Côte d’Ivoire Politique

Pourquoi le PPA-CI demande l’amnistie pour Gbagbo

Mis à jour le 20 avril 2023
Publié le 20/04/2023 à 12:38 , , , ,

Pour le PPA-CI, le parti de Laurent Gbagbo, demandeur de l’amnistie, il s’agit de redonner une vie normale à toutes personnes frappées par une condamnation.

La demande a été réitérée le jeudi 13 avril 2023 au rendez-vous hebdomadaire du Parti des peuples africains Côte d’Ivoire (PPA-CI). Selon Justin Koné Katina qui entretenait la presse, la demande n’est pas seulement pour son leader l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo. Il s’agit plutôt de redonner une vie normale à toutes personnes frappées par une condamnation au lendemain de la crise postélectorale de 2010-2011. Et ce conformément aux conclusions du dialogue politique.
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« L’une des résolutions était de prendre une loi d’amnistie pour corriger les injustices qui ont été faites à toutes les personnes qui ont été abusivement condamnées et privées de leurs droits civiques », justifie-t-il.

Début août 2022, à la veille de la fête de l’indépendance, le président ivoirien Alassane Ouattara avait décidé une grâce à son prédécesseur. Un geste salué par des observateurs à cette période, et pour il avait servi à décrisper la scène politique.

« Le chef d’État a fait une grâce, ce n’est pas ce que nous avons demandé. En tout cas, il nous faut trouver un mécanisme pour permettre, comme l’a souhaité le dialogue politique, à ces personnes de retrouver et de réintégrer une vie normale », suggère le PPA-CI.

Cette demande d’amnistie du parti de Laurent Gbagbo suscite des réactions. Dans la société civile, des défenseurs des droits de l’homme estiment que la cohésion sociale nécessite souvent des compromis comme l’amnistie.

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« Par principe, nous militants des droits de l’homme, n’aimons pas trop les voies d’amnistie ou de grâce. Parce que dans un État de droit, la loi devrait s’appliquer dans toute sa rigueur. C’est ainsi qu’on lutte contre l’impunité. Cependant, il y a des situations de crises graves, de guerres civiles, dans lesquelles des compromis peuvent être trouvés, pour sauver la cohésion sociale. C’est le cas pour les graves événements de 2010-2011 », analyse pour 7info, Dr Boga Sako, le président de la FIDHOP.

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Selon le défenseur des droits de l’homme, la demande du parti de Laurent Gbagbo est légitime.

« D’abord, il a déjà suffisamment payé pour la crise de 2010, en ayant subi la CPI en huit ans, pour rien finalement. Ensuite, il demande simplement de jouir de tous ses droits en tant que citoyen libre, conformément aux verdicts de la CPI. Pour nous, c’est juste ! », estime-t-il.

Fin novembre 2022, l’ex-dirigeant ivoirien s’est inscrit sur la liste électorale d’où son nom a été extrait depuis des années du fait de sa condamnation à 20 ans de prison par la justice de son pays. Une démarche qui semble ne pas pouvoir aboutir au regard des réactions de la CEI, l’organe chargé des élections en Côte d’Ivoire. Mais qui, si elle était acceptée, devrait permettre à Laurent Gbagbo de se porter encore candidat à la prochaine élection présidentielle.

Pour Dr Boga Sako, la réalisation de cet ultime objectif ne peut se faire qu’à partir d’une décision politique.

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« Il sera difficile au président Gbagbo d’avoir gain de cause par la justice. Simplement parce que les conditions et les motifs sur la base desquels il a écopé des vingt ans de condamnation sont plutôt d’ordre politique. Et ceci rappelle la situation qui était celle hier de l’actuel président de la République. Ainsi, pour contourner le barrage judiciaire, il nous avait fallu trouver des compromis politiques, à travers des négociations. Et c’est de Pretoria en Afrique du Sud que le droit de candidater de M. Ouattara avait été obtenu, grâce à l’ex-président sud-africain Tabo Mbeki. En tant qu’historien, le Président Gbagbo sait toutes ces choses. Donc il sait ce qu’il lui reste à faire, s’il se sentait encore capable de briguer la magistrature ivoirienne », analyse-t-il.

La prochaine élection présidentielle est prévue en 2025.

Eugène Tristan Sahi

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