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Guillaume Soro : « Je suis dangereux »

Mis à jour le 6 janvier 2020
Publié le 01/01/2020 à 12:43 , ,

En parallèle de l’allocution présidentielle de fin d’année d’Alassane Ouattara, Guillaume Kigbafori Soro s’est exprimé en direct sur ses réseaux sociaux ce 31 décembre 2019 à 20h. L’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne avait promis de « gnangami*» (tout gâter). Il a en effet fait de surprenantes révélations sur fond de vœux pour la nouvelle année 2020.

Dans la forme, Guillaume Soro a fait preuve de retenue, sur « conseils de certains chefs d’Etat » a-t-il précisé. Mais sur le fond, la rupture est bel et bien consommée. La programmation de son allocution sonnait d’ailleurs déjà comme un défi à son mentor d’antan. Et les premières secondes de son discours ont donné le tempo. Après un  « Mes chers compatriotes », lancé sur un ton présidentiel, Guillaume Soro a tout déballé.

À l’origine de cette cabale selon lui, le pouvoir actuellement en place, qui, le jugeant dangereux pour la présidentielle 2020, chercherait à l’écarter par tous les moyens possibles. Mais l’ancien président de l’Assemblée ne pliera pas malgré « les acharnements contre sa personne et les siens » ainsi que la « hargne » et la « haine inexpliquée », du pouvoir. Guillaume Soro a révélé des actes graves ce soir, derrière lesquels se cacherait le pouvoir ivoirien : emprisonnement, épuration de ses collaborateurs, tentatives diverses d’assassinat et d’enlèvement contre sa personne, des proches ou encore certains militants de son mouvement politique. Le leader de Générations et peuples solidaires (GPS) assure que ses avocats et lui riposteront en engageant des poursuites judiciaires contre le pouvoir en territoires Ivoirien et Européen. Il se tient debout et ne fléchira pas parce qu’il est le « favori » du peuple Ivoirien, dit-il.

Dans la suite de son allocution, le député de Ferkessédougou explique que s’il fait ces révélations, c’est parce que la démocratie est en danger en Côte d’Ivoire. « Il est devenu périlleux d’être opposant en Côte d’Ivoire » commente-t’il. À ce titre, Guillaume Soro regonfle le moral de ses troupes et assure qu’il ira au bout de sa candidature aux élections présidentielles 2020, avant de revenir à la charge sur son mentor devenu rival. Sur la question d’un éventuel troisième mandat il déclare ADO, « en totale violation de la Constitution ».

Quant aux accusations contre sa personne pour tentative de coup d’Etat, Guillaume Soro dément fermement. « Jamais, je dis bien jamais, il n’a été question pour le candidat déclaré que je suis, de tenter une quelconque déstabilisation du pouvoir actuel ». L’ancien président de l’Assemblée nationale reconnaît son rôle à la tête de la rébellion en 2002 et prétend que le Gouvernement ivoirien affabule.  « Cela relève de complots dignes des Républiques bananières » lance t’il sur un ton sarcastique. Aussi, les enregistrements audio en possession des autorités Ivoiriennes auraient été sortis de leur contexte. Selon Guillaume Soro, ces « reliques » ne correspondraient pas à des écoutes téléphoniques et proviendraient d’une conversation datant de 2017, pour une affaire dans laquelle on l’a blanchi, à l’époque où les relations entre le président Alassane Ouattara et lui commençaient à se dégrader.

Enfin, au sujet de l’accusation de détournement des deniers publics, Guillaume Soro explique qu’il s’agit de l’achat d’une résidence effectué en 2008, sur « fonds de souveraineté », et que l’origine du problème serait l’existence de « trois engagements pris en 2006, en présence d’un ancien chef d’Etat et par la suite renouvelé devant un grand guide religieux Ivoirien ». Ces derniers n’auraient pas été respectés.

Pour Guillaume Soro, le peuple Ivoirien est assez mature pour se faire une nette opinion des enregistrements audio sur lesquels on l’entend clairement.  « Je vous laisse juge de la sincérité des deux versions qui sont servies. »

« On veut me faire la guerre avec la loi en se servant des juges. Ce mandat d’arrêt lancé contre moi est politique, injuste et infondé. Je confesse humblement que j’ai pu commettre des erreurs et des fautes, mais chaque pas que j’ai posé a été dans l’unique but de servir mon pays » a soutenu M.Soro.

Le lundi 23 décembre, Guillaume Soro, ancien chef de l’ex-rébellion ivoirienne des Forces Nouvelles, a été contraint de dérouter son vol privé sur Accra, au Ghana, avant de repartir pour l’Europe. Entre temps un mandat d’arrêt international a été lancé à ses trousses par les autorités judiciaires ivoiriennes.

Manuela Pokossy-Coulibaly

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