Société

Guézon, à la rencontre des victimes

Mis à jour le 30 décembre 2020
Publié le 30/12/2020 à 1:00 , , , ,

Six personnes tuées dont trois calcinées , plusieurs blessés, 36 maisons incendiées ou détruites, des biens pillés et de nombreux dégâts matériels. Tel est le bilan triste que dressent les autorités à l’issue de cette crise.  Des greniers entiers et des sacs de riz paddy et maïs brûlés. Des victimes rencontrées par l’équipe de reportage de 7info, n’en reviennent pas.

« J’étais à la maison quand les dozos sont venus dans la cour d’à côté. Prise de peur, j’ai fui pour me réfugier chez le voisin, un wobé qui vit avec nous au village. Je les voyais par la fenêtre casser la maison de mon père et y mettre le feu. Lui , Dieu merci, il a eu la vie sauve. Après ils sont partis et ont aussi mis le feu à ma maison. Tous les documents de mes parents, mes petits frères, mes enfants, mes affaires personnelles, l’argent que je gardais dans une caisse pour des projets d’agrandissement de mon commerce tout est parti en fumée. Je suis sortie pratiquement nue de ma maison. C’est difficile et je n’arrive pas à comprendre. Qu’avons-nous fait? À cause de la bêtise des autres, nous avons tout perdu« , raconte en sanglots une victime.

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Sohou Pauline, veuve et chef de famille, contient difficilement la douleur qui l’étreint. Son cousin de 18 ans est mort calciné,  ses biens pillés et ses maisons incendiées. « Je ne sais pas ce que je vais faire. Mon enfant est décédé dans les flammes.  Il a été calciné. Les gens sont venus avec des véhicules et ont pillé les maisons avant d’y mettre le feu. Ma fille étudiante qui est venue pour faire ses papiers a acheté de « l’akpi » de 150.000 francs pour revendre et continuer de payer ses études est en pleurs. Je suis veuve et c’est comme cela que je me débrouille avec ma fille pour aider les enfants à devenir quelqu’un demain. Ils ont mis tous les efforts de plusieurs années à l’eau. En plus,  la faim nous menace. Tous nos greniers sont partis en fumée », se lamente dame Sohou.

Guedohon Pascal est le porteur du masque sacré wê du village, silhouette frêle, les yeux rouges de colère, l’homme nous parle de la perte et de la profanation du  »Glaé », par les dozos. « Dans la chambre que je vous ai montrée se trouvait l’essence du peuple wê, à savoir le masque. J’en avais plusieurs ici, ils ont tout incendié. Pire, le plus grand camp des masques a été incendié. Pourquoi ? C’est grave ce qu’ils ont fait. On ne brûle pas un masque. On ne met pas le feu au sacré. C’est une dérive de trop. Nous attendons que tout se calme pour voir comment gérer cette affaire de « Glaé ». Nous sommes meurtris, surtout moi en particulier », fait savoir le président du conseil des chefs de Guézon.

Désespérée, la population appelle le gouvernement ivoirien et les cadres à l’aide. « Nous avons tout perdu. Les morts ne peuvent pas être réveillés. Que l’État nous vienne en aide pour que nous puissions reprendre nos petits commerces pour nous occuper de nos enfants », pleure Sohou Pauline. Les dozos quant à eux, demandent à l’État d’intervenir pour que la cohésion sociale revienne. « Nous n’avons pas où aller. Quand nous arrivons même chez nous au Nord, on nous appelle des étrangers. Guézon est tout pour nous. Si nous détruisons Guézon, c’est notre souvenir et l’avenir de nos enfants que nous aurons détruits ainsi. Le mal est déjà fait, nous demandons au gouvernement de tout mettre en œuvre pour que nous continuions à vivre comme par le passé« , indique le porte-parole de la communauté allochtone.

Olivier Dan envoyé spécial à Guézon

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