Les autorités ivoiriennes ont décidé de mener sur les réseaux sociaux, un sondage pour savoir ce que les ivoiriens pensent de ‘’la situation nationale du programme des logements sociaux’’ en Côte d’Ivoire. Ceux-ci ont laissé libre cours à leur exaspération.

Épine dorsale de la politique sociale du Président Ouattara comme la couverture maladie universelle (CMU), le programme de logements sociaux s’est embourbé après un démarrage en fanfare. Au fil de la prise des mesures et coulée de béton, les mines des souscripteurs ont noirci. Comme du mazout mélangé au ciment. La bonne intention était au rendez-vous mais, des couacs ont cassé les briques.

Proposé aux ivoiriens lors des campagnes présidentielles de 2010 et 2015, par le candidat-chef de l’Etat, Alassane Ouattara, ce programme, qui a suscité beaucoup d’espoir, a buté sur des coups de marteau. Apport personnel trop élevé des souscripteurs, valeur finale à rembourser non conforme à ce qui était annoncé,
opérateurs techniques défaillants… Les problèmes se sont accumulés pour finalement servir 512 logements à la cité ADO de Yopougon.

En attendant les prochaines livraisons de maisons sur les 2000 hectares dédiés à ce projet lancé officiellement le 28 mars 2013, le gouvernement entend prendre en compte les récriminations mais surtout les propositions des ivoiriens, un peu désabusés, au regard de leurs réactions sur gouv.ci officiel, relativement au sondage lancé par le gouvernement.

Débuté ce jeudi 23 février 2017, le sondage de la page officielle du gouvernement  récolte en quatre jours deux mille deux cents (2,2 k) commentaires divers, des émoticônes de tous genres et 75 partages.

Pour l’instant, les notifications publiques montrent la domination du ‘’j’aime’’ pour une très forte majorité des participants. Mais les commentaires, eux, sont plutôt acerbes contre ce projet qui a soulevé de l’espoir et qui, à ce jour, s’est révélé un trou sans fond.

Brahima Traoré, à ce sujet, ne badine pas dans ses propos, qualifiant le programme de logements sociaux, d’être « l’arnaque du siècle ».
« Le gouvernement connaît très bien le problème de logement dans le pays, je pense. Voilà pourquoi il a été instauré le programme de logements sociaux. Je pense que cela a été la plus grosse arnaque et même du siècle de l’Etat de Côte d’Ivoire. On nous fait croire à quelque chose et après on nous dit patati patata » fulmine-t-il.

Kader Sangaré, lui aussi, exprime son mécontentement. Pour lui, Dieu aime la justice.
« La politique de logements sociaux était la colonne vertébrale du programme de campagne du candidat Alassane Ouattara. La réussite de programme allait être un succès phénoménal pour le président de la République. Mais son échec cuisant l’a déshonoré.  Les ivoiriens ont vraiment du mal à se loger dans leur propre pays et ceci est un vrai crime. Il est important d’avoir des ponts neufs, des routes neuves et aussi des autoroutes impeccables.  Mais se loger décemment est encore meilleur et plus utile pour le peuple. Le Président Ado et son gouvernement ont lamentablement échoué dans la politique de logement social et c’est vraiment déplorable. Dieu aime la justice » fait-il savoir.

Amidou Sawadogo, dénonce en la situation des logements sociaux, « une escroquerie », dans son appréciation.
« C’est une blague de dire qu’on va payer la maison en 10 ans voire 15 ans.  Surtout, si on  fait une inscription à 30 000 FCFA et qu’après, on nous demande de payer la totalité des frais avant d’entrée dans la maison ou de prendre les clés de la maison. C’est dommage, cette escroquerie est devenu un jeu » regrette-t-il.

Pour Idriss Kamagaté, « C’est un fiasco total. Ouattara que j’ai voté nous a enfarinés. Voilà un pays où le gouvernement hurle  à tout venant qu’il a des croissances à deux chiffres mais incapable de loger son petit peuple » dénonce ce partisan d’Alassane Ouattara.

Gatien Théophile Yao, lui, propose au Président de la République de s’occuper personnellement de ce dossier. « Vivement que le Président de la République prenne en main ce dossier. Point de ministère, mais une structure reliée directement au chef de l’Etat au fin de créer’’ Un ivoirien-un toit’’ » suggère-t-il.

Oumou Sidibé estime que « Le programme des logements sociaux n’a pas été bien élaboré. On doit bien prendre en compte le pouvoir financier de la majorité des ivoiriens quand on sait que le salaire minimum ne dépasse pas les 65 ou 70 000 FCFA. Il faut avoir une politique sociale pour construire des logements  et faire des locations-vente à moindre coût avec un apport initial très minime » indique-t-elle.

Les ivoiriens participent au sondage initié par le gouvernement qui, sûrement, en tiendra compte pour mieux peaufiner sa stratégie de relance durable du projet. Le syndicat des professionnels du bâtiment de Côte d’Ivoire de Soro Doté a, lui, toujours évoqué le frein financier avec les banques. Une proposition d’aval soutenu par l’Etat et une contribution sociale du privé pour constituer un fonds de soutien ont été envisagés sous l’ex-ministre Gnamien Konan. Des chantiers sont à l’arrêt faute de moyens financiers pour leur achèvement. Le nouveau ministre de la Construction et de l’Urbanisme, Isaac Dé Claude, a fort à faire pour renouer la confiance des ivoiriens dans ce programme de logements sociaux. Il a fait de la résolution cette « crise des logements sociaux » sa première priorité. Espérons que ce spécialistes des questions de logement et de construction trouve la bonne inspiration.

Moïse ACHIRO, Adam’s Régis SOUAGA
Source :Politikafrique.info