Société

Éducation, Daoukro en route pour une année blanche ?

Mis à jour le 27 novembre 2020
Publié le 27/11/2020 à 2:05 , , ,

Voilà plus d’un mois que l’école est fermée à Daoukro. Après les affrontements intercommunautaires, dans cette cité, les élèves sont aux abonnés absents dans les salles de classe. Une absence qui risque de mettre en péril cette année scolaire.

À quand la reprise effective des cours à Daoukro ? Depuis le vendredi 23 octobre, date du début des congés de la Toussaint, les salles de classe et leur table bancs attendent toujours le retour des élèves.

Fief de l’opposition, Daoukro est en proie à des troubles sociaux politiques depuis le mois d’août 2020, début des manifestations contre le 3e mandat d’Alassane Ouattara. Des conflits entre partisans d’Henri Konan Bédié et du président ivoirien sont fréquents. Conséquence, la période de la mi-septembre à début octobre qui devait être consacrée aux révisions pour rattraper les quatre mois perdus au cours de l’année scolaire 2019-2020 à cause de la pandémie de la Covid-19 n’a malheureusement pas servi.

« Depuis le mois de septembre, l’école est sérieusement perturbée ici à Daoukro. L’opposition a de nombreux partisans et ces derniers obéissent à la lettre à tous les mots d’ordre lancés par leurs différents leaders. Malheureusement, c’est l’école qui est la plus grande victime des choix des politiques. C’est nous qui prenons toujours les pots cassés« , déplore Anne-Marie Kouamé, lycéenne inscrite en classe de Première C au lycée Henri Konan Bédié de Daoukro.

Lorsque l’école n’est pas perturbée par des troubles politiques, c’est parfois des élèves qui vont déloger leurs camarades. Le 24 novembre, Aka Sonoh Julie, préfet du département de Daoukro ayant fait le constat que l’école n’avait pas rouvert ses portes le lundi 16 novembre, date de reprise des cours après les congés de la Toussaint, est monté au créneau. Suite à une rencontre avec les acteurs de l’éducation, il a été décidé de la réouverture des salles de classe le 24 novembre. Cette noble initiative n’étant pas du goût de certaines personnes, des apprenants issus du lycée Aimé Henri Konan Bédié ont délogé leurs camarades des autres établissements scolaires de la ville.

« Nous étions en plein cours d’allemand quand des élèves du lycée Bédié sont venus nous déloger à l’aide de sifflets. Par peur de représailles, personne n’a osé s’opposer à eux », explique Fatoumata K. élève en classe de 3e au collège Moahé. Cette collégienne fréquente un établissement privé et, les membres du personnel font tout pour le retour à la normale.

« Hier (NDLR Jeudi 26 novembre), nous étions chez le chef de Daoukro. Aujourd’hui nous irons chez le chef de la communauté malinké. Nous avons expliqué à tous que l’école n’a rien à voir avec la politique. La perturber, c’est troubler l’avenir de nos enfants. Ils nous ont compris aujourd’hui nous avons pu rouvrir et à présent tout se passe bien à notre niveau », explique Sylvain N’Guessan, directeur des études au collège Moahé. Ce qui n’est pas le cas dans les autres écoles qui restent encore fermées.

Un autre hic, la date butoir du dépôt des dossiers pour les élèves en classe d’examen est fixée au 11 décembre 2020, alors que l’immense majorité des candidats au CEPE, BEPC, BAC n’a pas encore fourni leurs dossiers de candidature. Une situation qui si elle n’est pas réglée dans le temps pourrait causer préjudice à des milliers de candidats.

Faut-il craindre une année blanche ?

Pendant que les programmes scolaires suivent leur cours dans les autres villes de la Côte d’Ivoire, Daoukro est considérablement en retard. L’école n’a véritablement pas commencé alors que cela fait deux mois que la rentrée des classes est effective sur toute l’étendue du territoire national. Doit-on craindre une année blanche pour cette ville dont le lycée Henri Konan Bédié figure parmi les établissements scolaires de Côte d’Ivoire où le taux d’admis aux examens et concours est l’un des plus élevés du pays ? Selon Andjou Andjou, secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement primaire public de Côte d’Ivoire (SYNEPPCI), il est encore trop tôt pour parler d’année blanche concernant Daoukro.

« Parler d’année blanche à Daoukro, c’est encore trop tôt. Sachez que seul le ministère de l’Éducation nationale et de l’Enseignement technique peut en décider. Même si les programmes ne sont pas terminés, le ministère peut utiliser les vacances scolaires pour rattraper le temps perdu. Croyez-moi tout sera fait pour que les enfants de Daoukro reprennent le chemin de l’école, c’est dans l’intérêt de toute la nation », commente-t-il.

Espérons que l’avenir lui donnera raison.

Arnaud Houssou
7info.ci

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