Politique

La maison du PDCI de Yamoussoukro en ruine

Mis à jour le 20 août 2019
Publié le 20/08/2019 à 12:39 , , ,

Triste est le décor que présente désormais la maison du parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de Yamoussoukro. Cet édifice construit pendant la gestion des affaires de l’Etat par Félix Houphouët-Boigny, le premier président de la Côte d’Ivoire, n’est qu’un tas de ruines, a constaté sur place ce lundi 19 août 7info.ci.

La maison dédiée à ce parti est dans l’oubli. Pourtant situé  entre la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix et l’Hôtel le Président, cet édifice n’est pas facilement réparable dans la capitale politique de Côte d’Ivoire.

C’est même avec quelques difficultés que l’équipe de reportage de 7info.ci dans la ville de Yamoussoukro a pu accéder à ce site. Les conducteurs de taxi communaux ayant du mal à le localiser exactement,  tant la voie qui y mène est très peu fréquentée des habitants de cette localité. Un fait qui s’explique par l’aspect que présente désormais cette bâtisse maintenant isolée des autres édifices dont la renommée va au-delà des frontières de la Côte d’Ivoire.

C’est en effet par une grande rue bordée par une forêt de grands arbres qui la cachent de tous les côtés qu’il faut passer pour y accéder. Comme mise en quarantaine par cette barrière naturelle qui s’est surement imposée au fil du temps par manque d’entretien, la maison du vieux parti ne se laisse entièrement découvrir qu’après un détour d’une forêt d’arbustes et de hautes herbes dans un rond point autrefois construit là pour y accueillir autre chose qu’une telle végétation.

Par endroit, l’on peut encore voir des pans entiers de la couche de bitume posée par l’entrepreneur pour indiquer la voie qui conduit au hall de cet édifice ainsi que le grand parking de l’avant-cour. Les trottoirs eux, sont couverts par d’épaisses hautes herbes où broutent désormais des bœufs. Sans souci. Idem pour le parking de l’arrière-cour qui peut lui aussi accueillir à la fois des dizaines de véhicules.

La découverte du bâtiment principale laisse sans voix devant le coup de frein porté à la vision de Félix Houphouët-Boigny. Construite sur une superficie de la taille d’un terrain de football, la maison du PDCI n’en est plus une. Ce sont des ruines. Les travaux n’ont pu s’achever au niveau de l’enceinte principale avec la rotonde dégarnie. Cette absence de toiture expose le plan intérieur aux intempéries. Et favorise la présence de hautes herbes et d’arbustes qui sont désormais les maîtres des lieux. Les toilettes et les autres commodités qui assurément permettaient autrefois aux habitués de ce bâtiment de tenir aisément les réunions, n’existent plus ou sont cassées.

Voir la vidéo: INCURSION SUR UN DES DERNIERS CHANTIERS ABANDONNES A YAMOUSSOUKRO PAR LES HERITIERS DU PERE FONDATEUR, FELIX HOUPHOUËT-BOIGNY

Dans le hall, si les gigantesques piliers recouverts pour la plupart de carreaux importés sont encore solides, ce n’est pas le cas pour le plancher. Des immondices de toute nature y ont voix au chapitre. Des squatters y ont laissé des foyers qui ont servi à la cuisson de repas. Pareil pour le sous-sol où il faut une bonne dose de courage pour s’y rendre. La désolation est aussi au premier étage. Ici, les passerelles qui permettent la communication entre la partie principale et les deux ailes qui composent cet édifice sont en ruine. Partout, des gravats jonchent le plancher.

Selon des conducteurs de taxis communaux, la maison du PDCI de Yamoussoukro n’aurait plus reçu de visite ni accueilli de réunion depuis la mort d’Houphouët-Boigny en 1993. C’est donc abandonnée par les héritiers du père fondateur qu’elle se meurt. Dans le silence.

Pourtant, achevé, ce majestueux bâtiment, avec son emplacement, aurait pu servir aujourd’hui, à accueillir une institution dans la foulée du transfert des institutions de la République. Sa salle de réunion aurait servi à accueillir des colloques et autres grandes rencontres pour lesquelles il faut toujours débourser des fortes sommes pour les locations de salle dans les hôtels.

A voir Yamoussoukro et cet édifice abandonné et oublié depuis 1993, on se rend bien compte qu’Houphouët-Boigny est mort, à tout jamais. Emportant avec lui, sa vision, son génie, son sens du développement et de la prospective. Les héritiers, eux, ont plus cherché à se tracer des chemins personnels, revendiquant pourtant, à coups de discours, l’héritage non assumé du Père fondateur.

Richard Yasseu, Envoyé spécial à Yamoussoukro

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