Politique

L’Ivoirité n’est pas à combattre selon un spécialiste

Mis à jour le 2 août 2019
Publié le 02/08/2019 à 8:37 , ,

Si le terme « ivoirité » évoqué à nouveau par l’ex-président ivoirien Henri Konan Bédié dans une interview accordée jeudi 1er août à un confrère, est perçu comme le réveil d’un concept à l’origine de crises sociales en Côte d’Ivoire, cela n’est pas la perception du sociologue Dr Albert Yao Kouakou.

Le concept ne devrait ni être rejeté, ni être combattu, mais plutôt encouragé. Selon Dr Yao Albert, enseignant-chercheur en Sociologie à université Lorougnon Guédé de Daloa (centre-ouest de la Côte d’Ivoire), l’ivoirité est une différentiation entre ce qui est propre à l’ivoirien et ce qui ne l’est pas. « Le concept de l’ivoirité pour ce qui a été donné d’entendre, c’est l’identité de l’ivoirien. Au moment où le président Bédié sortait ce concept, nous sortions d’une situation où le président Houphouët-Boigny parlait de l’ivoirisation des services. Nous savons tous que l’administration nationale a longtemps été tenue par des administrateurs étrangers. Nous avons ainsi vu des professeurs européens, des professeurs béninois etc… Etant donné que nous sommes une nation, il fallait donc que cette nation ait une identité propre à elle. Ce qui implique dans les sphères de gestion de la nation, que les choses soient confiées aux ivoiriens. Malheureusement, cela a été galvaudé et a pris une connotation péjorative dans laquelle, on a laissé croire qu’il était dirigé contre les étrangers », analyse-t-il pour 7info.ci qui l’a joint.

Dans une interview accordée ce lundi 1er août au confrère Le Monde Afrique, Henri Konan Bédié l’ex-président ivoirien qui revenait d’une rencontre à Bruxelles en Belgique avec Laurent Gbagbo, revient sur ce concept qu’il a émis pendant ses années de gestion de pouvoir d’Etat. Interrogé sur la question, il déclare : « (…) En quoi l’ivoirité est-elle un démon ? Vous ne parlez pas de francité ? D’arabité ? D’american way of life ? Quel pays n’a pas d’identité ? Laissons là ce débat de mauvaise foi qui ne prospère plus. Pendant un temps, on s’est servi de notions émotionnelles en parlant de xénophobie, de haine des étrangers. Cela ne prend plus en Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens sont mûrs ». Une déclaration qui depuis ne cesse de susciter des réactions. Notamment dans le sens de la condamnation des propos de l’ancien chef d’Etat ivoirien.

« Pourquoi on ne veut pas reconnaître à la Côte d’Ivoire cette appartenance qui est propre à ses enfants et qu’on extrapole sur le plan politique ? Celui qui est venu d’ailleurs et qui veut la nationalité ivoirienne a des moyens dont la voie légale est la naturalisation pour l’avoir », s’insurge Dr Yao Albert.

Selon le spécialiste ivoirien, le peuple de Côte d’Ivoire après de nombreuses crises vécues, est assez mature pour éviter d’autres conflits sociaux. « Il faut savoir que les ivoiriens ne sont pas dupes. La maturité que les ivoiriens ont ne va plus permettre à ce pays de rentrer dans des déboires. Peu importe celui qui viendra au pouvoir, s’il tient un langage qui doit entraîner une situation comme celle déjà vécue, la maturité des ivoiriens ne permettra pas que le pays tombe à nouveau dans des crises », analyse-t-il.

Richard Yasseu

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