
L’action des bonnes volontés dont la Fondation  Magic System
 
La Fondation Magic System et son partenaire le RCEEDAO ont effectué ce mardi 29 mai 2018 une  visite au sein de l’école EPP « Les Bananiers »  afin de s’enquérir des réalités auxquelles sont confrontés, les pensionnaires dudit établissement. « C’est une action bénévole que j’ai voulu encourager. Les enseignants sont bénévoles. Où ces enfants seraient allés s’il n’y avait pas l’EPP bananier ? (…) Nos partenaires n’attendent que ce genre d’actions. Ils veulent nous accompagner sur des projets qui touchent les enfants, les populations», précise Asalfo.
 
 « Nous sommes émus. Nous sommes là dans le cadre de notre partenariat avec la Fondation Magic system. Nous oeuvrons pour le renforcement des capacités des enseignants et l’éducation des enfants. Dans ce cadre, nous offrons des écoles aux localités qui en ont besoin. Nous n’avons pas eu tort de répondre à cet appel de A’salfo. Il reste vraiment beaucoup de choses à faire. Nous nous y mettrons  pour ces enfants. Dans peu de temps vous reviendrez », M. Ahibor, directeur projet du RCEEDAO.
 
Gougouvi Léocadie, inspecteur de l’enseignement primaire  Cocody exprime la gratitude à l’endroit de la Fondation : « Là où on parle d’encadrement  pour nos enfants, de meilleur environnement d’études, nous sommes contents.  Nous remercions la Fondation Magic System.»
 
Pour la petite  histoire, c’est suite à un reportage de « Ma Nouvelle École » diffusé à la télévision nationale que A’salfo a été informé de l’existence de cette école. Le reportage lui-même est consécutif à une distinction glanée par Africa Sidibé, au cours du forum baptisé « les premières universités ouvertes de la société civique en Afrique » organisé par  Afrique Consciente à Abidjan.
 
Bien avant cette distinction, c’est par le web-activisme de l’ivoirienne Diane Douaye, citoyenne engagée contre l’insalubrité  que l’œuvre  Africa Sidibé est médiatisée sur les réseaux sociaux.
Réagissant à la visite d’A’Salfo sur le site de l’établissement, Diane Douaye exprime  humblement sa joie. « Il s’agit ici de l’histoire commune d’un ensemble de citoyens ordinaires qui chacun à leur niveau, selon leurs capacités individuelles ont contribué à ce qu’aujourd’hui la fondation Magic System et A’Salfo en viennent à aider des enfants qui n’ont pas eu les mêmes opportunités dans la vie que d’autres enfants plus nantis ».

Poursuivant sa réaction, Diane rend hommage à tous ceux qui ont œuvré à faire connaitre le travail de l’enseignant retraité.
« …Si d’autres bonnes volontés telles que l’association  Djamo Djamo et de nombreuses autres ONG et particuliers n’avaient pas pris à bras le corps la situation de Sidibé et de ses enfants en donnant de leur temps et de leur argent, si chacun à  notre niveau et selon nos moyens et capacités n’avions pas agi…Aujourd’hui cette belle histoire n’aurait pas existé. » assure t-elle.
 
Si Asalfo entend faire construire une école primaire publique dans les environs pour aider ces écoliers, le personnel enseignant exprime des inquiétudes. L’État va-t-il les inclure dans le projet de la Fondation Magic System ? Africa Sidibé y jouera-t-il un rôle ? « Nous espérons que cette fois, la promesse de mettre l’école dans un bon cadre sera réalisée et nous voulons faire partie de la nouvelle équipe », espère Lélé Odette, enseignante de CP2.
 
Nesmon De Laure
Source: Pôleafrique.info

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