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Présidentielles au Congo- Jean Pierre Bemba et Katumbi à l’épreuve de Kabila, prémices d’un scrutin sous tension

Mis à jour le 27 août 2018
Publié le 27/08/2018 à 7:11 , , ,

Les élections présidentielles se tiendront le 23 décembre prochain en République Démocratique du Congo (RDC). Avant cette échéance, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), a reçu 25 dossiers de candidature dont 6 parmi lesquels celui de Jean Pierre Bemba, ont été rejetés. Mais, les partisans de l’ex-vice-président congolais ne comptent pas en rester là. Un scrutin qui s’annonce déjà sous haute tension.

Il a promis respecter la Constitution et ne  briguera donc pas à nouveau la magistrature suprême. Joseph Désiré Kabila, qui tient les rênes du pouvoir en République Démocratique du Congo (RDC) depuis 2001, a dû se résigner face à la pression populaire, à choisir un successeur pour la présidentielle de décembre prochain. Il s’agit d’Emmanuel Ramazani Shadary, ancien vice-président chargé de la sécurité et ami de longue date de Kabila.

La candidature de ce dernier, a été validée par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), tout comme celles de 19 autres prétendants. Mais Jean Pierre Bemba, l’ex détenu de la CPI, de retour au pays depuis le 1er août dernier, lui, a vu son dossier, rejeté. Ses partisans crient déjà au complot et envisagent toutes les voies de recours pour remettre leur candidat en scelle. Selon le Dr Blé Késsé, enseignant-chercheur à l’Université Péléforo Gon de Korhogo, au nord de la Côte d’Ivoire, aucune action du clan Bemba, ne pourrait avoir un effet considérable.

« Ils n’ont aucune voie de recours d’autant que Jean Pierre Bemba est un ancien détenu de la CPI et doit encore faire face à une condamnation pour subornation de témoin. Il serait donc préférable de respecter la décision de la CENI et trouver d’autres moyens pour gagner la présidentielle. En cela, je vois deux choses. L’opposition pourrait faire bloc derrière un seul candidat ou utiliser la voie diplomatique pour éviter un passage en force de Joseph Kabila. Car à la vérité, ce que je puis vous dire à chaud, Ramazani Shadary n’est qu’un pion de Kabila. Ainsi, une chose est de participer aux élections mais une autre est de faire en sorte qu’elles soient crédibles et c’est là, tout l’enjeu » affirme le politologue.

Si les dossiers de Jean Pierre Bemba du Mouvement de Libération du Congo (MLC), Samy Badinga, Adolphe Muzito et Antoine Gizenga, ex-frères d’armes de Patrice Lumumba,  ont été rejetés, un autre rival, lui non plus, n’a pu déposer sa candidature. Il s’agit de Moïse Katumbi, l’ex gouverneur du Katanga. Ce dernier avait tenté un retour d’exil afin de déposer son dossier, sans succès. Refoulé à la frontière, Katumbi n’a pu le faire dans les délais et appelle déjà ses partisans à dénoncer « un simulacre d’élection », même s’il s’apprête à soutenir le candidat unique de l’opposition, pas encore désigné.

Jean Pierre Bemba et Katumbi, out. Reste désormais comme sérieux challenger de la majorité présidentielle, Félix Tshisekedi de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS). Selon le Pr Dogbo Pierre, Directeur de l’école des sciences politiques de l’Université Félix Houphouët Boigny, d’Abidjan Cocody, Joseph Kabila est dans une logique de conservation clanique du pouvoir.

« La RDC est un pays en faillite depuis la chute de Kabila père en 2001. Le pays est en faillite sociale, économique et même politique. Ce qui arrive n’est donc pas nouveau. Et le camp au pouvoir est dans la logique d’écarter tous les rivaux avant la présidentielle de décembre. C’est bien dommage. Même en désignant un successeur, Kabila sort par la petite porte. Il n’offre aucune chance à la démocratie de s’exprimer et tente une fois de plus un passage en force. Voici un pays dans lequel chaque candidat possède au moins une milice armée et si on n’y prend garde, les choses pourraient mal se passer lors des prochaines élections » a déploré le politologue avant d’estimer que la candidature de Tshisekedi a été a acceptée à dessein.

« Je pense qu’il a été oublié dans la liste ou du moins Kabila estime qu’il n’est pas un adversaire de poids. Mais en tout état de cause, nous risquons d’assister à une gestion dynastique du pouvoir. Si ce n’est pas la famille Kabila, c’est les Bemba ou encore les Tshisekedi. Il faut que cela s’arrête et que le jeu démocratique prenne toute sa place en RDC. Le pays risque encore de s’enliser dans une autre crise. La majorité présidentielle aurait laissé tout le monde se présenter et on aurait sauvé une situation mal engagée » analyse le spécialiste.

L’opposition attend l’annonce définitive des candidatures retenues pour désigner un candidat unique. Selon les spécialistes, la non-participation de Kabila à ces élections, est un grand pas vers la démocratie dans le pays.

Éric Coulibaly

Source: rédaction Poleafrique.info

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