Politique

Oula Privat, Député : « Une élection ne se gagne pas à la CEI qui doit être toutefois crédible »

Mis à jour le 28 mai 2019
Publié le 28/05/2019 à 7:21 , , ,
Précédemment vice-président de l’Assemblée nationale sous Guillaume Soro, Oula Guéladé Ephraim Privat, s’est ouvert à 7info.ci.  Dans cet entretien, le député de Guéhiébly sous-préfecture et Duékoué sous-préfecture aborde sa sortie de la vice-présidence de l’Assemblée nationale, ses relations avec l’ex PAN. Aussi, invite-t-il tous les ivoiriens à se retrouver autour de la table de discussion, tout en demandant une CEI forte pour 2020.
Vous n’êtes plus vice-président de l’Assemblée nationale ivoirienne. Quelles en sont les raisons, car d’aucuns parlent de démission.
Je n’ai pas démissionné comme le disent les gens. Il faut appeler les choses par leur nom. J’ai été vice-président lors de la première mandature du président Soro Guillaume. Une seconde fois, il m’a renouvelé sa confiance. Après son départ, j’ai décidé avec d’autres collègues de m’inscrire comme député non aligné au parlement. Dans la position de non inscrit, cela me permet d’être libre et observer. Dans cette position, je prie beaucoup pour les enfants de ce pays, les hommes politiques de ce pays. Je suis parlementaire et je jouerai mon rôle de parlementaire. Il ne s’agit pas pour moi de soutenir Pierre ou Paul. Moi je continue de croire que si les présidents Bédié et Alassane Ouattara qui étaient farouchement opposés depuis des années ont pu se mettre ensemble, j’ai espoir et je suis convaincu que nous allons nous retrouver. Celui qui sera désigné en 2020 par Dieu pour être notre président dans la paix et le calme, le sera. Moi, c’est à cela que je travaille.
Votre départ n’est donc pas lié à la démission de Guillaume Soro?
C’est une règle à l’Assemblée nationale. A partir du moment où vous n’êtes pas aligné dans un groupe parlementaire, vous ne pouvez pas être vice-président. Cela n’a rien à voir avec Guillaume. Si cela était lié à Soro Guillaume j’allais rejoindre le groupe parlementaire Rassemblement qui est proche de lui. J’ai décidé de n’adhérer à aucun groupe parlementaire. Je veux rester député non inscrit. J’ai le même temps de parole que les présidents de groupe parlementaire.
Il se raconte que de grosses pressions sont faites sur des cadres de même que des députés pour adhérer au RHDP. Ne sont-ce pas ces pressions qui vous ont poussé à vous mettre en retrait ?
Bah! Écoutez! Il faut être courageux dans la vie. Quand on parle de pression, je ne sais de quelle pression, il s’agit. Il y a aussi qu’on ne parle pas de ceux qui ont adhéré librement à des groupes parlementaires. Il peut peut-être avoir des pressions pour aller s’inscrire dans des groupes, mais attendez, nous sommes en 2019. Le multipartisme par expérience serait dans notre Constitution, mais c’est en 1990 qu’avec la volonté du peuple, le président a activé les choses et a donné droit au multipartisme. En 2019, quand les gens me parlent de pression, je ne comprends pas. Si je devais aller quelque part ce serait au PDCI qui m’a tout donné. Ma formation, le fait d’être homme politique c’est le PDCI. Je suis reconnaissant au PDCI. Aussi pour le pouvoir actuel qui m’a soutenu lors de mon accident en 2013.
Quelle lecture faîtes-vous de la scène politique ?
Souvent les ivoiriens ne se rendent pas compte de certaines propos qu’ils tiennent. Il faut dire que la Côte d’Ivoire est un pays béni de Dieu. C’est vrai, on a l’impression à des moments que la Côte d’Ivoire va brûler. Il y a des situations difficiles. Le coup d’État, la rébellion, les déchets toxiques et autres. Des choses qu’on n’avait jamais vu ici.  Dieu a sa main sur ce pays. Chacun doit prier pour que les ivoiriens se retrouvent en frères. Il faut rappeler aux gens où Alassane Ouattara et Bédié se sont retrouvés à Paris. Mais ceux qui jouaient les va-t-en guerre, quels sont leur sort aujourd’hui ? Comme le disait Robert Guéi, il faut utiliser le bon ton. Tout ivoirien digne doit utiliser le bon ton. Nous devons faire en sorte qu’il y ait la paix dans ce pays. On peut pour sa chapelle politique faire des meetings et dire des choses. On doit se rappeler qu’on est tous ivoiriens. Mais en même temps, il faut remercier l’opposition qui est une opposition responsable qui connait bien ses limites. Qui ne va pas au delà, qui ne fait pas comme les autres ailleurs. Aujourd’hui, le débat à la CEI est bien avancée même si tout n’est pas rose. Je pense que toutes les parties s’entendront. Les gens doivent savoir aussi qu’une élection ne se gagne pas à la CEI mais sur le terrain avec le vrai peuple. On peut aussi perdre si la commission électorale indépendante n’est pas crédible, si elle ne respecte pas les critères de neutralité. C’est le terrain avec les programmes de société, des projets qui détermine. Il faut, à cet effet une CEI qui reflète la volonté des ivoiriens. Il faut des femmes et des hommes qui ont une certaine expérience, qui aiment profondément leur pays.
Pour vous, faut-il changer totalement la CEI ?
Tout le monde est unanime que la CEI après dix ans, a eu des hauts et des bas. Est-ce que les textes nous permettent aujourd’hui de continuer avec cette CEI? La question est posée. Mais pour moi, afin de rassurer les populations, il faut un nouveau sang à cette structure qui va nous rassembler. Il faut changer les choses en mettant des femmes et des hommes obnubilés par l’intérêt du pays. Je ne peux pas lancer la pierre à cette CEI pour dire que tout a été mauvais mais il y a eu des choses pas roses. En 2020, il faut fortement une autre CEI.
Vous avez été l’un des fidèles compagnons de Guillaume Soro, pourquoi avoir arrêté brusquement avec lui?
Je n’ai rien arrêté avec Soro Guillaume. D’abord, j’ai été honoré par toute la marque de confiance du président Soro Guillaume. Nous étions nombreux autour de lui. Il m’a donné sa confiance. Je lui suis reconnaissant. Il m’avait même proposé en allant voir le président Bédié pour être candidat à la présidence de l’Assemblée nationale.  J’ai du trouver des mots justes pour l’en dissuader. J’ai un devoir de mémoire vis-à-vis de ce monsieur. Guillaume Soro est profondément démocratique, il ne m’a pas interdit de rentrer dans un quelconque parti ou groupe parlementaire. Ma grande satisfaction serait que Dieu touche le cœur de tous les ivoiriens , qu’ils arrivent à s’asseoir et discuter. Que les enfants qui hier étaient ensemble et aujourd’hui séparés par le diable se retrouvent après cette séparation.
A ce sujet, souhaitez-vous un rapprochement Bédié , Alassane Ouattara ?
Bédié, Alassane Ouattara, Soro Guillaume et tous les autres, sont tous des ivoiriens. Tous les enfants de ce pays doivent se retrouver. C’est mon souhait le plus profond.
Quel est votre avis sur la sortie de la ministre Anne Désirée Ouloto concernant cette histoire de génocide Wê?
Je l’ai lue sur les réseaux sociaux. Moi je n’avais pas suivi le direct étant hors du pays pour prier pour le pays. Elle a fait une réunion où elle a recadré tout. Elle a reconnu que le peuple Wê a souffert. Moi je pense que c’est ça qu’il faut retenir. Il faut chercher à panser les plaies. Comment faire pour que la cohésion, la paix et l’entente soient dans notre région, c’est ce qui doit nous guider. Il y a eu des propos qui ont condamné cette sortie. Elle a reconnu, je m’en tiens à ça.
Entretien réalisé par Olivier Dan Correspondant Ouest
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