Il a souvent eu raison. De l’Algérie au « socialisme de gouvernement »,  il ne s’est pas trompé. Il a fait les bons choix, il a eu les bonnes analyses.

Il a fait accepter le marché aux socialistes français.

Il a été un grand dirigeant politique, influençant des générations de militants ou de citoyens.

Il a été un grand gouvernant, démontrant pendant trois années (1988-1991), à la tête du gouvernement français, son savoir-faire,  la justesse de ses analyses et de la méthode qu’il pouvait enfin mettre en œuvre.

Il a, pendant plusieurs décennies, été en haut de la liste de ceux que les français voulaient voir un jour à la tête de l’Etat.

Il était peu connu à l’étranger, mais c’était l’une des figures politiques françaises les plus importantes, les plus imposantes, de la seconde moitié du 20eme siècle.

Il était, Comme Mendès-France dont il s’est lui même inspiré, le promoteur du « parler- vrai », du « parler-juste ». Jusqu’au bout, sans tabou, il a dit ce qu’il pensait.

C’est lui qui m’a valu mon premier engagement politique.

C’est grâce à lui que, dans les années 90, j’ai côtoyé Manuel Valls, à l’époque leader des jeunes rocardiens. Nous avons cru en cet homme qui, toujours, s’est fait barrer la route par son grand rival au Parti Socialiste, le maître de la politique de ce temps, François Mitterrand. « Il m’a bouffé de l’espace », a-t-il dit un jour. C’est vrai.

Certes, il n’a pas pu accéder à la plus haute marche. Mais la bataille des idées, menée au sein de ce qu’on a longtemps appelé la « deuxième gauche », c’est lui, Michel Rocard, qui l’a gagnée.

Son héritage est immense : Sur le plan intellectuel d’abord. Homme d’idées, de réflexions, d’innovations. Avec son style, ensuite. Toujours privilégier le dialogue social; ne jamais cacher aucune vérité au peuple, même les plus désagréables, même sur les sujets les plus complexes. Tout était moderne en lui. Tout de lui résonne dans le monde contemporain, si difficile à diriger. Visionnaire, homme d’Etat…. Inspirant Monsieur Rocard.

 Hommage lui soit rendu.

Philippe Di Nacera 

Directeur de la publication