Côte d’Ivoire

PDCI: Comprendre la stratégie Tidjane Thiam

Mis à jour le 12 mai 2025
Publié le 12/05/2025 à 11:01 , , , , ,

Dans un contexte politique tendu, où son avenir à la tête du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) semblait compromis, Tidjane Thiam a opéré une manœuvre : partir… pour mieux revenir.

Pour le PDCI, la démission de Tidjane Thiam est loin d’être une défaite. Elle s’apparente davantage à un retrait stratégique, calculé pour rebondir avec plus de légitimité. Comment comprendre une telle posture ?

Menacé par une procédure judiciaire visant à le destituer, l’ancien président du parti a surpris tout le monde dans la nuit du dimanche 11 au lundi 12 mai 2025, en annonçant sa démission.

«Dans l’intérêt du parti, j’ai décidé de remettre entre vos mains, à vous les militants, mon mandat de président du parti», a déclaré l’ancien patron du Crédit Suisse, dans une allocution publiée sur ses réseaux sociaux. Il affirme que cette décision ne «change rien à l’engagement» qu’il a pris «en décembre 2023 de conduire personnellement (le) parti à la victoire en octobre 2025».

Cette démission de Tidjane Thiam est une stratégie politique.

Inéligible à l’élection présidentielle

Son élection à la tête du PDCI est contestée en justice par une militante de son parti qui estime qu’il ne possédait pas la nationalité ivoirienne au moment du scrutin en décembre 2023.

«Je sais qu’après m’avoir élu en 2023, vous m’accorderez de nouveau votre confiance», a ajouté lundi Tidjane Thiam dans sa déclaration, laissant entendre qu’il compte être de nouveau élu à la tête du parti.

Un départ… pour mieux revenir

À première vue, la démission de Tidjane Thiam pourrait passer pour une capitulation. En réalité, c’est un repli tactique, selon le PDCI. En se retirant de la présidence du PDCI-RDA, il rend caduque la procédure judiciaire lancée contre lui. L’audience prévue ce jeudi devient ainsi sans objet, car elle portait sur une fonction qu’il n’occupe désormais plus.

Le piège institutionnel déjoué

Les textes du PDCI ne reconnaissent pas le poste de « président délégué », une fonction récemment créée par Thiam pour renforcer la direction du parti. Cette innovation avait été dénoncée par ses opposants comme étant anticonstitutionnelle au regard des statuts du parti. En quittant son poste, Thiam désamorce la crise institutionnelle sans offrir une vraie victoire à ses adversaires : la direction par intérim reste acquise à ses fidèles.

Vers une réélection légitime et incontestable

L’étape suivante est déjà planifiée : le président par intérim convoquera un Bureau politique, qui fixera une date pour un Congrès Extraordinaire. À cette occasion, Tidjane Thiam pourra se représenter. Réélu, cette fois dans les formes incontestables et par les structures statutaires du parti, il renforcera non seulement sa légitimité interne, mais aussi sa stature de leader national.

Une nationalité désormais incontestable

L’un des principaux obstacles à sa candidature à la présidentielle d’octobre 2025 était le doute entretenu autour de sa nationalité ivoirienne. Ce point a été officiellement tranché : le DACP (Directeur des Affaires Civiles et Pénales) ainsi que le Garde des Sceaux ont confirmé son appartenance indiscutable à la nationalité ivoirienne. Désormais, plus rien ne s’oppose juridiquement à sa candidature.

Une manœuvre à haute valeur symbolique

Au lieu de s’accrocher à un fauteuil contesté, Tidjane Thiam choisit de le lâcher temporairement pour revenir plus fort, auréolé d’une légitimité incontestable. Cette manœuvre démontre non seulement sa maîtrise des rouages politiques, mais aussi une certaine humilité tactique, rare dans le paysage politique ivoirien.

Si l’on considère l’objectif ultime — sa participation à l’élection présidentielle du 25 octobre 2025,  alors oui, Tidjane Thiam a peut-être perdu une bataille, mais il a très probablement sauvé la guerre.

 

Eugène Tristan SAHI

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