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La Côte d’Ivoire menace le Vietnam sur la noix de cajou

Mis à jour le 8 janvier 2020
Publié le 08/01/2020 à 1:35 , , , , ,

1er importateur mondial de noix de cajou brute, le Vietnam veut faire chuter les cours mondiaux et ainsi permettre à ses acteurs, qui auraient perdu de l’argent depuis 2018, de se rattraper. L’astuce, pour Vinacas, la puissante association de la noix de cajou du Vietnam, qui ne regroupe toutefois pas, tous les importateurs, est d’augmenter et changer les normes de qualité.

A cela, les acteurs ivoiriens, avec à leur tête, le Directeur Général du Conseil ivoirien du Coton et de l’Anacarde, Dr Adama Coulibaly, lancent le défi. Si la Côte d’Ivoire s’inscrit dans une lutte continue auprès de ses producteurs pour la revalorisation de la qualité des produits livrés, bien séchés et bien triés, sans détritus, elle n’entend pas laisser les vietnamiens dicter leur règle de façon unilatérale.

Ce mercredi 8 janvier, se tient à 15h, une réunion des membres, les exportateurs, de l’association des exportateurs de noix de cajou de Côte d’Ivoire. Il s’agira selon le vice-président du Groupement des exportateurs professionnels de produits agricoles, N’guettia Assouman, de saisir cette opportunité pour « parler de la campagne à venir. »

« Depuis 2018, l’AECI a dépêché une mission au Vietnam qui a pris le taureau par les cornes pour une rencontre avec la direction de Vinacas. La question de la qualité a été soulevée. C’est une machination car il existe des normes internationales qu’on respecte » soutient l’un des acteurs de la filière ivoirienne.

« Si les normes doivent changer au Vietnam, il faut que cela soit consensuel » fait-il savoir, précisant que « les normes internationales sont pratiquées en Inde, au Cambodge, en Indonésie, en Tanzanie et dans tous les pays producteurs pour les analyses. Le Vietnam a voulu changer l’analyse de la noix brute en analyse d’amande alors que nous sommes producteurs de noix brute. C’est une conspiration de Vinacas pour jouer sur la qualité » dénonce N’guettia Assouman.

Il soutient qu’à la « réunion de 2018, Vina Control, une autre structure vietnamienne qui assure le contrôle de 80% des produits agricoles qui entrent dans ce pays, a refusé ce nouveau système d’analyse » révèle-t-il.

« Il est bon de savoir que tous les importateurs vietnamiens de noix de cajou ne sont pas membres de Vinacas » précise M.N’guettia qui promet une riposte ivoirienne.

Il soutient que les ivoiriens « ont rejeté cette méthode en 2018 en respectant les normes internationales. Vinacas veut passer par le gouvernement vietnamien pour imposer sa réforme » estimant que « le Conseil coton anacarde doit redoubler d’effort ».

Autre élément de réponse face à ce diktat, « aller à la transformation ». « Au GIEPPA, c’est notre combat », fait-il savoir, révélant que cette organisation entend « transformer jusqu’à fin 2020, près de 50.000 tonnes pour une valeur ajoutée et « jusqu’en 2025, parvenir à plus de 100.000 tonnes pour discuter à force égale avec les vietnamiens. »

Le GIEPPA aura une unité industrielle centrale à Abidjan et des usines dans les régions de production.

Le Vietnam, 1er importateur de noix brute est le « 1er exportateur d’amande » selon Commodafrica.com. L’association des importateurs a décidé pour la campagne à venir, à partir de février prochain d’établir « des normes pour les importations de noix de cajou brutes », apprend-on.

« Le Vietnam confirme à nouveau en 2019 sa place de premier exportateur mondial d’amande de cajou avec 450 000 tonnes expédiées pour une valeur de plus de $3 milliards, selon le président de l’Association de la noix de cajou du Vietnam (Vinacas), Phan Van Công » lit-on dans un article de Commodafrica.com.

« L’association ambitionne de porter ce chiffre à $4 milliards pour 2020 et pour ce faire veut accroître la qualité en édictant des critères nationaux de conformité de la noix de cajou brute importée. Avec les ministères de l’Agriculture et du développement rural, des Sciences et technologie, la Vinacas a mis en place un cadre juridique réglementant les critères nationaux de conformité de la noix de cajou importée au Vietnam (TCVN 12380-2018), qui permettra d’examiner, d’évaluer et de classifier les matières premières importées ainsi que de créer un cadre juridique pour traiter les litiges commerciaux, précise le Courrier du Vietnam » révèle Commodafrica.com.

Toute chose qui ne laisse pas indifférents les acteurs ivoiriens.

« Sur un total de 1,524 Mt de noix de cajou brute importées au Vietnam, 32% vient de Côte d’Ivoire, (en hausse de 29% par rapport à 2018), 14% du Ghana (+63%), 11% du Nigeria (+36%), 6% de Tanzanie (-29%) »,  précise Commodafrica.com.

Adam’s Régis SOUAGA

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