Côte d’Ivoire

Exclusif / Violations des droits de l’homme- La gendarmerie de Biankouma séquestre un chauffeur pendant 3 jours

Mis à jour le 8 juin 2018
Publié le 03/05/2018 à 4:23 , ,

Les pieds et les mains menottés, Camara Sandissy aura passé trois jours de souffrance dans les conditions inhumaines à la brigade de la gendarmerie de Biankouma. Ce malgré son innocence.

On me reproche avoir cogné un agent des services des Eaux et Forêts. Ce qui n’est pas vrai. Et pour cela j’ai passé trois jours dans la chambre de sûreté les pieds et les mains menottés》,dénonce Camara Sandissy, chauffeur de gros camion. Qui de façon plus explicite raconte les faits tels que déroulés depuis le lundi 30 avril dernier.

Je revenais de Man,quand je montais la côte mon radiateur m’a signalé. Je me suis débrouillé et juste après le carrefour Gbombélo vers Kandopleu, je cherchais un lieu de stationnement pour mettre l’eau dans le radiateur. Quand je cherchais à garer sur l’intersection, un agent des Eaux et forêts à moto m’a dépassé. Un massa a suivi. Quand j’ai fini de mettre l’eau dans mon radiateur, reprenant la route, j’ai aperçu le massa en train de dévier quelque chose couchée sur la route. J’ai fait la même chose. Quand je me suis approché, en regardant j’ai vu un homme en uniforme et un pistolet automatique près de lui. Pour éviter tout problème, j’ai continué ma route》, raconte Camara Sandissy. Sans penser à des représailles, l’homme continue son chemin tranquillement jusqu’à Foungbesso dans la région du Bafing.

J’ai continué mon chemin et j’ai même dépassé une voiture verte d’une auto-école. Je me suis dit certainement que le chauffeur a du voir un peu ce qui s’est passé exactement. Je suis parti et comme à Foungbesso, j’ai l’habitude d’acheter de la viande de brousse, j’ai marqué une halte. C’est en ce moment qu’un agent des Eaux et forêts m’a accosté en me posant ainsi la question. « Mon petit ça va? Tu n’as pas touché quelqu’un? » J’ai répondu par la négative. Il m’a demandé de le suivre à la brigade de gendarmerie de Biankouma. Arrivé sur place, j’ai été entendu et j’ai dit ce que j’ai vu. J’ai cité ceux qui étaient devant moi à savoir la voiture de l’auto-école et le massa dont mes apprentis ont pris le soin de prendre le numéro》, relate-t-il.

Après sa déposition, Camara Sandissy, est jeté dans la chambre de sûreté avec menotte aux poignets. Le commandant de brigade fait venir le responsable de l’auto-école qui donne sa version qui innocente le chauffeur. Mais, le conducteur est toujours gardé au bon vouloir du Commandant de la brigade de gendarmerie de Biankouma. 《Les deux chauffeurs qui étaient devant moi sont venus témoigner en ma faveur. J’ai pensé que j’allais être relaxé. Que non! Je passe deux premiers jours dans la chambre de sûreté dans les conditions très difficiles avec les mains toujours liées. L’odeur de la cellule me fatiguait trop car j’ai un problème de cœur. Le troisième jour quand je l’ai signifié au commandante brigade, il m’a mis dans une chambrette. Et cette fois-ci, ils ont mis des menottes sur mes pieds et mes mains. En plus de cela, il m’ont attaché avec une chaîne, pour disent-ils m’empêcher de fuir》, poursuit Sandissy Camara. Qui entre-temps, a pris le soin d’appeler un parent qui lui conseille d’appeler le syndicat des transporteurs pour qu’il intervienne. Les responsables syndicaux débarquent à Biankouma, mais ils se heurtent à la fougue des hommes de la maréchaussée qui soutiennent avoir la pression de leurs frères d’arme des Eaux et forêts.

Le mercredi 2 mai à 17 heures le chauffeur est libéré. 《Nous sommes dans cette confusion quand le soir à 17 heures le commandant de brigade m’a appelé pour me dire que je suis innocent et que je suis libre. Ils m’ont maltraité comme si j’étais un vulgaire criminel. Menottes aux pieds et aux mains sous le honteux prétexte que je vais m’évader. Je leur ai dit tout pour me laisser libre. Mais, ils voulaient à tout prix me faire du mal. Ce qu’ils ont réussi à faire même》, se désole Camara Sandissy.

Une action des gendarmes que comprend mal Oulaï Dominique, moniteur d’auto-école et témoin oculaire de la chute fatale de l’agent des Eaux et forêts. 《Le gars est tombé tout seul. Personne ne l’a percuté. Je l’ai vu dans mon rétroviseur, rentrer dans la broussaille et revenir tomber sur la route avec la moto. Je me demande bien s’il n’était pas ivre cet agent. Je ne sais pas mais, j’ai tout dit à la gendarmerie. J’ai écrit, eux-mêmes ont enregistré ma déposition dans laquelle, j’ai indiqué que le mec est tombé tout seul. J’ai été fort étonné que le chauffeur mis en cause passe des jours dans les locaux de la gendarmerie dans des conditions inhumaines. C’est ça notre pays; quand tu parles, il faut faire attention. J’ai même peur pour moi en vous relatant tout ce que j’ai vu》, laisse entendre Oulaï Dominique. Dans la matinée de ce jeudi  3 mai, PoleAfrique.info a joint le commandant de brigade qui a indiqué se référer à sa hiérarchie avant toute intervention dans la presse. Toutes nos tentatives de rentrer en contact avec lui se sont avérées infructueuses jusqu’à ce moment. Juste pour savoir si la hiérarchie lui avait accordé le droit de justifier le maintien dans les conditions décrites, du chauffeur Camara Sandissy.

En vérité, il aura fallu selon les informations de PôleAfrique.info, la ferme et énergique intervention d’un magistrat du tribunal, dénonçant cet état de fait, pour que le jeune chauffeur de Man soit libéré. Une tâche bien sombre sur le tapis des droits de l’homme en Côte d’Ivoire. D’ailleurs le ministre de la Justice a instruit les services de sécurité et de justice, de veiller au respect des droits de l’Homme.
Olivier Dan, Correspondant Ouest
Source: rédaction PôleAfrique.info

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